L'expression «le calme avant la tempête» semble avoir été inventée pour la mise au vert du staff et des joueurs du FC Sion ce vendredi à Loèche. Quelques amateurs jouent au golf sans faire de bruit, mis à part celui feutré des balles fendant l'air haut-valaisan, des promeneurs préparent leur randonnée de l'après-midi et... c'est à peu près tout signe de vie qui entoure Timothy Fayulu et ses coéquipiers au Golf Resort, ce joli hôtel très confortable de la commune valaisanne.
Un cortège depuis la place du Midi, puis le feu au stade
«On est zen», sourit Didier Tholot, qui sait que l'ambiance va fortement contraster avec ce qui attend Valaisans et Tessinois demain. Bien avant le coup d'envoi, fixé à 20h30, l'atmosphère sera brûlante à Tourbillon, où le Gradin Nord prépare un accueil enflammé au car de ses joueurs, une heure et demi avant le match. Les ultras valaisans partiront en cortège depuis la place du Midi, puis arriveront au stade bien avant l'heure du coup d'envoi afin de faire grimper la température. Didier Tholot lui-même a parlé «d'ébullition», un terme qui convient sans doute parfaitement à ce que sera l'enceinte sédunoise samedi soir.
En chiffres? 15'000 spectateurs, soit un stade à guichets fermés. «On aurait pu être 25'000...», glisse un collaborateur du FC Sion. Pour ceux qui viendront au stade sans billet, des écrans géants seront d'ailleurs installés à l'extérieur du stade.
Même les places les plus chères ont été prises d'assaut, vu que 353 personnes sont inscrites à la fondue chinoise d'avant-match et que l'espace «Les Murailles de Tourbillon» ne suffira pas. Les secteurs VIP du stade accueilleront donc une partie des convives de cette fondue chinoise...
«Le public a envie de soutenir ce groupe»
«Le public a envie de soutenir ce groupe, parce qu'il se reconnaît dans ses valeurs», apprécie Didier Tholot, le grand artisan du succès sportif du FC Sion cette saison. Le technicien espère que cette ferveur aura pour effet de tétaniser «Il grande Lugano», dont les joueurs ne s'attendent peut-être pas à ce qu'ils s'apprêtent à vivre ce samedi.
«Si je me mets dans la peau de notre adversaire, je me dis que ce n'est pas forcément facile d'aborder ce match. L'engouement qu'il y a à Sion, tu ne l'as peut-être pas ailleurs...», glisse Didier Tholot, rejoint par Numa Lavanchy, ancien joueur du FC Lugano.
«Ce sera un déplacement compliqué pour eux, je ne suis pas sûr qu'ils soient contents de venir à Tourbillon», assure le latéral droit, lequel, tout comme son coach, tient cependant à affirmer que le favori est Lugano et personne d'autre.
«Est-ce que Sion est favori? Non»
«Il y a deux choses différentes. Est-ce que Sion est favori? Non. Pas du tout. Et vous ne trouverez personne au sein du club qui le dira. Après, la deuxième question, c'est: est-ce qu'on peut le faire? Et là, la réponse est oui. Le groupe est conscient de l'enjeu, mais je nous sens relâchés et déterminés. Il va falloir sortir un grand match, tout le monde le sait. Avant d'éliminer YB, on ressentait une certaine sérénité, la même qui nous habite aujourd'hui», explique Numa Lavanchy.
Pour Didier Tholot, justement, la clé sera de trouver le bon équilibre entre détermination et relâchement. «On joue la meilleure équipe du pays depuis six mois, aucun doute. Ils en sont à 9 victoires et 1 nul. Même s'ils ne sont pas toujours flamboyants, ils ont besoin d'un centre ou d'un tir pour marquer. Nous, on est très conscients de la qualité de Lugano, deuxième de Super League. Je sais que tout l'entourage du club attend un exploit et ne se rend pas forcément compte de la différence entre eux et nous, qui est pourtant bien réelle. Depuis les dernières semaines, les gens ne me parlent que de la Coupe, pas du championnat. Je sais que Sion c'est la Coupe. On est capables de créer l'exploit. Mais on devra faire un grand match.»
Nyon-Thoune samedi? Ce n'est pas la question du jour
Sion vient pourtant de vivre une cruelle déception en championnat, en s'inclinant 1-0 à Thoune. Ce revers peut-il amoindrir la confiance de l'équipe avant cette demi-finale explosive? «Après Thoune, il a fallu bien récupérer et évacuer la frustration du match», admet Didier Tholot, lequel fait bien la différence entre la Coupe et le championnat et ne veut pas mélanger les deux compétitions. Ainsi, à 18h samedi, Nyon affronte Thoune et le résultat de cette rencontre aura un vrai impact sur la lutte pour la montée en Super League, mais le coach assure qu'il ne donnera pas le résultat aux joueurs. «J'y jetterai sans doute un oeil, mais donner l'information aux joueurs n'a aucun intérêt», balaie-t-il.
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Son travail psychologique est clairement identifié: que ses joueurs soient à bloc au coup d'envoi. «Ils ne doivent pas être prêts 45 ou 30 minutes avant le début, mais débuter le match au coup d'envoi», explique-t-il, conscient qu'il y a un risque que ses joueurs «jouent le match dans leur tête» avant que la partie ne débute, ce qui serait une très mauvaise chose en termes d'influx nerveux. Surtout, il ne veut pas avoir 11 joueurs concernés, mais tout un groupe. «Ceux qui commencent comme ceux qui vont entrer doivent être dans le bon état d'esprit», appuie-t-il, alors qu'il devra trouver des solutions pour remplacer Théo Bouchlarhem (suspendu) et Kevin Bua (sans doute blessé jusqu'à la fin de la saison).
Qui sur l'aile gauche?
S'il ne fait guère de doute que Sion jouera en 4-2-3-1, son système habituel cette saison, qui remplacera donc ces deux titulaires? Pour le poste d'ailier, Cristian Souza, Liam Chipperfield et Georgi Rusev sont en compétition, à moins qu'une immense surprise se dessine en la personne de Nias Hefti, Jan Kronig prenant alors la place de latéral gauche. Théo Berdayes, lui, devrait être titulaire sur l'autre flanc, soit à gauche, soit à droite.
Pour le double-pivot devant la défense, il apparaît assez clair que Baltazar et Ali Kabacalman seront associés.
Comment remplacer l'indispensable Kevin Bua, l'homme qui fait le lien entre la défense et l'attaque et qui réalise une grande saison? La réponse est «individuelle et collective», pour Didier Tholot. «Chacun doit élever son niveau personnel. Ce que j'attends de ceux qui ont le moins de temps de jeu et qui entrent dans l'équipe ou qui entrent en cours de match, c'est qu'ils jouent sur leurs qualités et qu'ils en fassent profiter l'équipe.»
Sion s'entraînera vendredi après-midi à Tourbillon, avant de bien dormir et de faire monter la pression gentiment samedi dans la journée. «Le président va certainement parler un petit peu. Il est habitué à la Coupe...», sourit Didier Tholot, bien conscient qu'il s'agit là d'un passage obligé pour l'effectif.
Comme contre GC et YB, Didier Tholot a un plan
Le coach, lui, va également apporter son savoir-faire dans un domaine bien précis, dans lequel il excelle: l'analyse de l'adversaire. Contre GC en 16es comme contre YB en quarts, Didier Tholot avait identifié des faiblesses chez l'adversaire et appuyé là où ça faisait mal. En sera-t-il de même contre Lugano? «On les a étudiés, bien sûr», répond-il. Son verdict? «Il y a une ou deux choses sur lesquelles on travaille. Mais je ne vais pas vous dire lesquelles.» Rendez-vous après le match pour savoir si Sion a fait tomber sa troisième équipe de Super League cette saison. Et atteint sa 15e finale de Coupe de Suisse.