Depuis qu'il a été offert à Messi
Les fans et les badauds se ruent pour acheter un «bisht»

Depuis que l'émir du Qatar a placé un manteau traditionnel arabe noir et or sur les épaules du frais champion du monde argentin Lionel Messi dimanche, le magasin d'Ahmed Al Salim ne désemplit pas.
Publié: 20.12.2022 à 18:27 heures
Lionel Messi reçoit son Bisht avant de brandir le trophée de la Coupe du monde.
Photo: Martin Meissner

Son entreprise familiale, installée dans le populaire souk Waqif de Doha, a fabriqué le «bisht» que Messi portait quand il a soulevé le trophée en mondovision, déclenchant une pluie de commentaires, certains se demandant si le geste était approprié.

En temps normal, l'échoppe, qui fournit de longue date la famille royale du Qatar, vend huit à dix vêtements par jour. Lundi, les ventes ont grimpé à 150 exemplaires, dont trois similaires au manteau haut de gamme porté par Messi, en coton du Japon et fil d'or allemand, d'une valeur de près de 2000 euros.

Un flot continu de fans

«À un moment donné, il y avait des dizaines de personnes qui attendaient devant le magasin. Presque tous des Argentins», raconte Al Salim à l'AFP, les yeux sur huit supporters des nouveaux champions du monde se prenant en photo vêtus d'un bisht, une copie du trophée entre les mains.

Un flot continu de fans entrait encore dans sa boutique mardi, tous saluant le geste de l'émir. «Nous avons tous été heureux de voir ça, c'était un cadeau d'un roi à un autre», commente Mauricio Garcia, venu essayer le vêtement, mais finalement dissuadé par son prix.

Certains commentateurs européens ont estimé que le dirigeant qatari n'aurait pas dû couvrir le maillot de Messi pour la remise du trophée, mais le geste a été salué sur les réseaux sociaux arabes.

«Quand un cheikh habille une personne d'un bisht (traditionnellement porté par les hommes lors des mariages, des remises de diplômes et des événements officiels dans de nombreux pays du Golfe, ndlr), cela signifie l'honorer et apprécier», explique Al Salim.

«Du point de vue de la communication, ça va être hyper important parce qu'on sait à quel point ces photos sont conservées et rediffusées, note pour sa part Carole Gomez, doctorante en sociologie du sport à l'Université de Lausanne. C'est de ça dont on se souviendra.»

«Nous ne savions pas pour qui étaient les vêtements»

Al Salim a regardé l'Argentine battre la France dans un café près de son magasin après avoir remis au comité d'organisation du Mondial deux manteaux faits à la main, aux mensurations du petit Argentin et du capitaine français Hugo Lloris.

«Nous ne savions pas pour qui ils étaient et j'étais abasourdi» en voyant Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani en couvrir les épaules de Messi, confie-t-il à l'AFP.

Les membres du comité d'organisation du Mondial qui lui ont passé commande «voulaient le tissu le plus léger et le plus transparent possible. J'ai été surpris, car nous sommes en hiver, donc il me semble que le but était de laisser voir le maillot argentin et non de le couvrir», ajoute le commerçant.

Employant une soixantaine de tailleurs, Al Salim est le plus grand d'environ cinq fabricants de bisht au Qatar.

Il faut environ une semaine pour concevoir chacune de ses pièces, fruits d'une réalisation en sept étapes au cours desquelles différents ouvriers brodent au fil d'or le col et les bras.

(ATS)

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