Mercredi, Pierluigi Tami, directeur de l’équipe nationale, recevait la presse au siège de l’Association suisse de football (ASF) pour lancer l’année 2023. Pour vous, comme pour moi, la précédente porte encore la trace profonde de la gifle du 6 décembre. Il existe un risque, à ne pas sous-estimer, de voir le fantôme de Lusail et de certaines déclarations – parfois virulentes après-match – hanter le vestiaire suisse pour le début de la prochaine campagne.
Pierluigi Tami ne partage pas cette inquiétude. On lui accorde volontiers l’argument selon lequel les joueurs professionnels ont l’habitude de tourner la page, notamment ceux qui sont rompus à l’enjeu et au rythme frénétique des grands championnats.
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Des innovations qui n'en sont pas
Amené à se pencher sur les enseignements de la Coupe du monde, Pierluigi Tami a admis de manière candide qu’il y avait des progrès à faire en termes de suivi physique et nutritionnel des joueurs, pendant et après les rassemblements. Un aveu pour le moins étonnant en 2023, tant ces aspects sont désormais au cœur de toute organisation sportive de pointe qui se respecte.
Le départ du préparateur physique de l’équipe nationale Olivier Riedwyl a été annoncé cette semaine. Son remplaçant, dont le nom n’est pas encore connu, assurera à plein temps le suivi des internationaux suisses. Ce qui n’était pas le cas jusque-là. Avec 13 millions de dollars de prize money reçus pour l’accession en huitièmes de la Coupe du monde, l’investissement semble dans les cordes de l’ASF.
Des choix pas remis en question
Ce que l’on a compris aussi, car la question a été posée, c’est que l’année 2022 a encore renforcé la position de Murat Yakin aux yeux de Pierluigi Tami. Le maintien dans la ligue A de la Ligue des nations, le parcours à la Coupe du monde, la 12e place au classement FIFA, sont les arguments déployés pour balayer tout débat. On ne remet pas en question les choix d’effectif, de système et de coaching effectués par le sélectionneur au Qatar.
L’une des grandes chances de Murat Yakin est de pouvoir compter sur un noyau de leaders hors norme pour notre pays. Ils sont titulaires au Bayern, à Manchester City, à Arsenal. Jamais dans l’histoire de l’équipe nationale, il n’a été possible d’écrire une phrase pareille. Granit Xhaka, désigné «Joueur suisse de l’année 2022», est au sommet avec Arsenal. Et dire qu’il y a trois ans, le Bâlois était désigné bouc émissaire d’une équipe londonienne qui suscitait les moqueries.
Xhaka, capitaine idéal
Parce qu’il sait ce que signifie tomber au plus bas et s’en relever, parce qu’il a le soutien inconditionnel de ses coéquipiers, parce que personne n’a oublié son leadership lors de Suisse – France en 2021, parce que le brassard qu’il porte est le prolongement naturel du rôle qu’il a sur le terrain, Granit Xhaka est le capitaine idéal pour permettre à l’équipe de Suisse de tourner la page. Murat Yakin a de la chance de l’avoir.