Chronique de David Lemos
Les Romands doivent arrêter de pleurnicher

Chroniqueur pour Blick, le journaliste de la RTS David Lemos estime que le football romand doit d'abord balayer devant sa porte.
Publié: 11.11.2022 à 09:33 heures
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Dernière mise à jour: 12.11.2022 à 10:52 heures
Christian Constantin en est persuadé: les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour les Alémaniques et les Romands dans le football suisse.
Photo: AFP

Naïf que je suis, je m’étais dit que cette semaine l’actualité football, et c’était déjà pas mal, se résumerait à la liste de Murat Yakin et au vote crucial sur l’avenir de notre championnat d’élite. Faux!

Mario Balotelli, puis Christian Constantin, se sont chargés de ramener sur la table le vieux dossier de «l’anti-romandisme» présumé de nos instances et de nos arbitres. Logiquement, la presse s’en est fait l’écho, puis se sont enchaînés témoignages, sondages, menaces. Comme un refrain que beaucoup de nos dirigeants ont pris l’habitude d’entonner en canon.

Tout le monde contre les Romands?

Cette fois-ci, et comme souvent ces dernières années, il est parti du Valais, avec ma foi des arguments vidéo plutôt parlants, venus en renforts de la force de frappe incomparable dans notre pays du compte Instagram de Mario Balotelli, plus de 10 millions d’abonnés. Alors, anti-romands les arbitres suisses?

Et d’ailleurs, puisqu’on y est: anti-romands les clubs alémaniques de Swiss Football League qui dans leur grande majorité veulent revenir sur l’instauration des play-off alors que les Latins veulent les garder? Anti-romand Murat Yakin qui ne prendra au Qatar ni Jordan Lotomba, ni Kevin Mbabu, ni Kastriot Imeri, ni Dan Ndoye, ni Andi Zeqiri, ni Zeki Amdouni?

Bourbines contre Welsches

À mon sens, ça fait un peu trop de monde pour un complot. Je sais bien que de nos jours certains ne sont plus à une machination à grande échelle près, mais non, je ne pense pas que les «bourbines» aient décidé de s’entendre pour pourrir la vie aux «Welsches».

Ne serait-ce que parce que le chef des arbitres suisses est un Vaudois, que la Swiss Football League à majorité alémanique a déjà adopté une Super League à 12 qui représente surtout une ouverture sur la Romandie.

Le foot romand: 20 ans de quasi-misère

Murat Yakin n’a pas eu peur de convoquer un Valaisan qu’il n’a jamais eu sous ses ordres auparavant. On peut s’étonner de l’un ou l’autre de ses choix pour la Coupe du Monde (où sont les latéraux?) mais on ne peut l’accuser d’avoir une dent contre les Romands.

La dure réalité, c’est que sur un terrain comme ailleurs, personne n’aime les pleurnicheurs. Et que la situation dans laquelle se retrouve le foot romand aujourd’hui est le fruit de 20 ans de quasi-misère. Depuis 2007, une seule équipe francophone a terminé dans le tiercé de tête de Super League. Le dernier champion remonte à 1999, le dernier dauphin à 2000. Au siècle dernier.

Une question de statut

Le mauvais traitement dont on se plaint de ce côté de la Sarine n’est pas une question de langue, mais de statut. Des études l’ont prouvé, les arbitres traitent inconsciemment les petits moins bien que les grands. Mario Balotelli est bien placé pour le savoir, il a été des deux côtés: à l’Inter, à Manchester City, à Liverpool et à Milan, mais aussi à Nice ou à Adana Demirspor plus récemment, deux lieux où il s’en est pris durement à l’arbitrage.

Je suis le premier à trouver que le FC Sion s’est retrouvé plus souvent qu’à son tour ces derniers temps du mauvais côté des absurdités qu’induit la VAR. Que le niveau de l’arbitrage est parfois faible en Swiss Football League. Et même que la présence, l’influence, la mentalité romande, appelez ça comme vous voudrez, ne cesse de faiblir à tous les étages du football suisse. Deux décennies de mauvais résultats et de politiques sportives défaillantes, ça a des conséquences profondes.

Pour changer ça, il n’y a qu’une seule méthode quand on part de plus loin: travailler, en silence, plus et mieux que les autres. Demandez à Edimilson Fernandes.

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