Jamais dans son histoire, l'équipe de Suisse ne s'est séparée d'un sélectionneur après une qualification réussie. Murat Yakin le sait, probablement, et il a rappelé plusieurs fois mardi à Bucarest qu'il avait «rempli sa mission», à savoir qualifier l'équipe de Suisse pour l'Euro. Son contrat a été prolongé et il a même été question, déjà, de le sécuriser au-delà de 2024. Quelle serait en effet l'autorité d'un sélectionneur dirigeant une équipe à l'Euro alors que tout le monde sait déjà qu'il ne serait plus en poste le jour suivant l'élimination?
L'ASF ne se trouve pas devant un choix simple. Disons-le clairement: la situation est même compliquée, car se séparer de Murat Yakin aujourd'hui marquerait une rupture avec la «voie helvète», et engendrerait de plus un certain coût financier, ce qui peut également être un axe de réflexion. Et, dans le même temps, il apparaît très risqué de se présenter avec lui à l'Euro au vu de ce que son équipe montre... ou plutôt ne montre pas.
«J'avais dit que pour la première fois dans l'histoire la Suisse était clairement le favori numéro 1, de son groupe de qualification. Nous pouvons dire aujourd'hui que nous n'étions pas prêts à assumer ce rôle», a reconnu Pierluigi Tami après la défaite de Bucarest.
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Le contraste entre la Suisse du début des qualifications et celle qui n'a gagné qu'un seul de ses sept derniers matches (!) est affolant et les choses ne peuvent tout simplement pas rester ainsi. «Nous devons procéder à une analyse. Murat a un contrat, j'attends également son analyse et son avis, savoir ce qu'il doit changer pour préparer l'Euro», a enchaîné Pierluigi Tami, lequel a un avis plus nuancé que Dominique Blanc sur la question.
Dominique Blanc soutient son sélectionneur
Le président de l'ASF a en effet assuré Murat Yakin de son plein et entier soutien, lui assurant qu'il serait le coach à l'Euro, son contrat étant en vigueur et l'ASF entendant bien le respecter. «C'est un monsieur, un grand président comme tout sélectionneur peut en rêver», s'est réjoui Murat Yakin, très heureux de ce soutien.
Le sélectionneur national va cependant devoir procéder à son autocritique et, sans doute, convaincre Pierluigi Tami qu'il est la bonne personne pour remettre l'équipe de Suisse dans le bon sens. Au-delà des résultats, la cote d'amour et l'image de l'équipe nationale sont au plus bas dans l'opinion publique et il s'agit également de la responsabilité de Murat Yakin, lequel incarne par son statut de sélectionneur le visage du football suisse. Et c'est peu dire qu'il n'a pas bonne mine en ce moment.