La Suisse peut être jalouse
La Roumanie, elle, aime son équipe nationale

Une belle euphorie s'est emparée du pays lors de cette campagne de qualification. La Roumanie a retrouvé l'espoir, emmenée par une génération très prometteuse. La grisaille suisse, en face, a de quoi inquiéter.
Publié: 21.11.2023 à 16:23 heures
Le peuple roumain vibre à nouveau pour son équipe nationale.
Photo: Getty Images
Blick_Tim_Guillemin.png
Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

En entrant dans la «Maison du football roumain», juste à côté de l'imposante Nationala Arena de Bucarest, le visiteur est captivé par un grand mur retraçant les grandes lignes du football «tricolore». La victoire du Steaua Bucarest en Coupe d'Europe des clubs champions en 1986 figure en bonne place, l'épopée de la bande de Gheorghe Hagi jusqu'en quarts de finale de la Coupe du monde 1994 également.

Plus récemment, la Roumanie a pu organiser l'Euro 2021, en partie, mais aussi l'Euro espoirs 2023, en collaboration avec la Géorgie, mais la réalité des faits est que les Roumains n'ont plus participé à une Coupe du monde depuis... 1998 (!) et que leur dernier passage à un Euro, en 2016 en France, est facilement oubliable.

La qualification obtenue samedi en battant Israël a déclenché une vague d'euphorie dans tout le pays, ce qui a évidemment ravi les joueurs et le staff de l'équipe nationale, le sélectionneur Edi Iordanescu en tête. Celui-ci estime que l'état d'esprit affiché par son groupe est une explication à cette cote d'amour, laquelle va bien au-delà des résultats.

Un nouvel entrant doit être validé par le groupe

«Nous avons créé un groupe fantastique. Nous prêtons attention à tout, et nous convoquons un joueur s'il fait preuve de valeur, de continuité et de caractère. Désormais, un joueur passera non seulement par mon filtre, mais aussi par celui du groupe. Si le groupe ne le valide pas, il n'entrera pas. Un joueur prétendant à nous rejoindre doit faire preuve de caractère, de détermination et d’amour pour le pays et l’équipe nationale. Sinon, il en sortira probablement», a détaillé le sélectionneur à la veille d'affronter l'équipe de Suisse, mardi, dans une Arena Nationala qui sera pleine à craquer (50'000 spectateurs). 107 journalistes et 50 photographes sont accrédités, ce qui en dit également très long sur l'intérêt que suscitent ces «Tricolorii»!

50'000 spectateurs seront présents ce mardi à l'Arena Nationala de Bucarest.
Photo: AFP

Un passage au fan shop officiel de l'équipe nationale, dans le Mega Mall situé à 200 mètres du stade suffit à s'en convaincre. Les produits s'arrachent, les maillots comme le reste, et Mihai, venu avec son papa en ce mardi après-midi, s'en va avec tout l'attirail du supporter. Il ne sera pas au stade le soir, le coup d'envoi de la partie étant donné à 21h45, heure locale, mais qu'importe: il a des raisons d'être fier de son équipe nationale et tant pis s'il n'arrive pas à choisir un joueur préféré.

La Roumanie tout entière vibre autour de son équipe nationale, laquelle a été fortement rajeunie ces dernières années. Les M21, demi-finalistes de l'Euro en 2019, ont pris le pouvoir et cette génération épatante, si elle n'a pas encore réalisé le dixième de ce qu'ont réussi Gheorghe Hagi, Miodrag Belodedici, Marius Lacatus ou, un peu plus tard, Adrian Ilie, a réussi à rendre fier à nouveau le peuple roumain, sevré d'émotions fortes depuis trop de temps. 

Du caractère et du talent, le duo gagnant

Il y a toujours eu de très bons joueurs en Roumanie, comme Christian Chivu ou Adrian Mutu, mais cette équipe-là dégage une vraie unité et une force collective qui plaît, à l'image de ce qu'elle a montré à Lucerne où, ultra dominée par une Suisse bien meilleure, elle est revenue de 2-0 à 2-2 dans les arrêts de jeu. Du caractère, de l'ambition et la volonté de ne jamais s'avouer vaincus: ces Roumains de 2023 sont épatants et donnent envie d'être aimés. Et, évidemment, ils ne sont pas dénués de talent, à l'image de Ianis Hagi, Florinel Coman et d'Olimpiu Morutan, pour ne citer que ces trois-là.

Le contraste est évidemment saisissant envers l'atmosphère entourant aujourd'hui l'équipe nationale suisse, alors que celle-ci vient de se qualifier pour son sixième grand tournoi consécutif! Les résultats roumains et helvètes sont en effet sans commune mesure, mais les dynamiques ne seront pas les mêmes au moment où les deux équipes vont entrer sur le terrain ce mardi.

Et dire qu'il y a à peine deux ans, la Suisse signait l'un des plus grands epxloits (le plus grand?) ici même à Bucarest en éliminant la France en 8es de finale de l'Euro...

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la