L’égalité salariale entre femmes et hommes était l’une des principales revendications de la récente grève du 14 juin dans notre pays. Un thème qui est aussi au centre des discussions dans le football pour les équipes nationales, alors que l’Euro féminin débute le 6 juillet prochain en Angleterre.
L’Association suisse a franchi ce mardi, «un premier pas historique». Tatjana Haenni, responsable du football féminin, s’en est réjoui. «C’est un signal incroyablement fort envoyé pour l’égalité salariale. Je n’y aurai pas cru il y a encore un an. Cela dit, nous devrons encore travailler sur de nombreux aspects pour atteindre une réelle égalité.»
«La Suisse fait mieux que l’Allemagne»
Ces dernières années, une dizaine de nations ont annoncé des mesures pour réduire l’écart abyssal entre joueurs et joueuses. La fédération espagnole s’était félicitée «d’un accord historique» la semaine dernière. Le président Dominique Blanc a défendu le nouveau modèle de l’ASF: «Nous faisons bonne figure en comparaison internationale. La Suisse est mieux lotie que l’Allemagne ou l’Espagne par exemple. Pour nous, cet investissement atteint une somme à six chiffres.»
Pour les joueurs et les joueuses, il existe trois sources de revenus avec la Nati: les bonus versés par les sponsors de l’Association suisse, les droits à l’image et les rémunérations liées aux résultats lors des grands tournois, comme l’Euro ou la Coupe du monde.
Crédit Suisse, un exemple à suivre
D’ici 2024, toutes les primes de performance liées aux sponsors seront égalitaires et ajustés par l’Association suisse. Crédit Suisse franchit ce pas avec deux ans d’avance.
«Les hommes touchaient des montants 4,5 fois supérieurs jusqu’alors de notre part, a expliqué Sandra Caviezel, responsable des partenariats, lors d’une conférence de presse organisée dans une succursale zurichoise de la banque. Nous ne dévoilerons pas les chiffres exacts mais je peux préciser que cela représente une augmentation de notre investissement total, et pas un nivellement par le bas.»
Les mêmes droits à l’image
Les sélections masculines et féminines se partageront aussi la même enveloppe en ce qui concerne les droits commerciaux. «L’Association suisse ajuste dès à présent les indemnités qui comprennent leurs engagements des spots publicitaires et les droits d’image», précise l’organisation faîtière.
Un Euro bien moins lucratif
Reste un dernier point où l’égalité salariale n’est pas encore une réalité. Pour l’Euro, les rémunérations versées aux équipes en lice par l’Union des associations européennes de football (UEFA) sont 14 fois plus importantes chez les hommes que chez les femmes. Soit 221 millions contre 16 millions, en proportion du nombre de pays qualifiés. «Pour l’équipe de Suisse masculine, les joueurs et le staff touchent 20% de la somme totale. Le reste permet de financer toutes les autres activités du football suisse.»
Désormais, les joueuses suisses toucheront la totalité des primes. Afin de réduire un peu l’écart abyssal qui les sépare encore de leurs collègues, le montant sera «complété et couvert par une allocation de l’ASF». Sans parvenir, pour l’instant, à l’égalité totale et de fait. En effet, la différence concrète pour les Euros féminins et masculins devrait tourner autour du million dans le camp suisse selon nos calculs.
Une inégalité pas seulement salariale
«Notre rôle est aussi de mettre la pression sur les instances internationales, comme l’UEFA et la FIFA, se projette déjà Tatjana Haenni. Nous avons attendu des années pour faire ce premier pas, aussi important que difficile. Je suis convaincue désormais que les autres suivront.»
Au-delà de la rémunération des meilleures joueuses du pays, le football féminin suisse a encore du travail dans le développement de la formation, de la professionnalisation de son championnat ou de l’encadrement des équipes nationales.