Rencontrer un jour Cristiano Ronaldo et discuter avec le quintuple Ballon d'or? Un rêve qui en restera un pour la plupart des fans, mais également de nombreux joueurs. Mais ce n’est pas le cas de Brayan Riascos. Et ce n’est donc pas étonnant qu’il doive raconter encore et encore cette histoire depuis son arrivée sur les bords de la Limmat.
Retournons en avril 2020. Le monde du football vient de s’arrêter à cause du Covid. À l’époque, Cristiano Ronaldo joue encore pour la Juventus et le club turinois a envoyé ses joueurs en télétravail. La superstar portugaise décide de passer un long séjour dans sur son île natale, Madère. Là-bas, il loue avec sa famille une villa de luxe et obtient l’autorisation de s’entraîner individuellement dans le stade de son ancien club, le CD Nacional. Lorsque la nouvelle se répand sur le séjour de Ronaldo, tout le monde veut le voir. Mais le Portugais décide lui-même qui a le droit de le rencontrer. Brayan Riascos – qui est alors sous contrat avec le Nacional – fait partie des heureux élus. À ce moment-là, l’attaquant est le meilleur buteur de son équipe.
Un matin, le directeur sportif appelle donc le Colombien et lui dit de venir à l’Estádio da Madeira. Celui-ci se rend précipitamment au stade et se retrouve nez à nez avec son idole. Les amabilités d’usage sont échangées, des photos sont prises – puis Ronaldo disparaît dans le sillage de son entourage.
La fierté des mots de Ronaldo
À 27 ans, Brayan Riascos a vécu beaucoup de choses, même pour un footballeur. Dix clubs, cinq pays différents. Mais rien n’est resté autant gravé dans sa mémoire que sa rencontre avec Cristiano Ronaldo. «C’est le meilleur de tous les temps», souffle le natif de Buenaventura. Il ne peut cacher sa fierté par rapport à ce que lui a dit le Portugais lorsqu’ils se sont rencontrés: «Tu es une machine!» Le physique du Colombien impressionne même Ronaldo, qui n’est pas le moins musclé des footballeurs.
C’est plutôt logique, puisque c’est la première chose qui saute aux yeux quand on croise le chemin de Brayan Riasco. Mais ceux qui pensent que cela a nécessité d’innombrables heures en salle de musculation, comme pour Cristiano Ronaldo, se trompent. «Je n’aime pas du tout la musculation, rigole-t-il. Ce sont les gènes. Du côté de notre père, nous ressemblons tous à ça. Et croyez-moi: de tous, je suis le plus petit et le plus mince.» Pourtant, du haut de son 1m81, Brayan Riascos pèse 80 kilos – de muscles.
Pas de doute, le Colombien a l’étoffe d’une attraction de Super League, comme il l’a laissé entendre lors de ses quatre apparitions avec GC. Né en Colombie et transféré à l’âge de 15 ans dans une académie au Guatemala, l’attaquant est acheté à l’été 2021 par le Metalist Kharkiv, club ukrainien de deuxième division, après des années d’errance au Brésil et au Portugal. Avec six buts, Brayan Riascos a largement contribué à la réussite du premier tour, que Kharkiv a terminé à la première place.
«J’aimerais rester plus longtemps»
Après la joie, place au choc. Pendant un camp d’entraînement en Turquie, l’invasion russe en Ukraine a commencé. Alors que ses coéquipiers ukrainiens rentrent au pays et que certains d’entre eux sont enrôlés par l’armée, Brayan Riascos fuit la Turquie pour rejoindre sa femme au Portugal. Là-bas, il attend des informations du président du Metalist. Puis, les joueurs des clubs ukrainiens sont autorisés à changer d’équipe, grâce à une dérogation spéciale de la FIFA. Le Colombien de 27 ans reçoit des demandes du Japon et du Brésil – et une de Grasshopper.
Derrière l’intérêt des Sauterelles se cache le puissant agent de joueurs Jorgé Mendes – qui compte Cristiano Ronaldo parmi ses clients et qui est étroitement lié aux propriétaires chinois du club zurichois. Le transfert a lieu fin mars. «Pour moi, la Suisse est la meilleure solution, souligne Brayan Riascos. À GC, il y a beaucoup de joueurs qui parlent portugais, j’ai donc été bien accueilli.»
Le prêt avec GC court jusqu’à la fin de la saison. Est-ce qu’il retournera ensuite en Ukraine? «Je ne sais pas, ce n’est pas entre mes mains. J’ai bien aimé Kharkiv. Mais d’un autre côté, je vais devenir père d’une fille dans quelques semaines et la sécurité de ma famille est primordiale. S’il y a une possibilité, j’aimerais bien rester en Suisse.» Grâce aux millions des propriétaires chinois, il ne serait en tout cas pas difficile pour Grasshopper de racheter son contrat à Kharkiv.