Elle boit son thé aux fruits et sourit quand elle parle. Anja Yakin est mariée depuis dix ans à Murat. Dans un entretien avec Blick, elle révèle les particularités de leur relation. Mais également quelles valeurs le couple veut transmettre à leurs deux filles.
Vous considérez-vous comme la première dame du football suisse?
Anja Yakin: Première dame? Oh là là, c’est un titre un peu trop grand pour l’instant. Ce n’est pas du tout ce que je suis. Je ne vois pas les choses de manière si stricte, je ne me sens pas non plus si importante. Je suis simplement heureuse quand mon mari réussit.
Où avez-vous regardé le match contre la Bulgarie?
Avec des amis, sur place, au stade de Lucerne. L’atmosphère était unique. J’essaie d’être présente à chaque match de la Nati.
A quel point vibrez-vous avec eux?
La plupart du temps, j’observe davantage mon mari au lieu de regarder le terrain. Je le vois devenir pensif et j’essaie de lire la bulle imaginaire au-dessus de sa tête. Et j’exulte avec lui lorsque les choses se déroulent comme il l’avait imaginé.
Murat discute-t-il avec vous de la composition de l’équipe?
Non, il n’en discute avec personne. Il garde ses idées pour lui. Je suis également persuadée qu’il a toujours quelques jokers dans sa manche.
Avez-vous longuement discuté lorsqu’on lui a demandé d’entraîner l’équipe nationale il y a à peine cinq mois?
Nous passions une soirée tranquille à la maison quand le téléphone a sonné. Je me réjouissais presque plus que lui. Murat est connu pour être quelqu’un de très sobre, que rien ne déstabilise. Sa joie était immense, mais elle se manifeste plutôt en silence.
Dans quelle mesure sa nomination vous rend-elle fière?
La fierté n’est pas le bon mot. Je suis surtout heureuse pour Murat, car il vit pour le football. De plus, ce poste est parfait pour lui. Il est sur un pied d’égalité avec ses joueurs et ils sont très chers à son cœur. Il a été assez longtemps joueur de l’équipe nationale et sait exactement ce que l’on peut attendre d’un sélectionneur. Il est comme un roc derrière l’équipe.
Vous ne craignez pas que votre famille soit négligée?
Je ne me fais pas de souci à ce sujet. Murat libère suffisamment de temps pour sa famille. Il était déjà souvent absent auparavant, il était occupé presque tous les week-ends. Je connais très bien cette vie.
Comment gérez-vous la pression qui pèse sur votre mari?
Murat ne se laisse jamais stresser, ni mettre sous pression. Il a des nerfs d’acier. Plus le problème ou le conflit est grand, plus il est créatif. C’est pour cela je ne ressens pas de pression non plus. Quand les joueurs se sont blessés les uns après les autres, j’ai plaisanté en disant que j’avais l’impression que quelqu’un était allé voir un sorcier vaudou. Murat a simplement répondu qu’il avait encore suffisamment de joueurs. Murat ne se plaint jamais. C’est ce que j’aime chez lui.
Est-ce que cela se voit aussi dans la vie privée?
Oui, si la machine à laver est cassée, il la répare. Murat ne voit jamais le problème, toujours la solution. Je ne connais personne d’aussi pragmatique.
Vous avez deux filles de sept et neuf ans. Comment Murat est-il en tant que père?
Patient. Il est aussi généreux. Il adore les filles. Il leur a aussi déjà appris à jouer aux échecs. Le dimanche, la plus petite vient se coucher et la première chose qu’elle demande, c’est: «Papa, papa, on joue aux échecs?» Il leur apprend aussi à faire du ski. Tout ce qui touche au sport, c’est son métier.
Et les devoirs?
Ça reste mon domaine (rires). Mais ce n’est pas grave. Il n’a pas connu autre chose dans son enfance: à peine l’école terminée, il sortait jouer au foot. Notre fille aînée aime s’attarder dans les bibliothèques. Ce monde est totalement nouveau pour Murat.
Selon quels principes éduquez-vous vos enfants?
Nous voulons préparer nos enfants de manière à ce qu’elles puissent plus tard traverser la vie de manière autonome, le cœur plein d’amour. Et aussi avec la certitude que Murat et moi serons toujours derrière elles.
Groupe préféré: Coldplay
Vêtement préféré: Col roulé
Joueur de foot préféré: Murat Yakin
Série préférée: La casa de papel
Livre préféré : «L'alchimiste» de Paulo Coelho
Hobby: Yoga
Groupe préféré: Coldplay
Vêtement préféré: Col roulé
Joueur de foot préféré: Murat Yakin
Série préférée: La casa de papel
Livre préféré : «L'alchimiste» de Paulo Coelho
Hobby: Yoga
Êtes-vous des parents sévères?
Murat pas du tout. Il ne sait jamais dire non. Et nos filles le savent. Pour elles, c’est souvent moi qui suis sévère. Parce que j’ai des règles beaucoup plus claires.
Comment avez-vous rencontré Murat?
C’était un dimanche de 2002. Je voulais passer une soirée décontractée. Un ami m’a appelée et m’a invitée à dîner avec des collègues. J’y suis allée, et parmi les collègues, il y avait Murat. Ce fut le coup de foudre.
Vous vous êtes mariés en 2011. Pourquoi l’avoir fait en secret?
Nous voulions partager cette fête uniquement avec la famille. Nous ne sommes ni l’un ni l’autre fans de grandes fêtes, ni d’églises.
Qu’est-ce que vous aimez le plus chez votre mari?
Le fait que je puisse toujours compter sur lui. Qu’il me prenne toujours sous sa protection. Murat est comme un lion qui défend sa meute jusqu’au bout. Avec lui, je me sens en sécurité, protégée. J’aime aussi sa patience, et le fait que ce soit un homme extrêmement raisonnable. Il a dû prendre des responsabilités très tôt dans sa jeunesse. On le remarque encore aujourd’hui.
Votre mari a-t-il aussi des défauts?
Il n’est pas vraiment le plus ordonné. D’un autre côté, j’ai tendance à être très perfectionniste. Cela s’équilibre donc un peu. Murat peut aussi être assez têtu. Mais je ne trouve pas que c’est un défaut. Sans cela, il ne serait probablement pas là où il est aujourd’hui.
Sur quoi pouvez-vous vous disputer?
Nous ne nous disputons jamais, nous nous connaissons trop bien et depuis trop longtemps. Il nous arrive tout au plus d’avoir des divergences d’opinions. En vacances, par exemple, lorsque Murat préfère rester sur la chaise longue et que je veux explorer le village. Il aime se détendre quand il a du temps libre, alors que pour moi, il faut toujours qu’il y ait de l’action. Je veux toujours visiter un musée ici, un parc là.
Vous êtes végétarienne depuis votre jeunesse et Murat mange de la viande.
Oui, mais pas à la maison. Ici, il n’y a pas de viande. Au début, cela a bien sûr changé ses habitudes, notamment en raison de ses origines turques. Mais il l’a accepté. Il ne mange de la viande qu’au restaurant.
Et vos filles?
Elles ont le droit à des nuggets de poulet du McDonald’s, quand elles en ont envie. A l’avenir, elles devront décider elles-mêmes si elles veulent manger de la viande ou non.
Votre mari se met-il aussi à la cuisine?
Jamais. A cet égard, la répartition des rôles dans notre mariage est très traditionnelle. Je suis une personne assez structurée. J’aime la routine au quotidien. J’aime que chacun ait son rôle à jouer. Et parmi mes tâches, il y a la cuisine ou les devoirs avec les enfants. En contrepartie, je n’ai pas besoin d’aller sur le court de tennis avec les petites. Murat et moi nous complétons très bien. Je pense que c’est très important dans un couple, que l’on soit une équipe. Murat et moi sommes comme le yin et le yang.
Quand vous êtes à deux, quelles sont vos activités préférées?
Les enfants sont couchées à 20 heures. Ensuite, la soirée de Murat et la mienne commencent. Nous parlons ou jouons à des jeux de société, de préférence au moulin. Mais nous aimons aussi regarder un film sur Netflix. Notre temps ensemble est sacré pour nous. De temps en temps, nous aimons aussi aller manger dehors.
Quand on est ensemble depuis si longtemps, peut-on encore être surpris par l’autre?
Oui. Murat m’emmène régulièrement en week-end au Bürgenstock ou à Interlaken. Il a souvent des idées. Comme pour ce Noël, par exemple.
Qu’est-ce que vous allez faire?
Nous partons aux Maldives. Nous y sommes déjà allés plusieurs fois. Mais, pour la première fois, les enfants seront de la partie. Ce sera merveilleux.
(Adaptation par Matthias Davet)