Le groupe de Kenny Guex comporte une douzaine de coureurs. Ce mardi après-midi, ils ne sont que trois à se rendre au centre sportif sur les hauts de Lausanne. Dans quelques jours, Léonie Pointet, Felix Svensson et Melissa Gutschmidt vont s'envoler pour Budapest, afin de disputer les Championnats du monde. C'est l'heure des derniers préparatifs.
Malgré toutes ses casquettes, leur coach Kenny Guex prend le temps d'encadrer ses athlètes jusqu'au dernier moment. En tant qu'entraîneur en chef sprint/haies/relais à Swiss athletics et entraîneur des 4x400 femmes et mixtes, celui qui est également maître d'enseignement à la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) se rendra aussi en Hongrie. Là, il pourra suivre ses meilleures pousses.
Avant le départ des trois athlètes romands pour les Mondiaux, Blick a pu s'entretenir avec eux. Entre deux étirements, Felix Svensson, Melissa Gutschmidt et Léonie Pointet ont répondu, chacun leur tour, aux mêmes questions. Cette dernière est la première à passer sur le carreau, elle qui est arrivée en avance à l'entraînement.
Tu es à quelques jours de partir pour les Mondiaux. Qu’est-ce que ça te fait?
Léonie Pointet: Ça fait bizarre – je ne m'attendais pas du tout à partir pour l'individuel. Il va falloir aller prendre de l'expérience là-bas car il y aura du niveau. Je me réjouis de courir mais j'ai un peu peur. Il y a du stress.
Melissa Gutschmidt: Je suis excitée et j'ai hâte. L'infrastructure a l'air folle. Le stress va monter très rapidement.
Felix Svensson: Je suis très positif – on a une super équipe. Ce sont mes premiers Mondiaux et je vais essayer de profiter un maximum. Il y a du bon stress.
A Budapest, à quelle course vas-tu prendre part?
LP: Au 200m en individuel et je fais partie de l'équipe du relais 4x100, mais en réserviste.
MG: Je cours avec le relais 4x100. Normalement, je suis l'une des quatre filles qui va représenter la Suisse.
FS: Ce sera à déterminer sur place si je prends part au relais 4x100 – évidemment je l'espère. Ça va se jouer entre Bradley (ndlr: Lestrade) et moi pour le troisième relayeur.
T'imaginais-tu atteindre un tel niveau en athlétisme?
LP: Tout le monde veut percer dans ce qu'il aime. C'est venu petit à petit. Il y a quatre ans, je voulais arrêter l'athlétisme – les buts et les ambitions étaient moins élevés. Mon niveau s'est amélioré et les rêves sont redevenus réalité. Après deux Championnats d'Europe U23 et chez les «grands» l'année passée à Munich, je voyais que je grimpais les échelons. Les Mondiaux, ce n'est pas la dernière étape car il y a encore les Jeux olympiques. Mais on se rapproche du dernier niveau.
MG: C'est difficile à dire. On ne s'en rend pas forcément compte car cette année, j'avais mis la priorité sur les championnats consacrés à la jeunesse. Les Mondiaux étaient en second plan. Mais je savais que c'était plus ouvert avec le relais. Vu le niveau sur 100m en individuel, c'est compliqué mais j'espère pouvoir bientôt y aller.
FS: J'ai commencé l'athlétisme à 15 ans. Après ma première année, je me voyais bien rêver de Jeux olympiques. On s'en rapproche gentiment.
Quelle est la plus belle course que tu aies remportée dans ta carrière?
LP: Les Championnats suisses U23 en 2021 à Nottwil, où j'ai réussi à faire 11"20 sur 100 m.
MG: Oula… Il y en a plusieurs. Chaque course est différente. Les Championnats d'Europe U23 se sont extrêmement bien passés, avec deux médailles (ndlr: de bronze, sur le 100 m et le 4x100 m). Mais il y a aussi toutes les courses durant lesquelles on a de bonnes sensations. C'est dur d'en choisir une seule.
FS: En termes d'émotions et de forme, c'est mon record de Suisse sur 200m en salle. J'avais atteint un niveau de forme que j'avais rarement atteint.
Et quelle est ta plus grande fierté?
LP: D'avoir réussi à faire une médaille aux Championnats d'Europe U23 avec le 4x100. L'athlétisme est un sport très individuel et, parfois, les concurrents deviennent les coéquipières. C'est une fierté d'avoir réussi à construire un tel esprit d'équipe.
MG: C'est déjà de représenter la Suisse et le canton de Vaud. En plus, je suis jeune. Je n'ai que 21 ans et je peux montrer que même si on a mon âge, on peut avoir sa place aux Mondiaux.
FS: De toujours autant aimer ce sport, même dans les moments difficiles. Aujourd'hui, si je raconte au Felix Svensson de 15 ans mon parcours, il serait fier de moi.
Vous faites les trois du sprint. Courir plus de 25 secondes, ça te fait peur?
LP: (rires) J'aimerais bien essayer de courir un 400 m une fois, pour voir ce que ça fait. Mais, comme on est dans un court effort, la fatigue peut très vite arriver si on rallonge la distance.
MG: Pas forcément. Je me concentre beaucoup sur le 100 m mais je vais essayer de rallonger un peu pour gagner en résistance.
FS: J'ai testé un peu de 400 m. Mais on est à un an des Jeux. Je me sens bien sur le 200 m et le 4x100 et je prends beaucoup de plaisir.
Qu'aimes-tu dans le sprint?
LP: Le fait de pas trop devoir réfléchir, mais de tout devoir donner d'un coup. Se déchirer jusqu'à la ligne. Je préfère le 200 m car les erreurs sont un poil plus rattrapables que sur une seule ligne droite.
MG: C'est du mental. Oui, les entraînements sont durs mais on doit surtout performer sur quelques secondes. On a une adrénaline au départ et cette sensation de vitesse.
FS: J'aime la sortie du virage. L'effort de 20 secondes me convient bien et c'est là où je produis mes meilleurs résulats.
Quel est ton objectif pour ces Mondiaux?
LP: Prendre du plaisir et réussir à faire une bonne course. Je veux montrer que je mérite d'être là et que je ne suis pas la petite dernière qui vient d'arriver uniquement parce qu'il y a de la place. Ça va être dur de passer les qualifications, sauf si je fais la course de ma vie.
MG: Montrer que je suis quelqu'un de solide et qu'on peut compter sur moi. Je veux donner le meilleur de moi-même pour aider l'équipe à essayer d'aller en finale. Le but est aussi de donner une bonne vibe au relais.
FS: Les objectifs fixés sont d'aller faire une finale et un record de Suisse.
Et si je te dis Jeux olympiques, tu penses à quoi?
LP: C'est vite là. Ce serait incroyable de pouvoir y aller mais je suis encore jeune. Si ce n'est pas l'année prochaine, il y aura toujours 2028. Ça reste un objectif d'une vie.
MG: La limite pour se qualifier est difficile, je vais donc essayer d'être bien placé dans le classement. On commence à planifier les compétitions pour l'année prochaine. Je pense qu'au niveau individuel, je peux y arriver. Tout dépend du niveau en Suisse.
FS: Ça reste un rêve de tout athlète. Je ne pense pas que ce soit une finalité en soi. Mais j'arriverai sur mes 27 ans, évidemment que j'aimerais atteindre mon meilleur niveau à Paris.
Quel est ton objectif ultime?
LP: Descendre en-dessous des 23 secondes sur 200 m.
MG: Toujours courir plus vite. Et le but est de faire une médaille chez les élites.
FS: J'adorerais avoir une médaille dans un championnat international. Que ce soit en individuel ou en relais. Mais il faut d'abord faire une finale et après on pourra discuter de cet objectif.