Thomas Lüthi a annoncé sa retraite jeudi dernier. Après 19 ans dans le championnat du monde de moto et 66 podiums, le champion du monde 125cc en 2005 coupera le moteur à la fin de la saison. La décision du pilote emmentalois marque la fin de la plus importante carrière de motard suisse des temps modernes. Avant Tom Lüthi, seuls Luigi Taveri (trois titres) et Stefan Dörflinger (quatre titres) ont été champions du monde en individuel.
Le vainqueur de 17 Grand Prix entre dans l'histoire: il s'agit du pilote ayant disputé le quatrième plus grand nombre de courses du championnat du monde. Celle de Valence, qui sera aussi sa dernière compétition, sera sa 318e course. Seul un trio de stars italiennes en compte plus: Valentino Rossi, qui, comme Lüthi, prendra sa retraite à la fin de l'année après 432 GP à son actif, ainsi que Loris Capirossi (328) et Andrea Dovizioso (327), qui sont déjà à la retraite.
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«Je suis extrêmement reconnaissant pour cette carrière. J'ai pu célébrer de nombreux succès et apprendre beaucoup de choses, également dans la vie. Mais j'ai aussi connu des moments difficiles et durs», confie Thomas Lüthi. Pour Blick, le Bernois revient sur les trois meilleurs et les trois pires moments de sa carrière.
Top: Son titre de champion du monde
Après réflexion, Thomas Lüthi se livre. «Le titre de champion du monde est remarquable. Parce que c'est l'un des facteurs qui m'a permis d'être là depuis si longtemps.» Seize ans plus tard, ce titre lui a-t-il également permis de trouver un emploi en tant que nouveau directeur sportif de l'écurie allemande Prüstel? «Non, mon titre date trop pour que cela ait une influence», coupe Lüthi.
L'heure est à la nostalgie: Thomas Lüthi remporte sa première victoire en Grand Prix au Mans en 2005, à l'âge de 19 ans, puis s'impose également à Brno, Sepang et Phillip Island. Il bat ainsi les pilotes de KTM Mika Kallio et Gabor Talmasci dans la lutte pour le titre.
Top: L'année 2018 en MotoGP
Zéro point dans la catégorie reine! Pourtant, ce n'est pas ce que Tom Lüthi retient. «Certes, je n'ai pas eu beaucoup de succès. Mais pouvoir piloter une moto de MotoGP pendant une saison, c'était de la folie.» Le Bernois a la chance de piloter une Honda dans l'équipe belge MarcVDS. Il termine à cinq reprises à la 16e place, manquant de peu (neuf dixièmes) d'inscrire ses premiers points lors de la première manche au Qatar. Tom Lüthi ne tarit pas d'éloges sur la fusée aux 260 chevaux: «En MotoGP, vous avez toujours une puissance infinie, aucune autre moto ne peut offrir cela. Même si on perd une ou deux secondes, ça reste super rapide.»
Top: L'ère Moto2
Lüthi roule en Moto2 depuis onze ans, plus longtemps que n'importe quel autre pilote. Douze de ses 17 victoires en Grand Prix ont été remportées dans la catégorie intermédiaire. 80% de ses podiums ont été obtenus en Moto2. Qui sait ce qu'il serait advenu de sa carrière s'il n'y avait pas eu un changement révolutionnaire dans cette catégorie du championnat du monde; le passage de l'ancienne catégorie 250cc à la Moto2. «Lors de ma deuxième saison en 250cc, ça ne collait pas vraiment. C'est pourquoi, à partir de 2010, la nouvelle classe a amené un souffle de fraîcheur et est arrivée juste à temps pour moi.»
Flop: La grave blessure de 2013
L'incident se produit lors des essais de Valence. Ceci explique pourquoi il n'y a pas d'images de cet horrible crash, lorsque le Thaïlandais Ratthapark Wilairot fait tomber le Suisse. Par un mauvais concours de circonstances, Tom Lüthi se coince un bras entre la roue et le bras oscillant de la moto. L'accident est tellement brutal qu'il se casse le bras droit, le coude et l'épaule. Seule une opération de cinq heures en Suisse permet d'éviter des dommages permanents. «À ce moment-là, ma carrière ne tenait qu'à un fil. Les prévisions concernant la mobilité de mon bras étaient très incertaines», explique Tom. Mais il se bat pour revenir. «J'avais la volonté de revenir.» Quatre mois après l'accident, Tom Lüthi est de retour sur le podium.
Flop: Déceptions humaines
En près de 20 ans, Lüthi a travaillé avec des centaines de personnes. Certains, comme son manager Daniel Epp ou son mécanicien de longue date Achim Kariger, sont devenus de bons amis. «Mais il y a des gens qui m'ont beaucoup déçu», tempère le Bernois. L'ancien champion du monde ne souhaite pas donner de noms. Il s'agit toutefois d'un secret de polichinelle auquel Tom Lüthi fait référence. Le Fribourgeois Fred Corminbœuf qui a dirigé la «dream team» suisse avec Lüthi et Dominique Aegerter de 2015 à 2017, a disparu par la petite porte et, selon les informations de Blick, doit environ 300'000 francs suisses de salaire et de primes au champion du monde.
Flop: le titre Moto2 manqué
Thomas Lüthi souligne que cette blessure n'est pas profonde. «J'ai eu une belle carrière et je ne veux rien regretter. Mais c'est vrai, je n'ai jamais obtenu de titre en Moto2.» En 2016 et 2017, il devient vice-champion du monde. L'année où il s'en rapproche le plus en termes de points est 2019; il termine troisième du championnat du monde. «Mais du point de vue des sensations, j'étais plus proche en 2017.» Car cette année-là, il se livre à une lutte passionnante pour le titre avec le futur champion Franco Morbidelli.