Même s’il a déjà assisté à trois accidents graves sur les circuits, Peter Sauber a été particulièrement choqué par celui de Zhou, dimanche en Grande-Bretagne: «Les images font peur. Seule une grue a pu le sortir de cette position. Imaginez si la voiture avait soudain pris feu!»
Peter Sauber, qui suit également de près chaque tour d’entraînement depuis chez lui, est peiné pour le pilote chinois: «C’est encore plus dur quand tu te retrouves dans une telle situation alors que tu n’as pas fait d’erreur. Depuis le début de la saison, Zhou ne commet presque aucune faute et, s’il a dû abandonner, c’était bien souvent à cause de problèmes mécaniques. Jusqu’à présent, il n’a pratiquement pas eu d’égratignure sur sa voiture!»
La peur d’un mort
Le cauchemar de toute équipe est qu’un pilote se blesse gravement ou même perde la vie dans sa voiture. «Jusqu’à présent, aucun pilote n’a subi de grosses blessures dans une monoplace Sauber, souligne celui qui a fondé l’écurie en 1970. Mais cette fois, nous avons eu besoin de tous nos anges gardiens.»
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Le Zurichois, qui avait été élu Suisse de l’année 2005, se souvient bien des trois autres crashes horribles de ses pilotes:
Karl Wendlinger à Monaco (1994)
Le 12 mai 1994, onze jours seulement après la mort d’Ayrton Senna à Imola (It), Karl Wendlinger est victime d’un accident dans la chicane du port de Monte-Carlo. Il percute à 177 km/h les tonneaux de sécurité remplis d’eau. L’Autrichien — qui a perdu sa montre lors de son transport à l’hôpital — est resté 19 jours dans le coma. Et ce, sans aucune fracture!
Nick Heidfeld à Spielberg (2002)
Toujours le 12 mai, mais en 2002, jour de la fête des mères (toutes les mamans des pilotes étaient invitées), l’Allemand Nick Heidfeld perd le contrôle de sa Sauber avant le troisième virage du Grand Prix d'Autriche. En marche arrière, il fonce à près de 200 km/h vers le sommet du virage, où il coupe en deux la Jordan de Takuma Sato. Tous deux s’en sortent avec des blessures relativement bénignes, au vu de la violence du choc.
Robert Kubica à Montréal (2007)
Le 10 juin 2007, le Polonais Robert Kubica provoque des sueurs froides au sein de son équipe BMW-Sauber à Montréal. Dans sa lutte contre Jarno Trulli, Kubica — qui remportera son seul Grand Prix au même endroit un an plus tard — perd son aileron avant. Et voilà qu’il s’envole dans les airs et atterrit contre un mur de béton. Le pilote était impuissant: «J’attendais les secours dans la voiture et j’avais juste peur qu’un incendie se déclare!»
Peter Sauber, lui, raconte: «Après une nuit à l’hôpital, Robert m’a conduit au déjeuner le lundi avec une voiture de location!» Pour la FIA, la situation était claire: Robert Kubica devait faire une pause d’au moins une course. C’est ainsi que Sebastian Vettel a participé à son premier Grand Prix — une semaine plus tard à Indianapolis — et a marqué son premier point au championnat du monde avec une 8e place. Le premier d'une grosse moisson: l'Allemand remportera quatre fois le Mondial entre 2010 et 2013!
«Plus chaud que jamais!»
Guanyu Zhou, lui, ne devra pas faire de pause après Silverstone. Il remontera dans son cockpit dès vendredi à Spielberg et a même déclaré: «Je suis plus chaud que jamais pour remonter dans la voiture pour y faire ce que j’aime! Je suis en forme et prêt!» Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce pilote chinois est opiniâtre!