Le «Let's go» de Thibaut Petit résonne peut-être encore dans les travées de Saint-Léonard, tant le cri de l'entraîneur de Fribourg Olympic semblait venir du cœur. Le Belge et son équipe l'ont fait: ils ont remporté leur dernier duel de Coupe d'Europe FIBA face aux Polonais d'Anwil (107-101). Ainsi, ils verront les quarts de finale, une grande première depuis 2005.
Cette rencontre s'est jouée dans un contexte particulier pour les Fribourgeois. Ils pouvaient en effet se permettre de perdre ce match de moins de 20 points et quand même accéder au tour suivant. Une rencontre décisive est-elle abordée d'une manière différente? Pas si on ne connaît pas le scénario, comme c'était apparemment le cas du coach. «J'ai demandé deux minutes avant la fin au staff et je l'ai appris pour la première fois, glisse Thibaut Petit. Je préférais être battu d'un point que de jouer une prolongation.» Car si temps supplémentaire de cinq minutes il y avait, Fribourg aurait très bien pu perdre tout son avantage. Un cas de figure qui n'est donc pas arrivé.
Quant à ses joueurs, certains connaissaient cette particularité. «Je ne voulais pas le savoir mais les gens ne faisaient que d'en parler, souligne Natan Jurkovitz. Avant le match, j'ai dit aux gars qu'on devait gagner, pour nos supporters, et on l'a fait. C'est génial.» Grand artisan de cette victoire, Roberto Kovac avait déjà été dans la situation inverse dans sa carrière. L'Islande, face à la Suisse, devait perdre de moins de 20 points, chose qu'il avait réussi à faire en 2019. «Je pense qu'en face, ils avaient pensé à ça et, au final, on leur a mis 24 points.»
Pas une première pour Roberto Kovac
Finalement, des scenarii qui n'ont pas eu besoin d'exister, puisque Fribourg a réalisé le plus simple d'entre eux: s'imposer. Et avec la manière. Jamais Olympic n'aura vraiment tremblé dans ce match, les Polonais ayant mené au maximum de 5 points. «On est parvenu à rester serein car on a confiance l'un envers l'autre», explique Thibaut Petit. Un calme qui a clairement permis aux Fribourgeois de décrocher cette victoire ce mercredi. Des propos avec lesquels corrobore son capitaine Natan Jurkovitz: «Notre entente et notre état d'esprit nous ont permis de garder notre sang-froid. Les supporters nous ont poussés, et on a eu le droit à un Kovac qui a mis des shoots incroyables.»
Car oui, si Fribourg est passé, il peut également remercier son No 24, auteur de 27 points et, surtout, d'un indécent 8/10 à 3 points après trois quarts-temps. «Je sais que je suis vieux mais non, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive en carrière», en sourit le joueur de 34 ans. Dans un match très offensif, le Tessinois s'est donc régalé et a pu continuer à mettre son équipe à flot.
«Placer la Suisse sur la carte de l'Europe»
La délivrance est donc arrivée juste avant 21h à la Salle Saint-Léonard et Ross Williams a pu s'emparer d'un tambour pour haranguer la foule. Les acteurs, après la rencontre, savaient tous qu'ils avaient réalisé quelque chose de grand pour le basket suisse. «C'est historique, s'enflamme Natan Jurkovitz. On montre que la Suisse à sa place sur la carte de l'Europe – c'est une énorme fierté. En Suisse, j'ai beaucoup gagné et de pouvoir le faire en Europe, ça rajoute de l'excitation.»
Son entraîneur, Thibaut Petit, parle beaucoup de fierté pour son équipe. «C'est notre plus belle victoire depuis les 16 derniers mois, que ce soit au niveau de l'atmosphère ou du jeu, analyse le coach. Même si ce n'est pas un trophée, on n'oubliera jamais ce qu'on a vécu.» Car marquer l'histoire du basket suisse, c'est aussi important.
Place au PAOK
Après avoir égalé le plus beau résultat de son histoire, Olympic va-t-il désormais le dépasser? En quarts de finale, il va affronter le PAOK, vainqueur du groupe M (aller le 5 mars à Fribourg, retour le 12 mars en Grèce). Au moment du buzzer final, les Fribourgeois ne connaissaient pas encore leur adversaire entre Dijon et les Grecs. «Si c'est le PAOK, je vais retrouver mon ami, coach là-bas (ndlr: Massimo Cancellieri), et on ira boire un verre ensemble», souriait Thibaut Petit. Les retrouvailles auront donc lieu.
Pour le plus grand bonheur de Natan Jurkovitz, qui espérait aussi tomber sur les Grecs. «J'ai déjà joué là-bas en 2018 et c'était vraiment incroyable, se souvient-il. Après, peu importe, on va tout faire pour continuer notre saison historique.» Car en si bon chemin, Fribourg ne voudrait surtout pas s'arrêter.