Objectif Los Angeles 2028
Joceline Wind: «Un rêve ne meurt que lorsqu’on arrête de le poursuivre»

Joceline Wind, qui a troqué ses rêves sur glace contre une carrière sur piste d'athlétisme, se confie à Blick. Une histoire faite de défis, de rêves, de résilience et de succès inattendus qui, elle l'espère, la mènera aux JO 2028 de Los Angeles.
Publié: 16:59 heures
Joceline Wind vise Los Angeles 2028.
Photo: keystone-sda.ch
Anaïs Valentine Sancha

Imaginez: vous avez 16 ans, vous faites du patinage artistique depuis presque une décennie et vous rêvez de faire carrière sur vos patins. Tout ça pour que vos entraîneurs vous suggèrent finalement de changer de discipline! Cette histoire, Joceline Wind l'a vécue. «Je m’accrochais à mes rêves dans ce sport, c’était une sorte d’obstination», explique-t-elle huit ans plus tard. La Jurassienne bernoise s’acharne une saison entière, mais n’obtient aucun résultat suffisant et finit par aller dans le sens de la suggestion. «Presque par dépit, j’ai rajouté l’athlétisme à mon calendrier.» Un choix qui s'est rapidement avéré être le bon.

Son potentiel est très vite remarqué et après une saison disputée entre un stade et une patinoire, elle raccroche ses patins pour enchaîner sélections et championnats avec brio. «Une carrière de sportif se construit sur des hauts et des bas, et j’ai eu des bas très difficiles à gérer», confie à Blick l'étudiante et athlète semi-pro.

La déception de Paris 2024

Pour Joceline Wind, tous les chemins mènent aux Jeux Olympiques. «On visait Los Angeles 2028, mais je voulais essayer Paris 2024. C’était ambitieux, mais j’y croyais quand même et ça s’est finalement joué à pas grand-chose. C’est une déception différente des autres championnats. Mais c’était tout de même nécessaire, je voulais savoir ce que c’était de vivre une qualification olympique. C’est vraiment une autre préparation, car au niveau de la pression, ça n’a rien à voir», souffle la Jurasienne bernoise.

L’été 2024 ne présageait pourtant rien de bon. «Je me suis blessée en juin et je suis arrivée aux Championnats suisses sans pouvoir performer comme je l’aurais voulu et comme il aurait fallu.» L'athlète de Sonceboz participe ensuite à une autre course décisive, qu’elle qualifie de «catastrophique». «Tout allait de mal en pis, Benoît (ndlr: Babey, son ancien entraîneur) et moi, on ne comprenait pas.»

Une rupture décisive avec son entraîneur

Début juillet, l’inévitable finit par arriver: Joceline et Benoît mettent fin à leur collaboration. «On a eu une discussion et on a conclu qu’on n’arrivait plus à travailler ensemble», explique l'athlète qui vivait sa deuxième séparation avec son coach. La première rupture avait eu lieu deux semaines avant la saison d’été 2021. «C’était stressant, énormément de pression. Il était quelqu’un de très important pour moi. Il m’a fallu du temps pour m’en remettre. Une année plus tard, ça m’a beaucoup demandé émotionnellement de retravailler avec lui, mais il restait la personne qui me comprenait le mieux à plusieurs niveaux», justifie-t-elle.

Aujourd’hui, la rupture semble consommée, sans retour en arrière envisageable. «Même si plein de choses ont très bien fonctionné avec Benoît, il y en avait d’autres qui freinaient mon développement en tant qu’athlète.»

Un nouveau départ avec Christiane Berset-Nuoffer

Entre juillet et août, Joceline accuse le coup et prend les choses en main. Elle échange avec l’entraîneur national et fait ses propres recherches. «Je suis rapidement arrivée à l’idée de m’approcher de Christiane Berset-Nuoffer, l’entraîneure du club athlétique de Belfaux et d’Audrey Werro. Je l’avais vue lors de camps d’entraînement et aux Championnats du Monde indoor 2024 à Glasgow, le feeling était super bien passé.»

Quand Joceline la contacte, Christiane se montre immédiatement motivée et une structure se monte rapidement pour gérer la fin de saison. Une fin d'année sous le signe du lâcher-prise: «Je me disais que je voulais juste courir, m’amuser et voir ce que ça donne.» Et les résultats sont plutôt bons! «En 800 mètres, j’ai fait des temps proches de mon record. À la dernière course avant mes vacances, en 1’500 mètres, j’ai explosé mon record. C’était mon objectif initial de la saison. 4 minutes et 6 secondes, c’est une très belle récompense et une preuve que Christiane a su faire ressortir mes qualités.»

Entre ambitions sportives et académiques

Los Angeles 2028 se profile plus sereinement grâce à ce nouveau cadre d’entraînement. Mais l’athlète ne compte pas négliger son Bachelor en sciences biomédicales, accompagné d'une branche complémentaire en science du sport. «Je suis passionnée par la physiologie du sport, j’aime comprendre ce qu’il se passe dans le corps en plein entraînement et comment ça varie d’une personne à l’autre.»

Elle est particulièrement intéressée par la physiologie du sport propre aux femmes. «Benoît avait élaboré un plan en fonction de mon cycle menstruel, alors que la plupart des entraîneurs n’en tiennent pas du tout compte. Les résultats étaient très concluants.» Elle espère pouvoir approfondir ces thématiques à l’avenir: «Encourager, soutenir les athlètes féminines, c’est l’objectif de mes études».

Un Master pourrait être nécessaire, mais il peut attendre, car la priorité est bien une participation aux Jeux olympiques Los Angeles 2028. «Je pourrais passer pro et ainsi augmenter mes temps d’entraînement et de récupération. Ça me permettrait de m’entraîner au maximum de mes capacités toute l’année. »

Une philosophie inspirante

Deux éléments restent centraux dans la vie de Joceline Wind: «Être bien préparée, ça donne la meilleure résistance à la pression et permet de relativiser. Aussi, garder en tête qu’on fait ce qu’on fait pour soi-même. Oui, plus on va haut en niveau, plus il y a de gens qui vivent nos réussites et nos échecs avec nous. Mais sur la ligne de départ et pendant la course, on doit être là pour soi, pour ce rêve de petite fille. Ça permet de tout effacer autour».

Pour conclure cet entretien, Joceline fait part de sa devise: «Un rêve ne meurt que lorsqu’on arrête de le poursuivre». Une leçon de vie qui force le respect.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la