Luna est dans son élément. Elle saute avec exubérance dans la neige, le museau poudré de blanc. Elle tire sur la laisse, s'agite autour des jambes des personnes qui sont dans le coin, jusqu'à ce que tout le monde s'emmêle sur le plateau. Luna est ensuite attirée par la valise contenant l'équipement du photographe. Elle renifle, se décide pour un gant, mord de bon cœur et ne lâche plus sa proie.
«Fini!», s'exclame son maître, Simon Ehammer, qui tente de lui arracher le gant de la gueule. Mais il n'a aucune chance. Cela ne fait que quelques semaines que la petite Luna, un spitz nain, vit avec lui et sa femme Tatjana. Une friandise devrait faire l'affaire. Luna libère le gant et ronge maintenant l'os avant de repartir à la recherche d'autres aventures. «En ce moment, elle veut toucher à tout», explique Tatjana Ehammer, légèrement gênée. «Comme un petit enfant.»
Son mari, Simon, quatrième aux Jeux olympiques de Paris en saut en longueur, a toujours souhaité avoir un animal de compagnie, contrairement elle: «Je ne voulais pas de chien», admet la skieuse cross-country. «Tatjana déteste les animaux», reprend Simon Ehammer en riant à gorge déployée. L'Appenzellois raconte que sa famille possédait également des chiens par le passé. «Le sentiment que j'en voulais à nouveau était de plus en plus fort. Et je voulais que quelqu'un soit avec Tatjana quand je m'absentais plus longtemps.» Le couple, qui vit à Gais (AR), a appelé quelques éleveurs, s'est renseigné sur les différentes races et leur mode d'élevage. «Il était important pour nous qu'il s'agisse d'un éleveur suisse, afin que nous soyons sûrs que les lois sur la protection des animaux soient respectées», assurent-ils.
De la tempête au calme
Ils ont adotpé Luna dans un village voisin. «Ensuite, tout est allé très vite», raconte Simon Ehammer en souriant. Début novembre, le couple a pu aller chercher sa nouvelle colocataire.
«Simon était alors parti et je me suis retrouvée seule avec Luna», se souvient Tatjana. «Elle mordait tout et faisait pipi partout, je ne faisais que nettoyer.» Elle a alors appelé Simon et lui a dit que si cela ne s'arrêtait pas, il pouvait revenir tout de suite à la maison.
Mais depuis, la situation s'est calmée, explique Tatjana. «Les choses ont davantage changé pour moi que pour Simon, j'ai dû adapter mes horaires d'entraînement pour qu'il y ait toujours quelqu'un avec Luna. Avant, nous nous entraînions souvent en même temps», explique-t-elle. «Cela va se rééquilibrer quand nous pourrons emmener Luna. Dès qu'elle ne démontera plus tout sur son passage», poursuit Simon.
Les Ehammer ont délibérément opté pour un petit chien. «Luna pèse au maximum quatre à cinq kilos, elle tient donc dans un bagage à main et nous pouvons voyager avec elle. Un chien plus grand n'aurait pas été adapté à notre mode de vie actuel.»
Des objectifs ambitieux
Sur le plan sportif, tous deux ont de grands projets. Pour l'athlète Simon Ehammer, la nouvelle saison de compétition va bientôt commencer. Après avoir principalement misé sur le saut en longueur la saison dernière, suite à une opération de l'épaule, il veut repartir à l'assaut du décathlon la saison prochaine. Son objectif le plus en vue seront les championnats du monde en plein air à Tokyo en septembre 2025. Puis la finale de la Diamond League l'année prochaine à Zurich, où Simon Ehammer veut aussi briller devant son public. «En ce moment, je m'entraîne comme un décathlonien, je veux surtout m'améliorer dans les disciplines de lancer», précise-t-il.
Simon Ehammer se réjouit toutefois d'entamer la nouvelle saison sans stress ni pression. «Je ne dois pas me qualifier dès le début de la saison pour les Jeux olympiques ou un championnat du monde, je peux donc simplement voir comment ça se passe.» Les compétitions commenceront dès le mois de mars, avec les championnats d'Europe en salle à Apeldoorn, aux Pays-Bas, et les championnats du monde en salle à Nanjing, en Chine.
De son côté, Tatjana Ehammer ne s'est pas encore complètement remise d'une nouvelle opération subie cet été. Son genou continue de lui faire mal et une nouvelle opération est à l'ordre du jour. Elle souhaite cependant l'éviter en faisant beaucoup de physiothérapie. La skieuse cross-country n'envisage pas de participer à des compétitions. «Pour moi, ce sera un succès si je peux simplement me remettre sur les skis en février ou en mars.» Mentalement, tout n'est pas toujours facile à supporter. «J'ai subi neuf opérations en trois ans et demi. Mais j'ai une épaule solide à mes côtés, sur laquelle je peux toujours m'appuyer» dit-elle en regardant Simon.
Son grand rêve pourrait toutefois se réaliser lors des Jeux olympiques de 2026 en Italie. Mais d'abord, elle doit se frayer un chemin jusqu'à la Coupe du monde en passant par la Coupe d'Europe. Le couple espère donc pouvoir skier ensemble cet hiver. Simon Ehammer est lui aussi un passionné de ski et ne se prive pas de partir en piste. «J'aimerais bien faire une fois une randonnée à ski avec Tatjana.»
Mariage heureux
Sur le plan privé, le plus grand rêve de Tatjana et Simon Ehammer s'est déjà réalisé en 2024. Depuis septembre, ils sont un couple marié. Le point culminant de l'année écoulée. C'est dans le cercle familial le plus restreint qu'ils se sont dit oui. «Il était important pour nous de sceller notre amour, de le célébrer et de le partager avec nos proches.» «C'était une journée parfaite», résume Tatiana. Une grande fête avec tous leurs amis devraient suivre, mais les deux athlètes ne s'avouent pas pressés.
Pour le reste, le couple souhaite profiter au maximum de son temps ensemble en 2025. Des vacances sont prévues en avril et peut-être un voyage un peu plus conséquent en septembre. «La saison sera longue», prévient Simon Ehammer. Dans ce contexte, tout temps mort sera le bienvenu. «Je te souhaite de pouvoir réaliser tous tes objectifs et tes rêves», dit Tatjana en regardant Simon profondément dans les yeux. Une belle complicité avant la reprise des compétitions.