Fondé en 1890, le «Football club de la Servette», grand-père du Servette FC, fut l'œuvre d'un britannique pour pratiquer le football-rugby. Un peu moins d'une dizaine d'années après sa création, la section du ballon ovale laissa progressivement sa place au ballon rond. Ce n'est qu'en 2014 que Servette retrouve un pôle rugby, empli d'ambition.
Profitant d'une collaboration étroite avec le GSHC et les deux équipes du SFC, le club de rugby genevois grandit vite, très vite. En dix ans, il ravit trois titres, le dernier en battant Mauléon dimanche dernier (9-28), et fête neuf promotions pour évoluer la saison prochaine en Nationale 2. La 5e division française.
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Lors de la saison 2014/2015, le SRC rejoint la série 4, dernier échelon du rugby français. «L'idée, c'était de créer une véritable filière de formation pour les Suisses. Leur fournir un niveau de formation qui leur permet de rester dans leur milieu social et familial», explique le président et cofondateur du club Alain Studer. Le Genevois en sait quelque chose. Jeune joueur talentueux, il a été contraint de s'exporter en France, en Nouvelle-Zélande avec Auckland ou encore en Argentine pour percer au niveau professionnel.
Son pari post-carrière est payant – le Servette RC est aujourd'hui un club unique dans le paysage du rugby en Suisse. S'il comportait une trentaine de membres à ses débuts, le SRC en compte désormais plus de 600, dont 400 «gamins».
«C'est irrationnel. Le club grandit si vite»
«C'est irrationnel. Le club grandit si vite», commente le capitaine de Servette RC Romain Gauthier. Pourtant, au moment d'expliquer le succès du SRC, Alain Studer évoque une progression moderato: «On a toujours voulu monter les curseurs petit à petit. Beaucoup de clubs se lancent en mettant tout dans la première équipe. C'est un peu suicidaire.» Les mots d'ordre? Maîtrise de l'aspect commercial, bonne communication et humilité. «L'encadrement est aussi très performant. On essaie de mutualiser un maximum les efforts. On échange beaucoup entre les clubs (ndlr: GSHC et les deux SFC) et le résultat est là.»
La saison 2024/2025 aura été celle de la «marque» Servette. Un titre en Champions Hockey League pour les Aigles, la Coupe de Suisse de football pour les hommes ainsi que le doublé Coupe/championnat pour les dames. Force est de constater que la formule des trois clubs est gagnante.
Une réussite... et des sacrifices
Évoluer dans le championnat de France de rugby ne possède pas que des avantages. Trois entraînements par semaine et surtout des déplacements à travers tout l'Hexagone. Certains week-ends, l'équipe passe la plupart de son temps sur la route pour rentrer parfois dans la nuit de dimanche à lundi. Non-professionnels, les joueurs ne passent parfois que quelques heures dans les bras de Morphée avant de retrouver leur travail.
«On enchaîne travail et rugby. Mais c'est une passion», songe le capitaine de Servette RC Romain Gauthier. Le joueur de troisième ligne continue: «La Fédérale 1 et le rugby de manière générale sont exigeants. La vie de famille est parfois un peu sacrifiée. Mais quand on voit les émotions que l'on peut donner aux supporters, à nos familles… C'est juste magique – à l'image de notre dernier titre.»
Nationale 2
Déjà en Fédérale 1, certaines équipes possédaient un cadre professionnel. Le Servette RC en rencontrera encore plus à l'échelon supérieur. «On veut garder notre modèle. On n'a pas les moyens d'assumer une équipe professionnelle», justifie Alain Studer.
«Vous avez des équipes qui s’entraînent la journée et d’autres trois fois par semaine. Comme nous. Il va falloir très vite se mettre en ordre de marche et répondre présent. Le niveau de cette division est très relevé. Nous allons arriver avec beaucoup d’humilité et continuer de travailler pour que les résultats suivent», conclue le capitaine Romain Gauthier. Des résultats… et des infrastructures. Peut-être un des derniers bémols de la marque Servette.