Elles l'ont fait! 69 ans après leur dernière participation, les Suissesses vont à nouveau prendre part à un Euro de basket. Un scénario hitchcockien a permis ce dénouement. Si les protégées de François Gomez avaient rempli leur part du contrat (victoire sur la Bosnie 87-39), elles ont dû attendre le résultat des autres rencontres pour savoir si, oui ou non, elles allaient terminer parmi les quatre premières.
Le dénouement est arrivé lors du duel entre l'Autriche et la Croatie – un match qui avait lieu 3h30 plus tard. Si ces dernières l'emportaient de plus de 17 points, la Suisse ne verrait pas l'Euro en Italie, en Grèce, en Allemagne et en Tchéquie. Une rencontre très bien embarquée pour les Croates, qui menaient déjà de 20 longueurs à la mi-temps. «À ce moment précis, on a un peu abandonné, avoue Evita Herminjard. On était déçues.» La capitaine sait que la compétition internationale s'éloigne.
Sauf que l'Autriche s'est offert un baroud d'honneur et, malgré ses cinq défaites en autant de sorties dans ces qualifications, a recollé au score. À deux minutes de la fin, il n'y avait plus que 13 points qui séparaient les deux équipes. «Quand ça a commencé à sentir bon, on s'est toutes appelées sur Face Time et on a vécu le moment ensemble», explique Evita Herminjard. C'est l'explosion de joie au buzzer final pour les Suissesses, qui participeront à l'Euro en juin prochain (du 19 au 29).
Un changement d'entraîneur parfait
Un exploit qui, il y a un an, ne serait sans doute pas venu à l'esprit des joueuses, même dans leur rêve les plus fous. En mars 2024, François Gomez reprenait les commandes de l'équipe, après deux défaites d'emblée dans ces qualifications. «Sans lui et son staff, on n'aurait jamais pu y arriver, ose Evita Herminjard. Il avait confiance en nous dès le départ et, tactiquement, c'est un magicien.» Un changement de sélectionneur qui a permis à la Suisse d'enchaîner quatre victoires de rang et de décrocher cette qualification historique.
La joie est palpable dans la voix de la joueuse de Piestanske Cajky au moment où Blick la contacte. Elle est à l'aéroport et s'apprête à embarquer pour la Slovaquie. Mais elle a toujours de la peine à y croire. «C'est un truc de malade, souffle l'internationale de 26 ans, qui s'est offert un joli cadeau à six jours de son anniversaire. Ce matin, j'ai dû me pincer pour être sûr que ça s'était réellement passé.»
Une semaine faste pour le basket suisse
La délivrance est finalement arrivée après un «ascenseur émotionnel incroyable». Une qualification qui représente énormément pour celle qui a fait ses débuts en équipe de Suisse en 2015. «Jamais, je n'aurais pensé pouvoir disputer un championnat d'Europe, s'exclame Evita Herminjard. Dimanche, j'ai pleuré de joie tellement j'étais heureuse. C'est un gros accomplissement et on est fiers d'écrire l'histoire du basket féminin suisse.» Un sport qui a vécu une semaine faste en Suisse, quelques jours après la qualification de Fribourg Olympic pour les quarts de finale de la Coupe d'Europe FIBA.
Mais maintenant qu'elles y sont, Evita Herminjard et ses coéquipières ne vont pas se rendre à l'Euro pour faire de la figuration, malgré le classement FIBA le plus bas de toutes les participantes (65e). «On va donner le meilleur et, même si ça va être très difficile de gagner des matches, on sait que tout le monde va nous respecter», ajoute-t-elle.
La capitaine a-t-elle une préférence pour d'éventuelles adversaires? «À ce stade, il n'y a que des gros morceaux mais c'est vrai que si on peut jouer la France, ce serait incroyable.» Le tirage au sort aura lieu le 8 mars prochain.