«J'essaie de rester relax»
Justine Mettraux face à son plus grand défi

Trois marins suisses prendont part au prochain Vendée Globe, dont le départ est prévu le 10 novembre aux Sables-d'Olonne. Parmi eux une femme, l'ambitieuse Justine Mettraux, qui se prépare depuis deux ans à une course qui fait rêver tout en inspirant le respect.
Publié: 10.09.2024 à 11:27 heures
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Dernière mise à jour: 10.09.2024 à 11:56 heures
Justine Mettraux partira le 10 novembre des Sables d'Olonne.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

C'est dans son fief de Lorient que la Genevoise accueille Keystone-ATS, à deux mois de vivre son premier Vendée Globe, course autour du monde en solitaire, sans escale ni assistance. «Je me sens plutôt bien, glisse-t-elle d'emblée. On sort du chantier estival, on recommence tout juste à naviguer.»

«On se rend compte que cela prend du temps de maintenir le niveau de fiabilité du bateau», l'Imoca TeamWork (ex-Charal), racheté à Jémémie Bayou en 2022. «On doit notamment valider les voiles du Vendée. C'est bien de solutionner les petits problèmes maintenant, avant de se concentrer sur la performance», souligne-t-elle.

«Il n'y a pas encore de gros stress. L'été sert à mettre le bateau au point, on fait des ateliers qui prennent du temps», explique Justine Mettraux, qui a repris l'entraînement fin août en compagnie d'une quinzaine de skippers préparant le Vendée Globe. Elle devra être installée aux Sables-d'Olonne au plus tard le 18 octobre.

Le Vendée Globe, un aboutissement

Que représente le Vendée Globe à ses yeux? «C'est un aboutissement. C'est une des plus grandes compétitions dans la course au large en solitaire», répond la Genevoise de 38 ans. «J'ai la chance de me préparer dans de bonnes conditions, avec un bon bateau, de bons partenaires et une super équipe», se réjouit-elle.

«C'est super de pouvoir aborder un premier Vendée en espérant être compétitive», ajoute celle qui avait notamment terminé 4e de la Transat Jacques Vabre, transatlantique en double, au côté de Bertrand Delesne en 2017.

Cette compétitivité a évidemment un prix. «Pour toute la campagne, de 2022 à 2025, il faut compter environ 6 millions d'euros soit 2 millions par an. Les salaires constituent une grande partie: on est une dizaine à travailler sur le bateau. Il y a l'amortissement du bateau, les assurances, le matériel», précise-t-elle.

Quel résultat la satisferait? «Un top 10 serait satisfaisant. Mais c'est dur de tout anticiper, même si on a bien pu se préparer», souffle-t-elle. «Il y a des nouveaux bateaux qu'on ne connaît pas, il y a forcément une grosse concurrence, et il y a évidemment les impondérables», rappelle-t-elle.

Photo: AFP

«C'est difficile de se projeter pour un Vendée, il y a tellement d'aléas. On sait que tous les marins ne vont pas terminer la course, peut-être que ce sera mon cas. Il faut admettre qu'un abandon peut toujours se produire. On part pour deux mois et demi, pas pour deux semaines comme on en a l'habitude», lâche-t-elle.

Si elle vise le top 10, Justine Mettraux espère aussi remporter le classement helvétique. Oliver Heer étant peu ambitieux, c'est entre elle et Alan Roura (31 ans), 17e du dernier Vendée Globe, que cela se jouera. «La plupart du temps j'ai fini devant lui lorsque nous avons été opposés», rigole-t-elle.

Un travail minutieux

Une épreuve de deux mois et demi nécessite forcément une préparation minutieuse à tous les niveaux. Justine Mettraux travaille beaucoup sur le plan physique, aussi en dehors du bateau. La gestion du sommeil est également importante, même si «je n'ai pas fait récemment de travail spécifique sur le sommeil. Mais j'ai amélioré l'ergonomie du bateau pour mieux pouvoir m'y reposer», précise-t-elle.

La Genevoise travaille aussi avec une nutritionniste. «Elle m'aide à mieux me nourrir à terre et aussi à préparer mon ravitaillement afin que j'aie tous les apports nécessaires, qu'il fasse chaud ou froid. Elle m'aide aussi à varier, c'est mieux lorsqu'on passe plus de 80 jours en mer», s'amuse-t-elle.

La préparation mentale est également primordiale pour une épreuve aussi longue dans la durée. «Je travaille avec le même psychologue du sport depuis une douzaine d'années. On a fait récemment un travail plus spécifique: il est venu à Lorient avec l'équipe, pour mieux voir ce dont j'aurais besoin pendant la course.»

La navigatrice, qui emporte toujours avec elle un petit oeuf porte-bonheur, est en tout cas extrêmement détendue: «J'essaie de rester relax, j'apprécie que mon équipe le soit. Il y a beaucoup d'engagement physique, il faut être concentré, mais il faut agir dans le calme.» Le calme avant la tempête? Réponse dès le 10 novembre.

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