Jean-Guy Python, photographe
«Le Vendée Globe, c’est une histoire humaine»

Le Vendée Globe s’est élancé ce dimanche. L’occasion de s’entretenir avec le photographe Jean-Guy Python. Amoureux de la mer, il vient de publier avec le journaliste Grégoire Surdez un nouveau livre sur le skipper genevois Alan Roura.
Publié: 10.11.2024 à 21:47 heures
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Dernière mise à jour: 10.11.2024 à 22:24 heures
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Pour être au plus près de l'action, le photographe ne fait pas d'exercices particuliers, si ce n'est se renforcer un peu le dos.
Photo: Jean-Guy Python
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Thibault GilgenJournaliste Blick

Le grand départ du Vendée Globe 2024-2025 a été donné ce dimanche aux Sables d’Olonne, comme tous les quatre ans. Pour cette 10e édition, la course mythique a vu 40 skippers prendre le large en solitaire et sans assistance, pour un tour du monde de 40’000 kilomètres. Le record est toujours détenu par le Français Armel Le Cléac’h, qui a bouclé l’épreuve en 74 jours et 3 heures.

Jean-Guy Python est passionné de la mer. Pour lui, c'est même un besoin.
Photo: Jean-Guy Python

Mais l’appel de la mer ne concerne pas que les marins. Le photographe Jean-Guy Python s’apprête aussi à se mouiller en couvrant à nouveau la course. Après le succès de son livre «Suisses en mer», paru en 2020, le natif de Fribourg continue de lier son métier et sa passion: «J’ai besoin de la mer», s’exclame celui qui a par exemple travaillé pour l’agence Keystone ou encore «Le Matin». «La mer, c’est tellement vital, c’est tellement beau, que c’est un domaine dans lequel je me sens bien.»

Dans la continuité de son précédent livre, Jean-Guy Python a publié en septembre «Alan Roura: L’école du large» (éditions Favre), avec le journaliste sportif Grégoire Surdez. L’ouvrage retrace le parcours du navigateur genevois Alan Roura lors du dernier Vendée Globe. Dimanche, celui-ci prendra le départ pour la troisième fois sur l’épreuve. À tout juste 30 ans, il est arrivé au bout de la course lors de ses deux premières tentatives (2016 et 2020). Un exploit.

Une belle amitié

Outre la mer et la Suisse, c’est surtout une belle amitié qui lie le skipper et le photographe: «Avec Grégoire Surdez, on a rencontré Alan en 2013. Il avait 20 ans et il se préparait pour sa première mini-régate à Douarnenez. Et puis là, tout de suite, le courant est passé! C’est un type franc, sympa, ouvert, de bonne humeur… et voilà, on s’est pris d’amitié pour ce bonhomme.»

Le Genevois Alan Roura prendre le départ pour la troisième fois aux Sables-d'Olonne.
Photo: Jean-Guy Python

C’est alors tout naturellement que l’idée de faire un livre avec le marin est évoquée en février de cette année. «Il n’était pas sûr que ce soit adéquat au début, en raison de sa jeune carrière. Mais tout à coup, c’est devenu presque évident qu’il fallait faire quelque chose avec son troisième Vendée Globe», explique Jean-Guy Python.

Le résultat est donc un formidable recueil d’images, au plus près du navigateur et de sa famille. Un projet qui demande de jongler entre les émotions et la rigueur. «C’est une aventure passionnante, mais pas totalement incontrôlée», confie le photographe. «Il y a une somme de matériel accumulé au fil des courses et au fil de nos rencontres. Le plus dur à gérer, c’est qu’on a fait cela rapidement, parce qu’on voulait sortir le livre avant le début de la course. Je vous laisse imaginer le boulot d’édition qu’il y a à faire. De mon côté, j’ai par exemple travaillé sur l’iconographie avec ses parents, sur sa jeunesse. Il y avait un gros boulot d’archéologue à mener, si j’ose dire.»

Un photographe «tout-terrain»

Au plus près de l’action, Jean-Guy Python doit aussi composer avec l’exigence de tels événements, d’autant qu’il navigue d’un genre à l’autre:. «Je ne fais pas que des photos de mer, je suis photographe tout-terrain», rappelle-t-il. Une situation que son quotidien illustre parfaitement. «J’ai travaillé pour l’Opéra de Lausanne pendant quatre ans. Il m’est alors arrivé de couvrir un grand départ et de revenir le lendemain pour prendre des photos d’une répétition générale», sourit-il.

Jean-Guy Python a suivi le navigateur de près lors de son dernier Vendée Globe.
Photo: Jean-Guy Python

Deux contextes pour lesquels on ne se prépare évidemment pas de la même façon. «Ce qui change principalement, c’est le défi sportif que de telles photos représentent. Je ne fais pas particulièrement de sport, mais j’essaie de me maintenir le dos en place pour être à l’aise sur le zodiaque quand on suit la course sur les vagues», raconte celui qui est aussi papa de trois enfants. Les photos sont parfois prises depuis les airs, en hélicoptère. C’est le cas pour la couverture du livre sur Alan Roura par exemple. Il faut donc aussi savoir être un aventurier du ciel pour suivre ceux des mers.

Mais au-delà des défis techniques inhérents à son métier, ce sont surtout les rapports humains qui motivent encore et toujours Jean-Guy Python, après plus de trente ans de carrière. «Tout se résume à ça! Le Vendée Globe, c’est une histoire humaine», s’enthousiasme-t-il. «Prenez Alan Roura. Il fait preuve d’une telle franchise, il nous a accueillis avec tant de gentillesse. Il y a des poignées de main qui ne s’oublient pas.»

«Ça vous tire les larmes»

Les moments les plus forts restent les départs en mer, où ces marins prennent le large seul face à leurs destins, tout comme les retours. «J’ai eu la chance de vivre des départs aux Sables d’Olonne. Avant de prendre la mer, les concurrents passent sur un long chenal jusqu’à la ligne de départ. Au petit matin, il y a 250’000 personnes tout le long. Les marins, quand ils passent là-dedans, ça les transporte! Ça vous tire les larmes.» D’y penser, on a le coeur gros.

Un aventurier sur le bateau... mais aussi dans les airs pour prendre la photo.
Photo: Jean-Guy Python

Au retour, capter les retrouvailles avec les proches est très intense. Il y a aussi les marins qui remercient leur bateau de les avoir ramenés à bon port. Ce sont des instants suspendus qui restent gravés dans la mémoire du photographe.

La mer, une histoire de Suisses donc. Outre Alan Roura, la Genevoise Justine Mettraux prendra également le départ dimanche, tout comme le Saint-Gallois Oliver Heer.

La Suisse, pays de marins

Difficile toutefois de ramener des effluves maritimes jusque dans nos Alpes. Jean-Guy Python en est conscient: «Je ne vous cache pas qu’il est rare d'avoir des sujets de voile dans la presse suisse», souligne-t-il. Une réalité qui l’étonne d’autant plus qu’Alinghi a réussi à développer un réel intérêt du grand public pour ce sport chez nous. Qu’importe finalement, puisque Jean-Guy Python, lui, fait partie de ceux qui remontent les exploits de nos marins jusque dans nos contrées.

Aux prémices, ce sont bien des navigateurs helvétiques, comme Pierre Fehlmann, qui ont donné le goût de la mer à Jean-Guy Python. «Moi, j’ai fait un peu de voile, pour m’amuser, sans prétention. Une fois, j’étais wincher. C’est le type qui tient la manivelle et qui tourne à fond toutes les 30 secondes pour regonfler le spi.» Mais l’essentiel n’est pas ce qui se passe sur le bateau: «Encore une fois, ce sont ces aventures humaines qui continueront de me passionner aussi longtemps que je le peux.»

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