Samedi 3 août 2024. Jérémy Desplanches met officiellement un terme à sa grande carrière de nageur. Le Genevois, médaillé de bronze sur le 200 m 4 nages aux Jeux de Tokyo, a raccroché les palmes après le relais avec ses amis aux JO de Paris. Dans la zone mixte, les discussions sont déjà tournées vers l'avenir. Le désormais ex-nageur révèle qu'il participera, avec son père, au marathon de New York le dimanche 3 novembre. Une belle occasion de fêter respectivement leurs 30 et 60 ans.
À ce moment, sa femme Charlotte Bonnet était un peu sceptique. «Sur la ligne de départ, il ne va pas comprendre ce qui lui arrive», nous confiait la nageuse française. «Elle avait assez raison», en rigole aujourd'hui Jérémy Desplanches. Le Genevois et son papa, Gilles, ont bouclé ce dimanche les 42,195 km entre Staten Island et Central Park en 4h45:31. «On est extrêmement contents et satisfaits, s'exclame l'ancien nageur, contacté par Blick après la course. L'ambiance était dingue, que ce soit au niveau du public ou entre les spectateurs.» Les Desplanches en ont bien profité.
Des pépins dans la préparation
Il faut dire que Jérémy vient de loin. À Paris, il disait ne pas s'être procuré sa paire de baskets et d'avoir couru 200 m au maximum dans sa vie. «Pour ce qui est des chaussures, je les ai achetées à Paris, la semaine après les Jeux», explique-t-il. Et concernant l'entraînement, il révèle avoir été chercher des conseils auprès d'Olivier Baldacchino, le coach de Tadesse Abraham. Se préparer avec l'entraîneur d'un marathonien olympique, plutôt idéal. «Il a été très cool, lâche Jérémy Desplanches. Niveau cardio, ça a été. Mais par contre, j'ai eu mal aux genoux – je suis une grenouille, je ne connais pas les impacts normalement.» Tandis que le fils développait une périostite tibiale, le père s'est fêlé une côte et démis une épaule. Une préparation, pour le coup, tout sauf idéale.
Pourtant, Jérémy et Gilles Desplanches étaient bel et bien sur la ligne de départ du marathon de New York ce dimanche. «Quand mon réveil a sonné ce matin, je me suis dit: 'Qu'est-ce que je fous là?', rigole le champion d'Europe 2018. Et quand je suis arrivé sur place et qu'il n'y avait pas de piscine, je me suis rendu compte que ce n'était pas mon monde. Mais c'est la seule fois que j'ai regretté ce défi.» Sur la ligne de départ et entouré de 57'000 coureurs, les deux hommes n'avaient plus le choix.
Prêt à finir en chaise roulante
La course s'est bien déroulée pour les deux hommes. Le meilleur moment de Jérémy Desplanches est, paradoxalement, le plus affreux pour la plupart des marathoniens. Entre le 30e et le 35e kilomètre, les coureurs font face au fameux mur: les réserves d'énergie du coureur s'épuisent à ce moment. «On ne l'avait jamais dépassé avec mon père, révèle-t-il. Mais là, on ne s'est pas arrêtés pour marcher. Le fait de ne pas avoir abandonné, ça m'a marqué.» De son côté, l'ex-nageur précise que son passé l'a un peu aidé, que ce soit mentalement ou physiquement.
Cela ne l'empêche toutefois pas d'avoir, après la course, «les genoux en compote». Mais lâcher l'affaire n'a jamais été une question: «C'était le deal avec mon père: on devait le finir, que ce soit en rampant ou sans les jambes. On n'a donc jamais douté. Personnellement, je m'étais dit que si je devais être en chaise roulante pendant une semaine, ce ne serait pas grave.» Jérémy Desplanches promet qu'il sera remis pour son grand voyage avec Charlotte Bonnet en janvier. «Par contre, pas sûr que j'aille recourir d'ici là», rigole-t-il.
«Je suis extrêmement fier de mon père»
Au-delà du moment partagé lors des 42,195 km d'effort, père et fils Desplanches se sont beaucoup rapprochés durant la préparation. «À la fin de la journée, on se retrouvait pour courir et parler de tout et rien, précise Jérémy. Cet aspect de partage, c'est la beauté du sport. Et je suis extrêmement fier de lui: faire un marathon, à 60 ans, avec ton fils qui est un sportif pas dégueulasse, c'est quelque chose. Chapeau.»
En plus d'être médaillé olympique en natation, Jérémy Desplanches est désormais marathonien. De la même manière qu'il a participé à trois éditions des Jeux olympiques, le Genevois se voit-il recourir une telle distance un jour? «Pour moi-même, non, je n'ai plus rien à me prouver, répond-il. Par contre, si c'est pour une cause qui va au-delà de ma petite personne ou pour motiver quelqu'un de le faire, ça se négocie.» Avant de se faire harceler de messages à la suite de cette phrase, Jérémy Desplanches prévient: «Si possible, pas tout de suite!» D'abord, il y a un repos bien mérité pour son père Gilles et lui-même.