Les larmes ont moins coulé ce samedi matin que jeudi soir à La Défense Arena de Paris. Pour la dernière fois de sa carrière, Jérémy Desplanches a nagé une course olympique. En terminant 17e des demi-finales avec le relais 4x100 m 4 nages, le Genevois raccroche officiellement les palmes après une vie de bassins. Médaillé de bronze à Tokyo, il est l'un des quatre seuls nageurs de la natation helvétique à être monté sur un podium olympique. Sa compagne, Charlotte Bonnet, a quant à elle prolongé sa carrière d'un jour. La nageuse française s'est qualifiée avec le relais, un petit quart d'heure après la fin de la course de son mari. Après les larmes de samedi, peut-être que d'autres couleront dimanche soir, une fois que le couple aura définitivement mis fin à sa carrière.
Le nageur du bout du Léman a pu concourir pour sa der' en compagnie de ses deux potes genevois que sont Nils Liess et Roman Mityukov. D'ailleurs, les deux médaillés de bronze olympique se sont échangé leurs bonnets avant la course: «C'est une très grande fierté d'avoir nagé avec le sien, nous avoue Roman Mityukov après la course. Je vais garder le bonnet 'Desplanches' et lui le 'Mityukov'.» Et là, Jérémy Desplanches intervient, toujours le mot pour rire: «Jamais Desplanches et Mityukov n'ont nagé aussi vite sur respectivement dos et brasse.»
L'ambiance en zone mixte est détendue. La Suisse avait déjà peu de chances avec Noè Ponti d'atteindre la finale. Sans, c'était mission impossible. Le Tessinois ayant fait l'impasse pour se concentrer sur sa finale du 100 m papillon, c'est l'autre ami de Jérémy, Nils Liess, qui a pris sa place. Problème: le Genevois avait mis un terme à sa carrière… mardi matin, après le relais du 4x200 m libre. «Ça fait quatre jours que je ne nage pas, je pensais être en vacances, explique-t-il. Je l'ai fait pour Noè.» Mais aussi pour Jérémy Desplanches. «Finir une deuxième fois ma carrière avec mes deux potes et Antonio, c'était cool.»
«Roman et Noè peuvent être reconnaissants»
Puis, vient l'homme du moment – après avoir observé sa femme Charlotte se qualifier en finale du relais. «Là, je suis heureux et apaisé, confie Desplanches. Après l'individuel, j'ai pleuré de manière incontrôlable pendant une heure.» Le Genevois confie que dans la chambre d'appel, l'ambiance était «à la déconnade. Et jusqu'à minuit vendredi soir aussi.»
Le nageur suisse a donc passé ses derniers moments «dans cette combi que j'ai gardée pendant trop longtemps pour ne plus jamais en remettre». L'heure est désormais à la fête, entre les fins de carrière et la médaille décrochée dans ces JO pour les trois potes genevois.
Après sa demi-finale, sa compagne Charlotte Bonnet a aussi rendu hommage à son mari. «Il a fait une grande carrière et de pouvoir finir ici, c'est une chance. En plus, devant ses parents et ses amis qui l'ont encouragé, ça lui tenait à cœur», sourit la Française. Elle avoue que les émotions étaient plus grandes après leurs demi-finales respectives du 200 m 4 nages. «On s'est attendu après les courses, car on est toujours soudés, quoi qu'il arrive.»
Lucide, la Française analyse aussi l'apport de Jérémy Desplanches sur ses coéquipiers: «Je pense que si Noè et Roman sont là aujourd'hui, c'est parce qu'il a prouvé que c'était possible pour un petit pays d'amener des nageurs en finale et sur les marches du podium. Ils peuvent être reconnaissants de ce qu'il a apporté à la natation suisse.»
Place au marathon
Dimanche soir, le couple Charlotte Bonnet et Jérémy Desplanches va donc plonger dans l'inconnu. «C'est à la fois excitant et terrorisant, avoue le Suisse. Je ne connais que la natation – même si je pense avoir plusieurs cordes à mon arc. J'aime trop de choses, c'est ça le problème.» Peu importe le chemin, il promet d'y mettre autant de ferveur que durant sa carrière.
Avant un départ bien mérité en voyage pour six mois, Jérémy Desplanches a un dernier défi: le marathon de New York, le 3 novembre prochain. «Mon père fête ses 60 ans cette année et moi mes 30. On s'est lancé ce défi», détaille-t-il. Sauf qu'il est tout sauf prêt. «Je n'ai pas encore de basket et j'ai deux mois pour apprendre à courir plus de 200 m», rigole-t-il. Pour parvenir à la ligne d'arrivée, il va demander des conseils au coach de Tadesse Abraham, le marathonien olympique genevois.
Sa femme, Charlotte Bonnet, croit en lui. «Mais je pense qu'il ne se rend pas compte, s'exclame-t-elle. Sur la ligne de départ, il ne va pas comprendre ce qui lui arrive. S'il le termine, je trouve déjà indécent, mais on verra.» Car, chose est sûre, Jérémy Desplanches va se donner à fond. Comme il l'a toujours fait dans son incroyable carrière.