Il vise le titre national
Le «colosse de Lodz» effraie les adversaires du RC Yverdon

À bientôt 40 ans, Kacper Lawski poursuit sa carrière sous les couleurs du Rugby Club Yverdon. Le Polonais à la carrure impressionnante amène toute son expérience au club nord-vaudois, lui qui a aussi joué en Angleterre et en France. Rencontre avec «le colosse de Lodz».
Publié: 14:55 heures
Pour choper Kacper Lawski, mieux vaut s'y mettre à plusieurs.
Photo: GABRIEL LADO
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Thibault GilgenJournaliste Blick

«T’aurais pas un mollet droit à me filer?», voilà le genre de semi-plaisanterie que l’on entend au bord d’un terrain de rugby, comme en ce samedi après-midi ensoleillé à Yverdon. Au stade Municipal, les locaux ont rendez-vous avec Hermance pour un match au sommet du championnat suisse. Les Genevois sont tout simplement l’équipe la plus titrée du pays, avec douze coupes et douze sacres en LNA, dont le dernier remonte à 2013. Les Nord-Vaudois en comptent trois, dont une épopée inattendue en 2022.

Sur la pelouse, Kacper Lawski, lui, ne se plaint pas de son mollet. À presque 40 ans, le Polonais fait parler toute son expérience. Avant la Suisse, le rugby l’a mené un peu partout en Europe: en Pologne, bien sûr, où il a joué longtemps avec l’équipe nationale, mais aussi en Angleterre pendant quatre saisons, au Portugal et en France. Chez nos voisins, il a disputé douze saisons. Il a notamment joué avec Vienne et a rejoint Pontarlier en 2015, où il vit encore aujourd’hui.

Des règles attractives

Depuis 2020, il est passé de l’autre côté de la frontière et porte fièrement les couleurs d’Yverdon. Mais pourquoi choisir la Suisse quand on habite dans un pays qui respire pour le rugby? «Moi je ne le cache pas, j’ai choisi de jouer ici en raison du changement des règles en France. Là-bas, contrairement au règlement international, on ne pouvait plus faire certains plaquages ou des mêlées poussées.» Un fait qui attire beaucoup de joueurs dans le championnat suisse, confirme Vincent Piguet, le président du club yverdonnois: «En France, le rugby est un sport très médiatisé et ils ont vraiment peur que des joueurs se blessent. Les règles ne sont donc pas tout à fait les mêmes. Ici en Suisse, on joue avec les règles internationales.»

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Mais ce n’est pas la seule raison qui a poussé Kacper Lawski à découvrir le Nord vaudois: «Les longs déplacements le dimanche, ça a perturbé un petit peu ma vie professionnelle. On devait aller à Paris, Metz, et ça pouvait prendre jusqu’à huit heures aller-retour. J’ai pensé à la fin de ma carrière et je me suis dit que ce serait très bien de jouer ici les samedis avec toutes les règles internationales. Sans compter le fait qu’il est toujours agréable de découvrir un autre championnat», résume-t-il.

Il faut dire qu’en dehors du rugby, l’homme a une vie bien remplie. Il travaille actuellement chez Nestlé à Vers-chez-les-Blanc (VD) après avoir travaillé comme déménageur (forcément) chez ISS. Il est également père de famille, avec une fille de 18 ans et un fils de sept ans. Autant d’éléments à conjuguer avec sa vie de sportif. «Mon garçon fait aussi l’école de rugby à Pontarlier», sourit le deuxième ligne, dont le parcours l'a amené à maîtriser plusieurs langues.

«Je suis un peu le papa de l’équipe»

Du haut de son mètre 96, Kacper Lawski est affectueusement surnommé «le colosse de Lodz», du nom de sa ville natale. En lui posant quelques questions ce samedi après-midi, Blick ne voit plus le soleil et ne peut que constater que ce surnom est bien choisi. «Le colosse? Ouais, c’est vrai que ça fait déjà quelque temps que je suis à Yverdon», rigole le Polonais. «Mais je ne sais pas ce qu’il faut dire. C’est vrai que je suis un peu le papa de l’équipe, j’ai 40 ans cette année. Si je peux servir à quelque chose, en donnant des petits conseils, je suis heureux. Et puis je suis toujours en forme, donc j’essaie de me donner le plus possible.» Comme bien souvent, les colosses cachent des grands cœurs. Ainsi qu’une éthique de travail irréprochable, glisse le président Vincent Piguet: «Kasper est tout le temps en train de travailler, il se maintient et il fait très attention. Il est irréprochable.»

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S’il ne joue plus forcément des matches complets, le colosse sait trouver les mots justes pour motiver son équipe: «Notre force ici, ça doit vraiment être le collectif. En fait, individuellement, je trouve qu’on est tous très bons. Par contre, collectivement, on n’enchaîne pas trop. Du coup, on a trouvé les solutions pour essayer de jouer ensemble. Et ça, on le voit dans les résultats. Mais il y a des matches, de temps en temps, où l’on joue individuellement et ça se paie tout de suite.»

«On est capables de gagner ce championnat»

Ce samedi, c’est le collectif qui a triomphé, puisque Yverdon s’est imposé 61-12 contre Hermance. «C’est presque pas normal!», se marre le président. Kacper Lawski, lui, n’est pas surpris: «On a bien réagi parce qu’on avait perdu nos deux derniers matches contre eux. On n’est pas trop habitués à perdre. Mais là, c’était le leader en face. On voulait montrer qu’il y a un vrai esprit d’équipe, qu’on a tout ce qu’il faut pour gagner les matches. On s’est bien serré les coudes toute la semaine à l’entraînement et on a bien parlé dans le vestiaire. On a montré qu’on est capable de gagner ce championnat!» Yverdon en route pour un quatrième titre? Si tel devait être le cas, Kacper Lawski en serait assurément l’un des grands artisans. Et tant pis pour les adversaires du RCY.

Photo: GABRIEL LADO
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