Les «Nati Rockett» se battront
La Suisse ira-t-elle à la Coupe du monde de rugby?

L'équipe suisse de rugby participe en ce moment au Rugby Europe Championship. Cette compétition offre une chance de qualification pour la Coupe du monde 2027 en Australie. Malgré une lourde défaite initiale, l'entraîneur Olivier Nier et ses troupes sont prêts au combat.
Publié: 18:13 heures
Les Suisses Nicolas Mousties (à gauche) Cameron Holenstein (droite) lors d'un match contre l'Ukraine en avril 2024.
Photo: KEYSTONE
Blick_Thibault_Gilgen.png
Thibault GilgenJournaliste Blick

Le mois de février est l’un des points chauds de la saison de rugby. Le Tournoi des VI nations y occupe traditionnellement le devant de la scène et tient en haleine les fans du ballon ovale à travers l’Europe. En Suisse, très peu pour nous. Ce sont plutôt les exploits de Marco Odermatt ou de Lara Gut-Behrami qui nous font vibrer au cœur de l’hiver.

Mais en 2025, cela pourrait être légèrement différent. Et pour cause, l’équipe de Suisse de rugby est en lice dans une compétition qui tutoie les sommets. Le XV de l’Edelweiss est engagé en ce moment en Rugby Europe Championship. Cette compétition est souvent surnommée le «Tournoi B», en comparaison à son prestigieux grand frère des six nations. Elle est en quelque sorte la seconde division européenne, ou alors la première division des viennent-ensuite, c’est selon. Quoi qu’il en soit, elle donne accès à ce qui était jusqu’ici un lointain mirage pour la Nati: une Coupe du monde.

Tickets pour l’Australie

À l’issue des trois matches initiaux, les quatre meilleures équipes qui s’affronteront en mars lors des demi-finales s’offriront un ticket pour rejoindre les cadors du rugby lors du Mondial 2027 en Australie. Un cinquième participant aura également une chance de se qualifier par le biais d’un tour final.

Autant de bonnes raisons de se réjouir pour la Nati, qui profite ainsi d’une vitrine alléchante: «C’est un formidable cadeau», se réjouit Olivier Nier, entraîneur principal de l’équipe nationale. «On a travaillé très dur depuis 2016 pour atteindre ce meilleur niveau européen. On le vit vraiment comme un grand challenge et comme une grande chance d’affronter ce qui se fait de mieux en Europe.»

En ouverture de la compétition samedi dernier, l’apprentissage a toutefois été rude pour les Suisses, qui se sont fait écraser 110-0 par la Géorgie, une équipe qui lorgne une place au sein des six nations. «La quasi-totalité de leurs joueurs évolue au meilleur niveau français. On se rend bien compte de l’écart qu’il peut y avoir entre nos deux niveaux. Mais c’est dans ce type de matches que l’on apprend énormément, même si cela est assurément douloureux. Ce n’est jamais agréable de se prendre de tels écarts, mais en même temps, c’est un passage obligé», explique le coach.

Un apprentissage difficile

Ce dernier y voit d’ailleurs un excellent moyen de comprendre tout ce qu’il faut développer pour se frotter aux meilleures équipes, autant sur le plan collectif qu’individuel. Il faut dire qu’à ce niveau, chaque erreur se paie cash: «Ce qui change pour nous contre des équipes aussi fortes, c’est qu’à chaque fois qu’on fait une erreur, on se prend sept points. Ils sont tellement puissants et rapides qu’on ne peut pas compenser. Donc cela montre à chaque joueur à quel point il faut être rigoureux et très appliqué dans nos principes de jeux. Dès qu’on s’égare, on est sanctionné», analyse Olivier Nier.

Ce dimanche, au Stade municipal d’Yverdon, l’Edelweiss aura l’occasion de faire mieux face à l’Espagne pour un second match probablement plus équilibré. Les joueurs d’Olivier Nier joueront donc à la maison pour apprendre, mais ils en ont l’habitude, eux qui ont régulièrement le rôle du Petit Poucet: «Quand on a commencé cette aventure, au niveau du dessous, on était exactement pareil. C’est-à-dire qu’on savait très bien qu’on était condamné à l’exploit. Là, on remet cet habit, et cela nous va plutôt bien.» 

Les «Nati Rockett»

D'autant qu'il n’y a pas besoin de tergiverser longtemps pour puiser la motivation au sein du groupe: avec une participation à la Coupe du monde en ligne de mire, le rugby suisse vit peut-être des heures historiques. Pour porter l’équipe à son meilleur niveau, Olivier Nier et ses joueurs réinterprètent à leur façon «Rasta Rockett», le célèbre film sorti en 1993, dans lequel des Jamaïcains participent aux Jeux olympiques en bob à quatre. «L’idée est exactement la même. On fait face à un Everest. La montagne en Suisse, ça nous connaît, et il va falloir que tout le monde donne le meilleur, que tout le monde fasse preuve d’engagement et de résilience dans ce projet pour progresser et arriver en pleine forme sur les deux derniers matches, sur lesquels il restera une place pour la Coupe du monde», s’exclame Olivier Nier.

Le match face à l'Espagne sera en effet suivi par un déplacement aux Pays-Bas le 15 février. De quoi mettre le rugby helvétique en lumière, au moins l’espace d’une fin d’hiver. «Je pense qu’il y a tout pour que ce sport corresponde aux valeurs de la Suisse. Évidemment, comme toujours, il faut faire des résultats pour que les gens s’intéressent à vous et vous accompagnent. Mais en termes de valeurs, nous sommes en adéquation totale avec la culture d’ici. À nous de bousculer un peu l’ordre établi et de montrer que le rugby a toute sa place chez nous!»

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la