Plus de 3000 spectateurs au Stade municipal d'Yverdon ce dimanche! Venus de tout le pays, les supporters du XV à l'Edelweiss ont assisté au tout premier match de l'histoire du Rugby Europe Championship sur le sol suisse et ils ont fait du bruit pendant toute la rencontre. En cadeau, ils ont même eu droit au premier essai de l'histoire de leur équipe à ce niveau, inscrit par Cyril Lin, solide pensionnaire du RC Nyon.
Pour rappel, cette compétition représente le deuxième niveau du rugby européen, juste derrière l'intouchable Six Nations. La Suisse, en progression constante, y participe pour la première fois et, après une douloureuse défaite 110-0 en Géorgie pour débuter, a considérablement élevé le curseur ce dimanche. Les Espagnols l'ont emporté 43-13, sans aucune discussion, mais il y a eu un vrai affrontement sur le pré. Au final, les visiteurs ont décroché leur billet pour le Mondial 2027, en compagnie de la Géorgie, mais les Suisses ont encore une chance d'y arriver eux aussi, ce qui serait un exploit monumental.
Après le dernier match de groupe aux Pays-Bas (ce samedi), les Suisses vont en effet disputer les matches de classement face aux représentants de l'autre groupe, l'Allemagne et la Belgique. L'équipe qui sortira vainqueure de ces play-off à quatre aura droit à un barrage intercontinental, avec en jeu un ticket pour le Mondial 2027! La route est difficile, mais elle existe. Juste après le match face à l'Espagne, Blick a eu l'occasion de s'entretenir avec Cyril Lin, le héros du jour.
Cyril, c'est quoi ton sentiment au sortir de ce match?
Il y a de la frustration, parce qu'on a des occasions... Aujourd'hui, contrairement à la semaine passée, on a réussi à mettre quelques points, mais on aurait dû en mettre plus en deuxième mi-temps. Ça, c'est sur le terrain. L'autre sentiment, et il est tout aussi fort, c'est d'avoir réussi à attirer 3000 personnes et d'avoir fait un vrai match, d'avoir essayé de résister avec nos moyens. Tout le monde a joué, on a fait entrer un talonneur de 18 ans. Donc c'est un sentiment partagé.
Maintenant, c'est les Pays-Bas chez eux samedi...
Oui. Le but, c'est de progresser chaque semaine, d'être meilleur à chaque match. On part mercredi, ça va être encore un gros match. On va essayer de chercher quelque chose là-bas et ensuite on aura une semaine de repos, puis une semaine pour travailler et préparer ces matches de classement.
Aujourd'hui, vous avez rivalisé avec une belle équipe, qui part à la Coupe du monde 2027. C'est une belle fierté, non, si tu prends un peu de recul?
Ce qui me fait particulièrement plaisir, c'est qu'on a des nouveaux joueurs qui sont entrés, des joueurs de LNA en plus. C'est très bien pour le championnat de Suisse. Maintenant, je vais te dire, j'aurais aimé que ce soit plus serré, parce qu'avec ce public enthousiaste, si on avait eu une fin de match serrée, elle aurait pu être endiablée comme on les aime.
Comment arrivez-vous à créer cet esprit de groupe impressionnant?
C'est à l'image du pays. La Suisse est très cosmopolite, avec des citoyens de plusieurs origines. Sur le terrain, c'est la même chose. On a des 100% Suisses, des Français naturalisés, des Anglophones, des Alémaniques, des Romands... Chacun amène cette culture et ce plaisir d'être ensemble. On ne gagne pas d'argent, on vient pour l'amour du maillot, pour représenter une nation. On prend congé au boulot, sans solde pour certains, ou on prend sur notre temps libre avec nos familles. Juste pour le plaisir d'être un groupe, de vivre des moments exceptionnels et de donner du plaisir aux gens.
Toi, par exemple, tu fais quoi comme boulot?
Je travaille dans une école parascolaire, donc je vais rentrer chez moi ce soir et demain matin, je suis au travail, jusqu'à mercredi.
Là, tu prends congé spécifiquement pour aller aux Pays-Bas, donc? Tu prends sur tes vacances?
Je m'arrange avec mes responsables pour me libérer tous les jours où j'en ai besoin et on fera le point en fin d'année de mes heures et de mes jours à rattraper, oui.
La Coupe du monde 2027, ça te forcera à prendre un mois de congé...
On a le temps d'y penser encore, c'est dans deux ans et demi!
Il y a une chance raisonnable de vous qualifier? Tu l'estimes à combien de pourcent?
Il y a une chance, c'est sûr! On entre sur le terrain, peu importe contre qui on joue, et on y croit, même si on a peut-être que 1% de chances de gagner. Si on peut aller à la Coupe du monde, je n'en sais rien, mais on va jouer le coup à fond. En rugby, il y a plein de choses qui peuvent se passer, on l'a vu samedi avec le match de l'équipe de France, ou qui que ce soit. Dominer n'est pas toujours gagner. Après, la Géorgie était intouchable sur le premier match. C'était impossible. On le savait. L'Espagne, c'était déjà un peu plus à notre portée... Et les Pays-Bas, on ne sait pas trop où ils en sont, on verra.
Et pour les matches de classement, qui donneront un ticket pour le barrage, la dernière étape avant le Mondial, tu es optimiste?
Là, c'est le mental qui va jouer. On va affronter les Belges ou les Allemands, qui sont dans l'autre poule, et qui sont frustrés de ne pas être qualifiés directement. Ça va se jouer dans la tête. Tant qu'on entre sur le terrain avec le maillot de la Suisse, c'est avec beaucoup d'espoir et d'envie.