Juste après sa demi-finale olympique, Rachel Pellaud le sentait. «Je pense que les trois filles ici (ndlr: elle, Audrey Werro et Valentina Rosamilia) sont capables de faire tomber le record de Suisse cette année», avait prédit la spécialiste biennoise du 800 m. Ô combien elle avait raison.
Ce lundi soir à Bellinzone, Audrey Werro a abaissé le record national de Selina Rutz-Büchel de 19 centièmes, le faisant passer de 1'57"95 à 1'57"76. Un temps acquis en 2015 que la Fribourgeoise avait en point de mire depuis un moment. «L'année dernière déjà, j'étais proche, se souvient la principale intéressée. Et en revenant des Jeux olympiques, je savais que j'avais les capacités et que j'étais en forme pour faire un bon temps.»
Après une bonne nuit de sommeil bien méritée, elle qui est arrivée à 4h00 à Courtepin (FR), Audrey Werro est revenue sur ce que cette marque représente pour elle. «Je suis soulagée, confie-t-elle avant tout au téléphone. Je savais que c'était la dernière course de l'année pour atteindre cet objectif que je m'étais fixé.»
«Je décide de tout donner»
Rapidement, la Fribourgeoise a pris les devants dans cette course au Tessin. «Je savais après un tour de piste que j'avais un bon rythme, analyse-t-elle. Puis, lors de la dernière ligne droite, je vois le chrono au loin et je décide de tout donner.» Une bonne décision puisqu'elle franchit donc la ligne avec un nouveau record de Suisse à la clé.
Sur le coup, l'athlète de 20 ans sait qu'elle détient la meilleure marque nationale. Mais de combien exactement, c'est une autre affaire: «Je savais que le record précédent était de 1'57"9… quelque chose. Mais précisément, je ne me souvenais plus», rigole-t-elle. Nul doute que ce nouveau temps, elle va plus facilement s'en souvenir.
Quelques semaines off
Au Galà dei Castelli, Audrey Werro a également réalisé une deuxième grosse prestation en deux ans. L'année dernière, elle avait décroché les minima pour les Jeux olympiques. «J'ai toujours bien aimé cette piste, explique-t-elle. C'est certes un petit stade, avec un public proche, mais ça reste un grand meeting. Et j'aime bien l'ambiance générale.» Une ambiance qui le lui rend bien.
Après des JO difficiles, au sortir d'une blessure, où Audrey Werro n'avait pas atteint les demi-finales sur 800 m, c'est aussi un soulagement et une récompense. Que doit-elle travailler désormais pour être également performante sur la plus haute scène mondiale? «Entre autres la tactique, même si j'apprends de plus en plus», répond la Fribourgeoise.
Mais avant de penser à la suite, il faut d'abord profiter du présent. «Se dire que personne n'a été plus vite, c'est une fierté, explique Audrey Werro. Et ça l'est aussi de pouvoir représenter le canton de Fribourg sur la scène nationale et internationale.» Avant de renfiler ses pointes, elle a toutefois le droit à une pause maintenant que la saison est terminée. «J'ai quelques semaines off, même si je ne sais pas exactement combien», souffle-t-elle.
2025 sera également une belle année pour l'athlétisme avec, comme point fort, les Mondiaux d'athlétisme à Tokyo (13-21 septembre). Bien sûr, cela est de la musique d'avenir. Même si Audrey Werro y pense déjà. «Mais surtout, j'aimerais pourquoi pas continuer à améliorer mon temps.» «Mon temps» qui, désormais, fait office de record de Suisse.