Angelica Moser et Kevin Bozon se confient
«Je voulais l'embrasser dès le premier rendez-vous»

L’or aux championnats d’Europe a marqué un sommet dans la carrière d’Angelica Moser, tandis que les JO ont laissé une déception amère. Avec son compagnon Kevin Bozon, la perchiste se ressource au marché de Noël, prête à viser de nouveaux records et atteindre ses rêves.
Publié: 08:32 heures
Le hockeyeur professionnel Kevin Bozon et la perchiste Angelica Moser sont en couple depuis trois ans.
Photo: Joseph Khakshouri
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Yara Vettiger

L’odeur des crêpes fraîches emplit l’air, les éclats de rire des enfants résonnent dans le crépuscule, et des chants de Noël s’échappent des enceintes. Au cœur du marché de Noël de Montbéliard, dans le Doubs, une scène attire l’attention: Angelica Moser, 27 ans, et Kevin Bozon, 28 ans, glissent maladroitement sur la patinoire.

Le hockeyeur du HC Ajoie, pourtant habitué à évoluer sur la glace, peine à trouver son équilibre, trahi par les lames mal aiguisées des patins qu’il a loués. Même les professionnels peuvent vaciller. Sa compagne filme la scène, amusée: «Mon Dieu, on a l’air de vrais débutants!», plaisante-t-elle. Les rires éclatent à nouveau.

Pour son anniversaire en octobre dernier, Kevin a offert à Angelica des patins à glace. Pas de délicates patinettes blanches, mais de robustes chaussures de hockey noires. «Avec ça, nous ne serions pas embarrassés ici. Nous adorons patiner ensemble», confie-t-elle.

Les deux amoureux ne sont pas très à l'aise sur les patins.
Photo: Joseph Khakshouri

Le couple partage sa vie depuis trois ans et cohabite depuis un an et demi dans un appartement à Courrendlin, dans le Jura. Leur installation semble idéale: lui s’entraîne à Porrentruy, elle rejoint Macolin en une trentaine de minutes. Mais leur histoire n’a pas commencé de manière totalement harmonieuse.

«C’était le coup de foudre pour moi», avoue Kevin, légèrement gêné. «Dès le premier rendez-vous, j’avais envie de l’embrasser, mais je voulais être respectueux. Ça ne se fait pas.» Angelica rit en l’interrompant: «Mais tu l’as fait au deuxième, pas vrai?» Une complicité évidente les unit, fondée sur une profonde compréhension mutuelle.

Déception à Paris

Angelica Moser, perchiste de haut niveau, a connu une saison mémorable. En 2024, elle décroche l’or aux championnats d’Europe à Rome et établit un nouveau record suisse à 4,88 mètres à Monaco, terminant sixième du classement européen. Mais son rêve de médaille olympique s’est brisé à Paris. Lors des Jeux, après deux échecs à 4,85 mètres, elle tente 4,90 mètres et échoue de justesse à son dernier essai. Avec 4,80 mètres, elle termine quatrième, un résultat difficile à digérer : « La quatrième place est la pire pour un athlète. Après cela, je me suis sentie vide. Déçue, triste, frustrée et simplement vide », confie-t-elle.

«Doucement, sinon on va être malades!», s'exclame le couple sur le carrousel du marché de Noël de Montbéliard.
Photo: Joseph Khakshouri

Quatre mois plus tard, le sentiment d’échec s’est estompé. Moser est entrée dans l’histoire: aucune autre athlète suisse n’a fait mieux aux Jeux dans sa discipline. «Je sais que j’ai accompli quelque chose d’historique. Mais je pouvais faire encore mieux», soupire-t-elle. Kevin, fort de son expérience de sportif, comprend: «Je ne lui ai pas dit que ce n’était pas la fin du monde, parce que pour elle, à ce moment-là, ça l’était».

Familles de sportifs

Angelica Moser et Kevin Bozon ont tous deux grandi dans des familles où le sport est omniprésent. Son père, Severin Moser, était décathlonien aux Jeux de Séoul en 1988, et sa mère heptathlonienne. Quant à Kevin, son père Philippe et son frère Tim, coéquipier en équipe nationale française, partagent avec lui une passion pour le hockey. Philippe, entraîneur, a participé à quatre Jeux olympiques d’hiver.

«Angelica est incroyablement compétitive», plaisante Kevin. «Elle veut battre mon père!» Angelica, qui concède toujours avoir été très ambitieuse, taquine: «Eh bien, j’en ai déjà trois, il m’en reste deux pour dépasser ses quatre participations aux JO.»

Moser et Bozon se régalent de crêpes - elle avec de la crème de marrons, lui avec du sucre.
Photo: Joseph Khakshouri

«Je veux enfin décrocher une médaille mondiale»

Alors que Kevin est en pleine saison de hockey, Angelica profite d’une pause hivernale. Si leurs calendriers respectifs rendent parfois la gestion du temps complexe, ils trouvent le moyen de se soutenir mutuellement lors des grandes compétitions. L’année 2025 s’annonce chargée pour Angelica, avec des championnats d’Europe et du monde en salle, ainsi qu’un championnat du monde en plein air. «Je veux enfin décrocher une médaille mondiale», affirme-t-elle avec détermination.

Pour l’heure, le couple s’apprête à célébrer Noël en famille. Mais Angelica a déjà les yeux tournés vers les étoiles, celles qu’elle vise pour la saison prochaine et, pourquoi pas, pour les Jeux olympiques de 2028.

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