Longtemps délaissée, l’horreur est revenue en force sur les petits écrans ces dernières années, notamment grâce à des projets développés par les plateformes. Au point que ces dernières, Netflix en tête, s’affirment de plus en plus comme les porteuses des séries de genre. Alors qu’Halloween approche à grands pas, Blick vous propose six séries pour se faire peur. À voir de préférence dans le noir complet, avec le cœur bien accroché.
«The Haunting of Hill House»(Netflix)
Le problème du genre horrifique, c’est qu’il est souvent si balisé que cela devient difficile de surprendre, et donc de terrifier. Sortie en 2018, «The Haunting of Hill House» effectue un magnifique dépoussiérage de codes pourtant vus et revus. À commencer par celui de la maison hantée, au cœur de l’intrigue. La famille Crain a vécu à Hill House dans les années 1980, avant qu’un terrible événement la force à abandonner la demeure, depuis restée inhabitée. Trente ans plus tard, les cinq enfants Crain essaient toujours de surmonter leur traumatisme… jusqu’à ce que la maison se rappelle à eux.
La série, qui flirte avec le gothique, touche juste parce qu’elle ne cesse de brouiller la frontière entre les éléments fantastiques extérieurs franchement flippants et l’imagination fertile des enfants Crain. Où finit la réalité? Où commence le cauchemar? Pas besoin de surenchère gore ici, la belle écriture des personnages de la fratrie suffit à ce que le spectateur s’y attache… et tremble d’autant plus en regardant ce qui leur arrive. Les amateurs pourront d’ailleurs enchaîner avec deux autres séries horrifiques signées du même showrunner, Mike Flanagan: «The Haunting of Bly Manor» et «Sermons de minuit», également disponibles sur Netflix.
«Them»(Prime Video)
Au cinéma, l’horreur a permis au cinéaste Jordan Peele de raconter les vices d’une Amérique divisée et toujours profondément raciste. Dans la lignée de ses «Get out» et «Us», on retrouve la série «Them» de Little Marvin. En 1953, Henry et Lucky Emory, un couple afro-américain, fuient la ségrégation de la Caroline du Nord pour vivre le rêve américain en Californie. Les voilà installés dans une banlieue blanche de Los Angeles, semblable aux images des immenses panneaux publicitaires qui font partie du paysage. Mais ils déchantent rapidement lorsqu’ils se heurtent à l’hostilité silencieuse de leur voisinage et à des phénomènes paranormaux.
Les dix épisodes de la série suivent les dix jours de descente aux enfers des Emory en convoquant tout le bestiaire des monstres de la culture populaire américaine. Chaque membre de la famille a droit à son croquemitaine attitré et tous viennent illustrer les violences systémiques subies par les Noirs américains. La violence quasi insoutenable de certains épisodes n’a d’égal que celle, symbolique, d’un État incapable de surmonter son histoire ségrégationniste.
«American Horror Story»(Netflix)
Blick vous parlait il y a peu des séries produites sur Netflix par Ryan Murphy, showrunner prolixe et passionné. L’une de ses plus célèbres fictions, qui est aussi l’une des plus réussies, reste «American Horror Story». Pour cette série anthologique, dont chaque saison présente une histoire indépendante, il ne s’interdit rien et mêle horreur, fantastique, gore et érotisme, tentant tour à tour de surprendre, terrifier ou interroger.
D’hôtels hantés en asiles psychiatriques, de camp de vacances dangereux en cirque mal fréquenté, «American Horror Story» puise dans tous les codes de l’horreur pour bâtir des saisons forcément inégales mais, pour les plus réussies, parfaitement jouissives. Sans compter un casting de haute volée, avec la plupart des comédiens qui apparaissent dans plusieurs saisons. Sarah Paulson, Jessica Lange ou encore Evan Peters (qui a depuis prêté ses traits au cannibale Jeffrey Dahmer dans la série éponyme du même Ryan Murphy) ont ainsi fait partie de l’aventure.
«Penny Dreadful»(en VOD)
Dans le Londres victorien du crépuscule du XIXe siècle, une menace invisible massacre la population. La mystérieuse Vanessa Ives (Eva Green, forcément formidable) s’allie à un jeune homme violent, Ethan (Josh Hartnett), et à un vieux riche, Sir Malcolm (Timothy Dalton), pour débarrasser la capitale anglaise du mal qui la ronge.
«Penny Dreadful» n’est pas une série horrifique à proprement parler. Oubliez les «jump scares», ici tout est dans l’ambiance gothique parfaitement recréée, l’élégance des personnages et de la mise en scène, et les références à toutes les créatures fantastiques effrayantes de la culture populaire, des vampires à Frankenstein. La série, qui ménage quelques effets gores d’autant plus marquants qu’ils sont rares, parvient à faire naître une angoisse sourde au milieu de l’admiration pour sa réalisation quasi parfaite.
«Marianne»(Netflix)
Du sang, des portes qui grincent et des yeux révulsés: «Marianne», première série française d’horreur produite par Netflix, aligne tous les passages obligés du genre. Soit l’histoire d’Emma, romancière, qui écrit depuis toujours pour exorciser ses cauchemars et notamment celui d’une sorcière qui la poursuit. Lorsqu’elle décide d’arrêter enfin sa saga littéraire, il semblerait que la vieille maléfique le prenne mal. La voilà qui se réveille «pour de vrai» et poursuit sa créatrice, de retour dans sa petite ville natale.
Tournée dans les paysages humides de Bretagne, «Marianne» emprunte d’abord au thriller, puis au slasher (quand tous les personnages se font trucider un à un de façon toujours plus violente que le précédent), en marchant toujours sur le fil entre le premier et le second degré. C’est la grande force du showrunner, également réalisateur, Samuel Bodin. Celui-ci vient d’abord de la comédie (on lui doit notamment «Lazy Company», série déjantée sur des soldats américains complètement stupides envoyés au front pendant la Seconde Guerre mondiale) et parvient à injecter beaucoup d’humour dans son horreur.
«Hannibal»(Canal+)
Cette relecture de l’histoire d’Hannibal Lecter, tueur cannibale, est un petit bijou d’acting et de mise en scène. L’extraordinaire comédien danois Mads Mikkelsen y incarne Lecter, psychiatre renommé, qui a pour patient le jeune Will Graham. Celui-ci, profiler de génie pour le FBI, est peu à peu dévoré par sa fascination pour les serial killers, au point d’avoir du mal à distinguer ses délires et la réalité. Mais son état risque de ne pas s’arranger tout de suite, son psychiatre étant aussi celui qui commet les meurtres sanglants sur lesquels Will travaille…
Dans cette série, Lecter n’est pas un fou sanguinaire, mais bien un dandy au goût impeccable qui cuisine merveilleusement bien (beaucoup de viande, évidemment). D’ailleurs, «Hannibal» est une série qui donne très faim, poussant au maximum le concept de la fascination-répulsion. Le frisson vient moins ici de situations réellement terrifiantes que de la montée progressive de la violence et du gore, le tout servi par une mise en scène et une photographie absolument magnifiques.