Certaines sont adaptées d'œuvres littéraires, d’autres de jeux vidéo, d’autres encore s’inspirent de podcasts… nombreuses sont les séries qui ne s’appuient pas uniquement sur l’imagination de scénaristes doués. Le vendredi 21 avril en offrira un nouvel exemple avec «Faux-semblants». Six épisodes à venir sur Prime Video, qui sont en réalité adaptés d’un film de 1988.
C’est loin d’être une première: on se souvient bien sûr de «Stargate SG-1», l’une des séries les plus marquantes des années 1990-2000, inspirée du film de Roland Emmerich «Stargate, la porte des étoiles», sorti en 1994. Lorsque le cinéaste Peter Berg réalise «Friday Night Lights» en 2004, son film sur le football américain passe un peu inaperçu. En revanche, la série du même nom, qu’il développera lui-même entre 2006 et 2011, est devenue culte. Ce qui nous a donné chez Blick l’envie de revenir sur cinq séries incontournables dont les racines sont à retrouver au cinéma.
«Faux-semblants» (Prime Video)
En 1988, le réalisateur canadien David Cronenberg sort l’un de ces films perturbants dont lui seul a le secret. «Faux-semblants» («Dead Ringers» en VO) raconte l’histoire de Beverly et Elliot, frères jumeaux gynécologues qui partagent absolument tout, de leur appartement à leur clinique, en passant par leurs conquêtes. Jusqu’à ce que l’attachement réel de Beverly à l’une de leurs patientes vienne tout bousculer.
Prime Video s’apprête à sortir une série ce vendredi 21 avril. L’histoire est sensiblement la même à un (gros) changement près: Beverly et Elliot sont désormais des femmes, et Rachel Weisz tient le double rôle à la place de Jeremy Irons. Un changement qui n’est pas sans conséquence sur le point de vue de l’histoire, car les jumelles sont désormais déterminées à faire avancer la médecine coûte que coûte, en se lançant dans des expérimentations étranges. La série est donc plus politique que le film, et porte une réflexion intéressante sur les soins apportés aux femmes et la maternité. Rien d’étonnant avec Alice Birch aux commandes, scénariste de deux superbes films aux personnages féminins flamboyants, «Lady MacBeth» en 2016 et «The Wonder» l’an dernier -ce dernier est disponible sur Netflix, et on ne saurait trop vous le recommander.
«Westworld» (en VOD)
En 2016, HBO a un dilemme. Elle sait déjà que «Game of Thrones» s’arrêtera en 2019 et il faut préparer l’après. En lançant la série «Westworld», la plateforme espère que cette histoire de science-fiction permettra de rassembler autant de fans. Pour cela, elle adapte un film sorti en 1973, «Mondwest», salué à l’époque pour la modernité de ses effets spéciaux et de son propos. Le long métrage imagine un parc d’attractions hors de prix, dans lequel on recrée des époques passées (l’Empire romain, le far west et le Moyen-âge) pour les visiteurs, avec des robots en guise de figurants. Ce qui permet aux êtres humains de les tuer ou les violer sans scrupules.
La série «Westworld» reprend la même trame, avec les moyens techniques de son temps et la «patte» HBO faite de violence, de sexe et de politique. Si elle ne connaîtra finalement jamais le succès de «Game of Thrones», sa première saison est pourtant un véritable bijou. De la musique aux effets visuels, en passant évidemment par une intrigue complexe, mais impeccablement ficelée, tout y était proche de la perfection.
«Hannibal» (Canal+)
Ancien psychiatre devenu tueur en série cannibale, Hannibal Lecter est, au départ, un personnage de roman apparu dans les années 1980. Il a ensuite conquis le cinéma. Si la prestation d’Anthony Hopkins a marqué les esprits en 1991 dans «Le Silence des Agneaux», on oublie un peu trop rapidement que Brian Cox (oui oui, le Logan Roy de «Succession») lui a prêté ses traits dans «Le Sixième sens» dès 1986. Ce sera ensuite au tour de Gaspard Ulliel de s’y coller dans le terriblement raté «Hannibal Lecter: les origines du mal» de 2007.
En 2013, Hannibal effectue un retour fracassant sur les écrans, de télévision cette fois-ci, avec une série éponyme portée par l’acteur Mads Mikkelsen. Dans cette série, le psychiatre est toujours en liberté et compte parmi ses patients Will Graham, profiler pour la police mais très perturbé mentalement. Et cela ne risque pas d’aller mieux puisqu’il enquête (sans le savoir, bien sûr) sur les meurtres de son propre psychiatre. Très travaillée visuellement, magnifiquement interprétée et délicieusement retorse, «Hannibal» est parfois un peu tombée dans le maniérisme au cours de sa troisième saison mais reste une série d’excellente facture.
«Fargo» (en VOD)
Nommé sept fois aux Oscars, prix de la mise en scène au Festival de Cannes, le film «Fargo», des frères Coen, est aujourd’hui encore l’une des meilleures enquêtes policières racontées au cinéma. Dans ce style très caractéristique qui mêle humour noir et situations absurdes, les réalisateurs ont laissé une empreinte si durable qu’il semble impossible de vouloir le faire à leur place. Autant dire que lorsqu’en 2014, Noah Hawley, un parfait inconnu qui n’a travaillé que sur trois séries jusqu’ici, propose une adaptation sérielle de «Fargo», l’inquiétude dépasse de loin toutes les attentes.
Et pourtant, cette anthologie (chaque saison raconte une histoire différente) connaîtra un grand succès mérité. L’histoire n’a rien à voir avec celle du film, en revanche «Fargo» version 2014 reprend le même univers fictif et gelé. On y retrouve une tripotée d’acteurs géniaux, de Martin Freeman à Billy Bob Thornton, et le même humour que dans les films des frères Coen. Après trois ans d’arrêt, une cinquième saison devrait sortir cette année.
«Buffy contre les vampires» (Disney+)
C’est probablement l’une des séries les plus populaires du monde. Entre 1997 et 2003, l’intrépide Buffy Summers a tué des démons sur toutes les télévisions. Cette héroïne badass révolutionne la représentation des femmes sur le petit écran. Mais qui se souvient qu’au départ, il s’agissait d’un film? Le créateur de la série, Joss Whedon, a en effet signé un long-métrage, «Buffy tueuse de vampires», en 1992.
Dans celui-ci, Buffy est interprétée par Kristy Swanson, actrice aperçue dans de nombreuses comédies des années 1980-1990. Mais cette parodie de film d’horreur ne fait pas recette et Joss Whedon, estimant que son héroïne n’a pas connu le succès qu’elle méritait, se tournera donc vers la télévision pour lui donner une toute autre ampleur, bien plus sombre. Comme quoi, ce sont parfois les cinéastes frustrés qui font les showrunners brillants.