Si la guerre est l’un des thèmes récurrents du cinéma, ce n’est pas tout à fait le cas dans les séries. Au contraire, on compte même relativement peu de véritables séries de guerre. Steven Knight, à qui l’on doit «Peaky Blinders», vient pourtant d’imposer la sienne, toujours pour la BBC, diffusée depuis le 1er décembre en Suisse sur Canal+. «Rogue Heroes» est une plongée violente et cartoonesque dans le quotidien de soldats britanniques postés en Afrique du Nord pendant la Deuxième Guerre mondiale. L’occasion de revenir sur cinq séries de guerre incontournables, qui vont de l’épopée dramatique à la comédie.
1. «Rogue Heroes»
En 1941, l’officier britannique David Stirling, posté en Égypte, donne du fil à retordre à ses supérieurs. Tête brûlée, sourd aux consignes qui lui déplaisent, il finit hospitalisé après un exercice d’entraînement qui tourne mal. Lui vient alors une idée folle: recruter d’autres soldats ingérables comme lui pour former un bataillon spécial qui serait envoyé en plein désert derrière les lignes ennemies.
«Rogue Heroes» est inspirée de l’histoire vraie des Special Air Services, les forces spéciales britanniques, à partir de laquelle elle déroule des épisodes truculents et très rock. Le créateur de «Peaky Blinders», Steven Knight, est à la manœuvre pour filmer des explosions de violence sur fond de musique anachronique (on entendra AC/DC comme The Cure ou The Clash) qui font forcément penser à Quentin Tarantino. Au casting, Connor Swindells, aperçu dans «Sex Education», Jack O’Connell («Skins») et Dominic West («The Affair» ou la saison 5 de «The Crown») font des étincelles.
À voir sur Canal+
2. «M*A*S*H*»
La série de guerre culte par excellence n’est pas un drame, mais bien une comédie. Diffusée entre 1972 et 1983, «M*A*S*H*» suit les aventures du personnel du Mobile Army Surgical Hospital, installé en Corée pendant la guerre. On y croise pêle-mêle des chirurgiens dragueurs, un lieutenant-colonel bonne pâte, un major débile, raciste, sexiste et homophobe, ou encore un caporal antimilitariste.
Bourrée d’humour noir, «M*A*S*H*» se voulait autant une allégorie de la guerre du Viêtnam, en cours pendant sa diffusion, qu’une photographie du conflit en Corée, beaucoup d’épisodes étant basés sur des histoires rapportées par de véritables hôpitaux militaires. Sous le vernis comique, la série n’hésitait pas à questionner la place des États-Unis à l’international, à égratigner sa bureaucratie et ses élans belliqueux.
À voir sur Disney+
3. «Band of Brothers»
En 2001, Tom Hanks et Steven Spielberg, qui viennent de terminer le film «Il faut sauver le soldat Ryan», n’en ont pas encore terminé avec la Seconde Guerre mondiale. Ils décident de produire une mini-série de 10 épisodes sur le 506e régiment d’infanterie parachutée de la 101e division aéroportée de l’armée américaine. Depuis leur entraînement en Géorgie jusqu’à la victoire finale en Allemagne, en passant par le débarquement en Normandie, le siège de Bastogne en Belgique et la libération d’un camp de concentration, «Band of Brothers» balaie un large pan de l’histoire du conflit.
Ultra réaliste (chaque épisode est précédé d’une interview d’anciens du régiment), la série est une épopée historique guerrière dans toute sa splendeur et son horreur, qui a contribué à révéler une myriade d’acteurs au grand public. En 2001, seul David Schwimmer était connu grâce à «Friends». «Band of Brothers» a lancé la carrière de Damien Lewis (depuis vu dans «Homeland»), Neal McDonough («Desperate Housewives») ou encore Scott Grimes («Urgences»).
À voir sur OCS
4. «Un village français»
Une série de guerre… quasiment sans guerre dedans. Voilà l’ambition d’«Un village français», l’une des premières grandes séries hexagonales, qui se concentre sur le quotidien d’une bourgade fictive du Jura sous l’Occupation allemande. Ici, chaque personnage illustre une attitude pendant le conflit, depuis l’entrepreneur qui n’a aucun mal à collaborer aux Résistants, en passant par des réfugiés juifs et un maire qui tente de garantir la sécurité de tout le monde.
La grande force d’«Un Village français» réside dans sa capacité à la nuance. Ambitieuse, la série a permis de montrer la complexité de la guerre, loin de tout manichéisme, offrant à ses pires personnages des explications et des possibilités de rédemption. Réaliste mais toujours divertissante, elle interroge aussi le rapport à la mémoire et a, pour cela, été saluée par bon nombre d’historiens.
À voir sur Canal+
5. «Das Boot»
Comme l’illustre notre sélection, c’est bien la Seconde Guerre mondiale qui a inspiré une écrasante majorité des séries de guerre. «Das Boot» ne fait pas exception, mais se démarque en se situant en partie dans un sous-marin. En 1942, le U-612 allemand stationne dans le port français de La Rochelle. Frank Strasser y est affecté en tant qu’officier de communication, pendant que sa sœur, Simone, prend un poste à la Kommandantur. Tous les deux seront confrontés à la guerre et à la Résistance et devront faire des choix déterminants.
Sans révolutionner le genre, «Das Boot» accompagne sa minutieuse reconstitution d’interrogations existentielles sur les dilemmes moraux des êtres humains en cas de tempête. La série est surtout servie par un superbe casting. On y aperçoit Lizzie Caplan («True Blood») ou Tom Wlaschiha («Game of Thrones») mais surtout la solaire Vicky Krieps, actrice luxembourgeoise toujours impeccable, révélée dans le film «Phantom Thread» de Paul Thomas Anderson.