Après «Obi-Wan» et «Mandalorian»
«Andor», la série Star Wars de trop?

Une nouvelle série dérivée de l’univers Star Wars, «Andor», vient de sortir sur Disney+. Et malgré ses indéniables qualités, il est bien difficile de ne pas éprouver une profonde lassitude devant un univers essoré par de trop nombreuses productions médiocres.
Publié: 27.09.2022 à 14:10 heures
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Dernière mise à jour: 27.09.2022 à 16:11 heures
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Diego Luna est impeccable dans le rôle de Cassian Andor, qu'il interprète plus canaille que héros.
Photo: Des Willie
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Margaux BaralonJournaliste Blick

Au début, on se croirait plus dans «Blade Runner» que dans «Star Wars». Dans les ruelles sombres d’une ville futuriste trempée par une pluie diluvienne, un homme s’avance, capuche sur la tête et regard baissé. Aux aguets, il entre dans un bordel, cherche une jeune femme, sans succès. Jusqu’à ce que deux gardes bas du front viennent lui chercher des noises. Dispute, bousculade, les deux imbéciles finissent morts dans le caniveau. Et Cassian Andor, l’homme sous la capuche, devient un criminel recherché dans toute la galaxie.

Ce personnage, introduit dans l’univers Star Wars grâce au film «Rogue one», est l’un des leaders de la rébellion contre l’Empire. Il est désormais le héros d’«Andor», dernière série en date dérivée de la saga créée par Georges Lucas. En cours de diffusion sur la plateforme Disney+, celle-ci s’intéresse à son histoire avant qu’il entre en résistance. Alors que sa seule ambition est donc de retrouver sa petite sœur, dont il a été séparé lorsqu’il était enfant.

Acteur impeccable et esthétique soignée

«Andor» n’est pas une mauvaise série, du moins pas sur les trois premiers épisodes que l’on a pu voir. Il y a même de très bonnes choses. À commencer par son acteur principal, Diego Luna, impeccable dans le rôle d’un Cassian Andor plus canaille que héros. Le réalisateur Tony Gilroy, déjà coscénariste du film «Rogue One», emprunte au film noir, délaissant une grande partie du folklore habituel (ni Jedi ni sabres lasers ici) pour bâtir une intrigue policière avant tout. L’esthétique rétrofuturiste est soignée, avec des planètes qui ressemblent à des décharges et des gardes impériaux engoncés dans des petits costumes asymétriques.

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Seulement voilà, il est difficile de ne pas lâcher un soupir de lassitude devant ces épisodes pourtant pas si longs et bien rythmés. Et cela a moins à voir avec les qualités intrinsèques d’«Andor» qu’avec la stratégie globale des studios Disney. En choisissant de faire une trilogie de films pas terribles, à laquelle on peut ajouter deux spin-offs, dont l’infâme «Solo: A Star Wars story», ils ont épuisé la franchise au cinéma. «The Mandalorian» avait permis de lui donner un nouveau souffle en série, en faisant preuve d’originalité tant dans l’histoire que dans l’esthétique proche du western. Hélas, l’indigence du «Livre de Bobba Fett», puis les incohérences scénaristiques d’«Obi-Wan Kenobi», ont montré que la recette ne marchait pas à tous les coups.

Disney a renoncé à créer l’attente

«Andor» est la quatrième série en live action et l’univers semble essoré. Auparavant, chaque sortie Star Wars était un événement attendu par les fans. Désormais, Disney peut bien repousser ou avancer les dates de sortie («Andor» était au départ prévue pour fin août), la vérité, c’est qu’on s’en fout un peu. Il est de plus en plus difficile de se laisser cueillir par les bonnes surprises. Un comble, alors que c’était précisément le cas en 2016 avec «Rogue One», meilleur film Star Wars produit depuis des décennies.

Le pire, c’est que ce n’est pas terminé. En plus des innombrables fictions animées passées et à venir, Disney a programmé «Ahsoka», série dérivée sur la Jedi Ahsoka Tano, pour l’an prochain. Toujours en 2023, «The Acolyte» est un préquel de la prélogie. Le personnage de Lando Calrissian, crapule qui sévit dans toute la galaxie, doit lui aussi faire l’objet d’une fiction. Et le cinéaste Jon Watts, non content de pondre des Spider-Man sans saveur sur grand écran, a été embauché pour donner vie à «Skeleton Crew», une série dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu’elle comptera au casting Jude Law (ça, ça va) et des enfants (ça, c’est déjà plus inquiétant). Marvel, Star Wars, même combat. La rareté créait l’attente. L’overdose ne laisse présager que de la déception.

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