La sélection de Blick

Les 10 films de 2022 à voir absolument

Camille BertholetResponsable des Nouvelles Audiences

En première position de notre classement, un film qui a attendu la toute fin 2022 pour nous surprendre: «The Menu», sorti en novembre, est notre petit préféré de cette fin d'année. On y suit une dizaine de convives, invités par le chef Julian Slowik (Ralph Fiennes) à dîner dans son restaurant gastronomique, situé sur une île aussi isolée que flippante. Le groupe d'invités, dont on suit particulièrement le couple Margot (Anya Taylor-Joy) et Tyler (Nicholas Hoult), va aller de surprise en surprise (souvent mauvaises), jusqu'à découvrir que le menu annoncé n'est pas du tout ce qu'ils imaginaient à la base.

Annoncé il y a déjà plusieurs mois, ce film faisait partie de ceux qu'on attend avec une angoisse excitée, au vu du casting qui promet des performances exceptionnelles et donne envie d'être emballé. Porté par une Anya Taylor-Joy toujours aussi délicieuse en binôme remarquable avec l'excellent Ralph Fiennes, ce film au rythme effréné tient les spectateurs en haleine pendant deux heures sans jamais tomber dans les classiques jump scares du genre.

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Le réalisateur Paul Thomas Anderson a démarré l'année en grande pompe avec «Licorice Pizza», sorti en Suisse le 5 janvier et qui raconte l'histoire tendre de Gary Valentine (Cooper Hoffman), un jeune garçon de 15 ans qui tombe sous le charme d'Alana Kane (Alana Haim), une jeune femme de 25 ans, et tente à tout prix de la séduire. D'abord amusée puis intriguée par les sentiments fougueux de ce jeune garçon ambitieux, Alana se laisse peu à peu attendrir.

Le scénario en montagnes russes suit leurs aventures professionnelles et romantiques, qui les éloignent puis les rapprochent jusqu'à un final aussi satisfaisant que romantique. Rocambolesque et sensible, «Licorice Pizza» sort des sentiers battus, tant au niveau du scénario, qui vous balade au rythme des émotions des personnages, que de son esthétique, colorée et vivante. Les deux acteurs principaux, jusqu'alors pratiquement inconnus, brillent de mille feux et vous font ressentir leur amour mouvementé comme si vous le viviez.

Palme d'or à Cannes puis quatre fois récompensé au Prix du cinéma européen, «Triangle of Sadness» de Robert Östlund vous emmène à bord d'un paquebot de croisière de luxe pour un voyage dont vous vous souviendrez. Satire à peine voilée des plus riches et des nouveaux influenceurs, l'intrigue nous fait suivre des personnages tous plus déjantés les uns que les autres, qui vivront le naufrage de leur bateau comme une remise en question de l'ordre social établi.

Grinçant, «Triangle of Sadness» fait réfléchir autant sur les petits réflexes absurdes du quotidien que sur le sens global de la vie. Avec, entre autres, l'actrice Charlbi Dean (malheureusement décédée au mois d'août), Harris Dickinson et Woody Harrelson. Le précédent film de ce réalisateur, «The Square», sorti en 2017, avait également reçu la Palme d'or à Cannes et vaut le détour.

«Decision to Leave» est un film sud-coréen réalisé par Park Chan-wook et récompensé par le prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Parfois un peu difficile à suivre, son scénario tortueux nous embarque dans la vie de Hae-Jun, un enquêteur brillant quoiqu'un peu torturé, qui s'implique à 100% dans ses enquêtes. Son destin va basculer lorsqu'il va travailler sur la mort d'un homme retrouvé au pied d'une montagne. Hae-Jun rencontre alors la veuve du malheureux et leur histoire d'amour un peu malsaine (même si assez romantique) va commencer.

Clairement posée en deux temps (avec une première partie plus rythmée que la deuxième), l'intrigue s'étend sur deux heures et demie et vous fera ressentir la tension dont les thrillers coréens ont le secret. «Decision to Leave» vaut le détour pour ses acteurs impeccables (Park Hae-il dans le rôle du détective et Tang Wei dans celui de la veuve pas si éplorée que ça) et, surtout, pour sa photographie majestueuse et parfaitement maîtrisée.

Ce film est notre coup de cœur poétique de 2022: toute sa saveur réside dans son atmosphère et ses images enchanteresses, qui enveloppent Kya, l'héroïne impeccablement incarnée par Daisy Edgar-Jones, d'un halo qui vous fait oublier les quelques faiblesses du scénario. Retour sur l'histoire: cette jeune fille abandonnée par ses deux parents dans leur maison féérique au milieu d'un marécage grandit isolée de son village et de la société jusqu'à devenir une sorte de mythe pour les autres habitants, qui la surnomment «the marsh girl» (littéralement «fille du marécage»).

Sorte de Mowgli moderne, elle grandit entourée de la nature jusqu'à ce que la rencontre de ses semblables, et plus particulièrement de deux jeunes hommes, lui fasse découvrir les sentiments amoureux et perturbe son fragile équilibre. Après plusieurs péripéties, elle est finalement accusée de meurtre et doit combattre les préjugés jusqu'au dénouement final, qui nous a laissé en pleurs.

Sortez les mouchoirs: Romain Duris et Virginie Efira incarnent à la perfection un amour déchirant jusqu'à la folie, dans ce film sorti en janvier 2022 et réalisé par Regis Roinsard, déjà derrière le succès de «Populaire». Dans «En attendant Bojangles», Camille et Georges, couple à l'alchimie dévastatrice, vivent une histoire coupée du monde et élèvent leur fils Gary (impeccable Solàn Machado-Graner) loin des tracas de la réalité.

Quand celle-ci les rattrape, Georges essaie de poser les pieds sur terre pour maintenir leur fragile équilibre tandis que Camille se noie toujours plus profondément dans le délire, jusqu'au dénouement final, aussi beau que cruel. Âmes sensibles s'abstenir.

Cet OVNI total a débarqué dans les salles obscures suisses en juin en pulvérisant toutes les attentes. L'histoire de départ paraît simplissime: Evelyn Wang (Michelle Yeoh), immigrée sino-américaine, tient une laverie avec sa famille et est en burn-out total de son quotidien chaotique. Le rythme s'accélère lorsqu'elle est soudainement propulsée au rang d'héroïne malgré elle en découvrant qu'il existe plusieurs univers parallèles au sien et qu'elle peut emprunter les compétences de ses versions alternatives. Elle devra se battre contre l'ennemie qui menace le multivers, concept qui paraît basique, mais que le film orchestre avec une extravagance toute maîtrisée.

Ce chouchou des critiques et favori du public mérite sa place dans notre top 10 grâce à son scénario aux multiples rebondissements et à l'histoire de fond profonde, servi par une photographie délirante et explosive qui capture à merveille le chaos général du film. Presque toutes les chorégraphies et mouvements de kung-fu ont été réalisés par les acteurs eux-mêmes. Une pépite.

C'est le petit plaisir nostalgique de notre classement. «Top Gun: Maverick» reprend, plus de trente-cinq ans après la sortie du premier, tous les codes qui ont fait son succès: du Tom Cruise fringant capable de tout faire à l'école militaire qui inspire même les plus peureux à devenir pilotes d'avions de chasse. Pete «Maverick» Mitchell, as du manche à balai fort de plus de trente ans d'expérience, est chargé de former les nouvelles recrues de l'académie Top Gun. Au fil de l'histoire, il est forcé d'affronter ses vieux démons pour faire la paix avec son passé.

Ce film décapant rappelle de bons souvenirs tout en apportant une touche d'auto-dérision aux clichés machos qui parsemaient l'original. Un film qui détend et donne envie de savoir faire des loopings.

Situé dans les années 1970, «X» suit une équipe de production vidéo qui veut tourner des films pornographiques, pressentant un marché fructueux. Les six personnages principaux, Maxine (Mia Goth), Wayne (Martin Henderson), Bobby-Lynne (Brittany Snow), Jackson (Scott Mescudi), R.J. Nichols (Owen Campbell) et sa petite amie Lorraine (Jenna Ortega) vont alors s'installer sur la propriété d'un couple de personnes âgées pour tourner leurs images.

Hommages aux traditionnels slashers, les rebondissements gore alimentent une réflexion sur la peur de vieillir grâce à un casting taillé pour ces rôles. Mia Goth incarne également Pearl dans le film préquel éponyme, sorti en cette fin d'année aux États-Unis.

Film d'horreur britannique réalisé par Alex Garland («Ex Machina», «Annihilation»), «Men» raconte l'histoire de Harper, jeune femme endeuillée qui s'isole à la campagne pour panser ses plaies. Peu à peu, son séjour qui se voulait bénéfique pour sa santé psychologique vire au cauchemar, lorsqu'elle fait la rencontre de plusieurs hommes qui incarnent ses moindres démons.

Petit dernier de la liste et troisième film de notre classement produit par A24, «Men» ressemble beaucoup à l'histoire éternelle de l'emprise des hommes sur les femmes et finit sur une scène terrifiante que vous n'êtes pas près d'oublier.