Des Etats-Unis à genoux. Obligés de solliciter l’aide des avions canadiens et européens. Forcés de rameuter des détenus pour appuyer, sur le plan logistique, les soldats du feu affairés à combattre les flammes. Bien contents de voir débarquer des pompiers mexicains pour empêcher que les incendies ne dévastent encore plus de quartiers de Los Angeles, cette ville mythique, forge du rêve américain version Hollywood.
Tel est le spectacle que nous donne, depuis des jours, la Californie en proie à de violents incendies propagés par des vents meurtriers. L’effet du réchauffement climatique? Sans aucun doute. En Europe aussi, dès que les températures montent sur un sol cruellement privé de pluie, les forêts peuvent aisément se transformer en brasiers. Mais d’autres réalités, économiques, sociales, écologiques, sont spécifiquement américaines. Ce qui se passe à Los Angeles est bel et bien la preuve que le pays dont Donald Trump s’apprête à prendre les rênes, après son investiture le 20 janvier à Washington, est un colosse que le destin et les éléments peuvent forcer à mettre pied à terre.
Deux Amériques
Il faut, en effet, regarder en parallèle ces deux spectacles pour comprendre les Etats-Unis de 2025. Dans la capitale fédérale vers laquelle se dirigent déjà les supporters de MAGA (Make America Great Again, le slogan du président élu), les donations ont afflué à coups de millions de dollars pour cette journée de cérémonie qui marquera l’entrée en fonction du 47e POTUS (President of the United States). Tandis qu’à Los Angeles, capitale du divertissement cinématographie et poumon économique de cette Californie de la Tech et de la Silicon Valley, une autre Amérique brûle à ciel ouvert, abandonnée par les assureurs qui, au vu des risques, ont dénoncé unilatéralement de très nombreux contrats avec les propriétaires de luxueuses villas à Pacific Palisades, Brentwood ou Hollywood.
Oublions donc un instant les menaces de Donald Trump proférées contre tous ceux qui, selon lui, sont soit des adversaires, des concurrents ou des vassaux de l’Amérique. Oublions la peur qui paralyse, depuis son élection triomphale du 5 novembre, la plupart des gouvernements européens, étranglés par sa surenchère militaire et par l’étau technologique et numérique de son associé Elon Musk. Oublions enfin la triste fin du mandat de Joe Biden, ce président qui pense encore, à coups de discours et de mesures prises in extremis, sauver son mandat d'un naufrage incontestable.
Images sans appel
Ce que nous montrent les images en provenance de Californie est sans appel. Les Etats-Unis, aussi puissants et redoutés soient-ils, demeurent un pays vulnérable qui a besoin des autres. Et même les plus fortunés des Américains, retranchés dans leurs quartiers de villas de rêve, surplombant des paysages de rêve, ne seront jamais à l’abri des furies de notre planète, du climat, ainsi que de l’éventuelle incompétence des autorités.
Donald Trump, comme son exécuteur en chef Elon Musk, se trompent donc en désignant l’Etat comme le responsable de tous les maux, et les services publics comme des cibles à pulvériser pour que le capitalisme et l’enrichissement l’emportent sans freins. La tragédie de Los Angeles est la preuve que le géant américain ne pourra jamais s’affranchir de toutes les règles, de toutes les normes et de tous les dangers. Un constat terrible pour ceux qui affrontent les flammes. Un rappel salutaire à la réalité pour ceux qui, dès le 20 janvier, devront faire face aux Etats-Unis à l'heure de l'ouragan MAGA.