Le commentaire de Richard Werly
Le Washington Post le prouve: Trump effraie les magnats de la Tech

Le grand quotidien de Washington, connu pour ses sympathies démocrates, s'abstient de soutenir un candidat pour la présidentielle américaine. Logique, son propriétaire Jeff Bezos, comme celui du «Los Angeles Times», redoute une victoire de Trump.
Publié: 26.10.2024 à 19:39 heures
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Dernière mise à jour: 26.10.2024 à 20:31 heures
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L'ancien président Américain (ici avec Vladimir Poutine, le président Russe) disposera de moyens de coercition importants s'il revient à la Maison-Blanche.
Photo: imago/Russian Look
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ils ont peur. Et cette peur n’a pas fini de les hanter, à quelques jours de l’échéance présidentielle du 5 novembre aux États-Unis. Liés à l’État fédéral par des contrats gigantesques, souvent en provenance du département de la Défense, mais aussi directement concernés par les futures mesures protectionnistes en cas de victoire de Donald Trump, les magnats américains de la Tech ont choisi de se mettre aux abris. Surtout s’ils sont aussi propriétaires de grands médias, comme le «Washington Post» ou le «Los Angeles Times», deux quotidiens de référence outre-Atlantique.

Le «Washington Post» est le journal qui a révélé, entre 1972 et 1974, le scandale du Watergate, cette affaire d’espionnage du siège du parti démocrate qui a entraîné la démission de Richard Nixon, président républicain réélu le 7 novembre 1972. Le «Los Angeles Times» a longtemps été la boussole intellectuelle et culturelle de la côte ouest, et à ce titre le journal incontournable pour les magnats de Hollywood et pour ceux de la Silicon Valley. En sérieuse difficulté financière depuis des années, contrairement au «New York Times» ces deux titres n’ont dû leur salut qu’à leur rachat par deux milliardaires de la Tech.

Dans les ténèbres

Le «Post» est la propriété de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, entré en fanfare au capital du journal en 2017, un an après l’élection de Donald Trump, avec un slogan choc «Democracy dies in darkness» («La démocratie meurt dans les ténèbres»). Le «Times» est possédé par Patrick Soon-Shiong, un milliardaire américain d’origine coréenne, qui a fait fortune dans le secteur des biotechnologies. Ces deux journaux, historiquement, sont démocrates. Leurs éditoriaux avant l’élection présidentielle ont toujours appelé à voter pour le candidat de ce parti.

Or 2024 a tout changé. Désormais, leur loi éditoriale est celle du silence. Ni l’un, ni l’autre, ne plaideront dans leurs colonnes pour l’élection de la vice-présidente Kamala Harris, alors qu’ils soutenaient Joe Biden voici quatre ans. Le «New York Times», lui, appelle ouvertement à faire battre Donald Trump.

Il y a deux manières de juger ce revirement médiatique très commenté. La première peut consister à se féliciter de cette nouvelle neutralité, rupture bienvenue avec une tradition de gauche trop politiquement correcte et attendue de la part de ces deux quotidiens lus par l’establishment. Sauf que cette thèse ne tient pas au regard de la majorité des articles d’opinion publiés par ces deux titres, très largement en faveur de la candidate démocrate.

Elon Musk en embuscade

La seconde manière d’aborder le renoncement du «Washington Post» et du «Los Angeles Times» est d’y voir l’angoisse de leurs propriétaires à la veille d’un retour possible au pouvoir de Trump, accompagné de son principal soutien et protégé Elon Musk. Jeff Bezos, comme Patrick Soon-Chiong craignent pour leurs empires respectifs. Ils redoutent que l’ex-promoteur new-yorkais mette ses menaces de rétorsion à exécution, contre tous ceux qui l’ont politiquement combattu. Leur raisonnement est à la hauteur des contrats dont leur prospérité dépend. Avec, il est vrai à la clé, des dizaines de milliers d’emplois.

Funeste engrenage politique

Juger l’attitude de ces deux milliardaires est facile. Dénoncer leur peur, ou leur couardise, est de circonstance dans les milieux médiatiques progressistes. Soit. Mais le plus inquiétant n’est pas dans ce lâchage éditorial. Il est dans l’engrenage politique que ce scrutin engendre. Chacun, aux États-Unis, redoute de payer demain le prix de ses opinions. Plus personne, y compris les plus riches, ne se pense à l’abri d’un cataclysme après le 5 novembre.

Donald Trump fait peur aux magnats de la Tech parce que ces derniers redoutent un basculement de l’Amérique, et une vendetta économique. Le plus grand service que l’ancien président pourrait rendre à son pays, s’il devait l’emporter, serait donc de prouver en urgence que ces détracteurs ont eu tort. En assurant l’Amérique et ses alliés qu’il demeurera toujours le garant d’une totale liberté de la presse et des opinions dans la première démocratie mondiale.

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