L’affaire a enflammé la toile pendant quelques semaines: les deux géants de la nouvelle économie, Elon Musk, patron de Tesla et de X (anciennement Twitter), notamment, d’une part, et Mark Zuckerberg, papa de Meta, de l’autre, allaient se mesurer dans un combat titanesque et public de MMA (des arts martiaux mixtes, comprendre un ring que l’on nomme «cage» et où tous les coups sont permis ou presque).
Sur la toile, les détails affluaient sur cette confrontation: on parlait d’un amphithéâtre romain (Elon Musk citait Horace dans des envolées lyriques), on articulait le prix des places (fort élevé, mais il était précisé que le tout serait reversé à une association caritative), on chuchotait la date (le 26 août).
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Sauf que le combat, prévu samedi passé, ne s’est finalement jamais tenu et ne se tiendra sans doute jamais. Engoncés dans leur masculinisme de surface, rivalisant de déclarations pompeuses et gonflant les biscotos verbaux, les deux colosses du numérique auraient-ils finalement vu leurs attributs virils réduits à l’état de raisins de Corinthe à l’approche de la confrontation?
La réalité dépasse souvent la fiction
A vrai dire, c’est envers Elon Musk que les commentateurs se font le plus sévère. Il est vrai qu’il est indéniablement celui qui a le plus usé des ficelles romanesques, faisant miroiter un combat épique avec une référence aux gladiateurs et promettant que tout dans le cadre de la caméra allait être comme du temps de la Rome antique… Pour semble-t-il finalement renoncer. Dieu sait ce qu’il lui a manqué pour que le combat se tienne. Le courage, peut-être.
Mais rembobinons un peu le film: c’est dans une escalade verbale rapide, par voie de posts publiques, que les deux coqs ont fini par se défier, début juillet, presque sans le vouloir. La raison? Un conflit qui opposerait les deux hommes concernant «Threads», dispositif communicationnel développé par Meta et vu comme directement concurrent à X. La galvanisation de l’opinion publique a fait le reste.
Ou alors, comme le suggère Aurélie Jean dans sa chronique sur France culture, peut-être s’agissait-il en réalité d’une opération coordonnée, d’une forme de coup (de poing) marketing pour détourner l’attention publique des vrais sujets du numérique?
La thèse est certes audacieuse, mais elle a le mérite de proposer une explication à la fois séduisante – la manipulation des masses par un écran de fumée – et pas totalement irréaliste – quand l’on pense à Cambridge Analytica et à toutes les influences connues sur les élections et autres processus démocratiques. La réalité, souvent, dépasse la fiction.