De longue date, l’intelligence artificielle excite les foules. Elle aiguise aussi désormais dans notre petit pays des appétits politiques divers et variés, de fortune variable. Tandis que le Conseiller national Samuel Bendahan (PS) propose de prendre à bras le corps la problématique de l’IA, son collègue vaudois Olivier Feller (PLR) prêche quant à lui pour une interdiction pure et simple de certains dispositifs comme ChatGPT.
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À la vérité, l’interdiction est une voie évidemment sans issue, qui plus est lorsqu’elle est le fait d’un seul pays. Elle est en outre parfaitement inapplicable, de nombreux dispositifs techniques permettant d’accéder tout de même à des contenus en principe bloqués pour la Suisse, phénomène de contournement déjà largement observé s’agissant de l’interdiction des casinos en ligne étrangers.
Éviter la prime à l'inaction
Quant à prendre à bras le corps la problématique de l’IA, tout dépend de ce que l’on entend par là. S’il s’agit, pour la Suisse, de développer un corpus de normes maison, l’affaire est au mieux sans importance. Mais s’il est question de développer des compétences transdisciplinaires et de les émuler, alors cela mérite écoute attentive.
Au moment où les parlementaires européens donnent le signal de la régulation (en votant pour un Règlement européen de l’IA à adopter en principe d’ici à la fin de l’année), leurs petits frères et sœurs d’Helvétie veulent montrer que la Suisse compte dans le débat global. C’est sans doute faux, mais cela ne doit pas être une prime à l’inaction puisque, s’agissant d’une matière aussi complexe et aussi transdisciplinaire que l’intelligence artificielle, chaque réflexion est véritablement bonne à prendre.