Alors que certains affirment, sans jamais le démontrer, que «construire des routes crée du trafic» comme s’il s’agissait d’une loi scientifique universelle, une citation apocryphe attribuée au chimiste du XVIIIe siècle, Antoine Lavoisier, me vient à l’esprit: «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.»
Ce principe bien connu des écoliers est d’une actualité surprenante au moment où l’élargissement de 2,3% à peine du réseau autoroutier suisse sera soumis en votation le 24 novembre prochain, suscitant un débat passionné.
Liberté, liberté, liberté
Quel est donc le mécanisme qui gère le flux de la mobilité individuelle et quelle loi physique expliquerait largement son écoulement? A bien des égards, elle peut être comparée à l’eau: elle est extrêmement fluide, s’infiltre par n’importe quel interstice et choisit toujours le chemin le plus direct.
Par analogie, la mobilité individuelle est extrêmement fluide (liberté de mouvement), s’écoule sur tous les modes de transports (liberté de choix du moyen de transport) et choisit systématiquement le moyen le plus direct et économique pour atteindre sa destination (homo economicus). Que se passe-t-il quand cette mobilité individuelle se trouve confrontée à un obstacle?
Maintenir le flux sur l'autoroute
Ici également, l’analogie avec l’eau est riche en enseignement: elle cherche à le contourner pour s’écouler au plus vite et atteindre sa destination. C’est exactement ce qui se passe avec les autoroutes, et que celui qui n’a jamais écouté son navigateur pour éviter un bouchon constaté ou annoncé lève la main!
Ainsi, les véhicules, privés ou professionnels, cherchent un chemin plus rapide lorsque les autoroutes sont bloquées, et se déversent sur le réseau secondaire, inondant au passage les villes et villages qui se trouvent sur leur route, mettant en péril la sécurité routière des plus vulnérables d’entre nous, piétons et cyclistes compris. Voulons-nous vraiment cela? Ne devrait-on pas plutôt diriger et maintenir ce flux de véhicules sur l’autoroute en augmentant sa capacité?
Le principe des «vases communicants»
Ce phénomène, aussi connu sous l’appellation des «vases communicants» est une évidence pour tous les observateurs et une réalité pour les riverains. Et c’est le même trafic qui passe d’un vase à l’autre. Si les autoroutes nouvellement élargies attirent à elles davantage de véhicules, c’est en soulageant simultanément les routes secondaires. Et c’est l’objectif!
En paraphrasant Antoine Lavoisier je dirais à ce sujet que «rien ne disparaît, rien ne s’ajoute, tout se déplace». Car la mobilité individuelle ne disparaît pas, elle ne se crée pas non plus, mais elle se déplace en passant d’une autoroute à une route cantonale, et vice-versa en fonction des obstacles du moment.
Tout en modifiant mieux encore nos habitudes lorsque cela est possible, et tout en renforçant toujours davantage nos transports en commun, votons donc un grand OUI le 24 novembre prochain pour que la circulation soit canalisée sur l’autoroute et ne mette pas en péril, par ses débordements, et avec son lot de nuisances, la sécurité routière dans les villages!