La chronique de Céline Amaudruz
De l’inefficacité du terroir

La conseillère nationale UDC Céline Amaudruz défend l'agriculture suisse. Pour la Genevoise, soutenir notre terroir et la production, c'est prendre soin de notre pays.
Publié: 08.02.2025 à 12:11 heures
Pour Céline Amaudruz, protéger notre terroir, c'est prendre soin de notre pays.
Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC

Parcourant la presse romande à l’heure du café il y a deux-trois jours, je suis tombée sur une prise de position surprenante voire franchement indigeste. L’auteur du propos fut président de la Confédération mais il a dû l’oublier. Fervent défenseur de l’accord-cadre et du libre-échange sauvage, l’ancien professeur d’économie ne mâche pas ses mots. 

«Chez nous aussi, en Europe et en Suisse, le terroir, le climat, la souveraineté et le local fournissent un terrain fertile aux relents protectionnistes, où il est toujours question de protéger l’inefficace et de punir le plus compétitif.» 

Concis, qui s’exprime en peu de mots

C’est l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on lit ce propos. Dézinguer l’agriculture suisse d’une façon aussi laconique force le respect. Si l’exercice de style est à saluer, le fond est profondément choquant.

«
On ne compte plus les réglementations diverses et variées qui accablent le monde agricole
»

Comment un ancien président de la Confédération peut-il s’en prendre avec tant de mépris aux femmes et aux hommes qui travaillent d’arrache-pied pour nourrir le pays? Il est vrai que les agriculteurs suisses ne produisent pas au même prix que leurs homologues lointains mais peut-on réellement parler d’inefficacité?

De l’environnement

En bonne logique libre-échangiste, l’agriculture suisse ne devrait pas exister. Il faut être profondément têtu pour s’enquiquiner à tirer quelque denrée que ce soit d’un environnement aussi hostile. La solution? Aller ailleurs, là où des centaines de milliers d’hectares de surface agricole vraiment utile sont disponibles. Les grandes plaines céréalières, les élevages de plusieurs dizaines de milliers d’animaux, là-bas on peut être compétitif mais en Suisse, tout est si petit, si malcommode. A quoi bon?

Des normes

Autre élément qui n’avantage pas nos producteurs, les normes qui leur sont imposées. On ne compte plus les réglementations diverses et variées qui accablent le monde agricole.

«
Prendre soin de notre terroir, de la production locale, ce n’est pas privilégier l’inefficace au profit du compétitif
»

Le bien-être animal, le respect de la nature constituent des impératifs sur lesquels nous ne saurions transiger, mais de là à noyer les paysans sous une paperasse aussi chronophage qu’inutile, il y a un pas que l’administration a franchi allégrement. De cela, notre pourfendeur de l’agriculture suisse ne parle pas et pour cause, il a largement contribué au délire réglementaire à l’époque où il siégeait au Conseil fédéral. 

De l’inefficacité du local

Les produits locaux ne s’alignent pas sur les cours mondiaux comme nous venons de le voir mais ils sont produits ici, chez nous, sur notre sol. Lorsque les importations vacillent pour cause de crise, Covid ou guerre en Ukraine par exemple, les produits du cru constituent notre seul recours.

Durant les périodes tourmentées, les tenants du libre-échange barbare redécouvrent avec bonheur ce que l’inefficace propose faute de disposer de compétitif. Ce constat vaut dans bien des domaines, les prix de l’énergie nous l’ont cruellement démontré. 

Patriotisme économique

Prendre soin de notre terroir, de la production locale, ce n’est pas privilégier l’inefficace au profit du compétitif mais simplement veiller à ce que nous puissions faire face aux crises en limitant leurs conséquences. La Confédération le recommande d’ailleurs aux particuliers.

Le 13 janvier dernier, l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays publiait ceci sur son site: «Les provisions domestiques vous éviteront bien de mauvaises surprises. Elles vous garantiront moins de stress et de panique. Chacun de nous a donc intérêt à se préparer à une certaine autarcie pour surmonter un cap difficile.»

Prendre soin de notre pays

Soutenir le terroir, la production locale, c’est préparer «une certaine autarcie pour surmonter un cap difficile». C’est remercier le monde agricole pour le travail qu’il effectue chaque jour en notre faveur. C’est prendre soin de notre pays. 

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