La chronique de Céline Amaudruz
Berne ne manque jamais d’idées pour tondre le contribuable

La conseillère nationale UDC Céline Amaudruz revient sur la 13e rente AVS, acceptée par l'électorat suisse. Elle insiste sur le fait que, bien qu'elle traîne des pieds, la Berne fédérale doit respecter la décision populaire. Et ne pas tenter de tondre le contribuable.
Publié: 22.10.2024 à 12:29 heures
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Dernière mise à jour: 23.10.2024 à 02:16 heures
Photo: Keystone
Par Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC

Il y a quelque temps, la population suisse s’est prononcée en faveur de la 13e rente AVS. Les opposants défaits dans les urnes font de leur mieux pour retarder l’entrée en vigueur de cette mesure pourtant soutenue par un vote démocratique. Le financement de ce coup de pouce en faveur de nos aînés semble insurmontable. Il n’y a pas d’argent, ni ici, ni là, bref, on ne va pas y arriver. 

Mais en démocratie, c’est encore le citoyen qui a le dernier mot. Et lorsque ce dernier décide, il appartient au monde politique de se plier aux résultats sortis des urnes. Les atermoiements fédéraux ne sont que manœuvre dilatoire au détriment de nos aînés qui goûtent sans doute modérément la mauvaise volonté manifestée sous la coupole.

Un vent mauvais au Palais fédéral

La façon dont Berne fait du surplace au sujet de la 13e rente n’est pas une première. Cela fait déjà bien une dizaine d’années que Conseil fédéral et Parlement s’arrogent une prérogative que la Constitution ne leur donne pas, celle de corriger les décisions populaires. 

On a pu le constater avec l’initiative contre l’immigration de masse acceptée par le peuple et les cantons le 09 février 2014. Le résultat ne convenait pas, la population s’était fourvoyée en cédant aux sirènes de l’UDC, bref, il fallait remettre les choses en place. Résultat: un texte accepté démocratiquement réduit à rien par la Berne fédérale, soucieuse de rester dans les bons papiers de Bruxelles.

La 13e rente, c’est maintenant !

Dans le cas de la 13e rente, il n’est pas question de remodeler une décision populaire. Le texte est clair, les personnes au bénéfice de l’AVS vont recevoir leur rente 13 fois par année et non plus seulement 12. Berne doit donc s’exécuter, avec une évidente mauvaise volonté comme on vient de le voir. 

Mais pareil affront ne saurait rester impuni. Berne ne manque jamais d’idées lorsqu’il est question de tondre le contribuable. Ces retraités qui viennent de gagner contre le Conseil fédéral, on va quand même bien trouver une combine pour les mettre à contributions, c’est le cas de le dire.

Un bas de laine pour nous, une aubaine pour Berne

Cela n’a pas échappé au Conseil fédéral qui entend faire passer le citoyen à la caisse lorsqu’il profite de son deuxième ou de son troisième pilier. Sans vouloir jouer les esprits chagrins, on peut tout-de-même dire que l’Office fédéral des assurances sociales navigue à vue. Certes, comme disait Pierre Dac, la prévision est difficile, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir, mais lorsqu’on parle de plusieurs milliards, une certaine attention devrait être de mise. 

Compte tenu de l’incertitude des chiffres avancés par la Confédération, nous sommes nombreux à juger utile de compléter le premier pilier par un 2e voire un 3e afin de garantir une retraite à l’abri du besoin. On parle de centaines de milliards, somme appartenant aux épargnants dans le cadre de la prévoyance individuelle.

Il n’y a qu’une lettre de pilier à piller

Berne s’apprête à exploiter ce filon avec son projet de baisse drastique des avantages fiscaux lorsqu’il est question pour l’assuré de récupérer 2e et 3e pilier. En fonction d’autres facteurs comme le revenu notamment, le montant prélevé par la Confédération pourrait doubler – voire quadrupler –, ceci au détriment de l’épargnant assurant son train de vie à la retraite. L’affaire ne sera pas indolore puisque Berne table sur des revenus supplémentaires annuels de l’ordre de 250 millions.

De l’argent pour l’Union européenne, pas pour nos aînés

A l’heure actuelle, la Suisse négocie un nouvel accord avec Bruxelles prévoyant notamment que notre pays versera chaque année une somme substantielle, des centaines de millions à tout le moins, au titre de la contribution au fonds de cohésion européen. On entendra sous peu à ce sujet que ce montant ne représente pas grand-chose compte tenu de la taille du marché européen, qu’il faut payer pour assurer notre prospérité, que nous devons bien cela à l’Union européenne compte tenu des avantages qu’elle nous concède.

Mais avant de nous soucier de ce que nous devrions à Bruxelles, ne serait-il pas judicieux de réfléchir à ce que nous devons à celle et ceux qui ont travaillé tant d’années à la prospérité commune?

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