Affligeante. Inquiétante. Presque terrifiante. Cette campagne présidentielle américaine s’achève sur l’impression amère d’une démocratie à genoux, dans un pays où la classe politique a totalement perdu l’envie de débattre. Impossible de ne pas être sidéré devant tant d’invectives, d’insultes, et d’accusations terribles.
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Donald Trump est largement responsable de cette atmosphère d’égouts politiques. Le candidat républicain s’est tout permis. Sans filtre. Au nom de la lutte contre les élites et contre les médias. Avec pour seule obsession de parler comme ses électeurs et de s’assurer un buzz maximal. Oui, Trump est le plus responsable. Cet homme a été président. Il sait ce que veut dire et ce qu’implique la conduite d’un État. Il sait que la vérité est souvent grise, et que la nuance est indispensable à la cohésion d’un pays aussi grand et divers que les États-Unis d’Amérique. Mais rien n’y fait. Trump a joué, entre 2016 et 2020, au président risque-tout. Il s’est comporté, en 2024, comme un candidat voyou.
Tombée dans le piège
Kamala Harris est, elle, tombée dans le piège. Désignée sans être passée par des primaires en bonne et due forme, vrai déficit démocratique dans un pays attaché à ce processus de sélection des présidentiables, la vice-présidente sortante achève sa campagne en combattante antifasciste, réduisant Trump à son admiration supposée de Hitler et de ses généraux. Stop! L’histoire a montré qu’une fois au pouvoir, Trump est à la fois plus prudent et mieux cerné, même si son éventuel second mandat pourrait être très différent du premier. L’insulteur en chef ne peut pas, pour l’heure, être libellé apprenti dictateur.
Voilà où nous en sommes. Les États-Unis d’Amérique, immense arsenal, terre de liberté, formidable machine à produire de la richesse et de l’innovation, offrent au monde un spectacle indigne de leur rang. Comment, par exemple, qualifier demain les dirigeants qui contesteront les résultats des élections si Donald Trump, comme il l’a promis, refuse de reconnaître son éventuelle défaite, et incite de nouveau ses partisans à s’emparer du pouvoir, comme le 6 janvier 2021 de sinistre mémoire?
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Non, un candidat à la présidence des États-Unis ne devrait pas dire ça. Il ne devrait pas traiter de «débile» au «bas QI» son adversaire. Il ne devrait pas traiter «d’escroc» l’actuel locataire de la Maison-Blanche, qui l’a battu en 2020. Et il ne devrait pas lâcher dans le débat des mots aussi connotés et funestes que «fasciste».
Espérons juste que, demain, quel qu’il soit, le président des États-Unis ne dira plus jamais ça. Oui, espérons…