La rage et l’humiliation ne peuvent pas être ensevelies sous les bombes. L’armée israélienne, qui se prépare à une intervention terrestre dans la bande de Gaza, le sait pertinemment. Depuis des décennies, une partie de ses chefs estiment que la seule politique efficace contre les méthodes terroristes du Hamas est l’assassinat ciblé de ses dirigeants.
Les généraux de Tsahal ont bien conscience que, sous les bâtiments détruits, soufflés par les explosions, des milliers de civils palestiniens vont inévitablement trouver la mort. Une partie d’entre eux, cela ne fait aucun doute, est complice des agissements du Hamas dont les bases souterraines sont cachées sous des écoles, des hôpitaux, ou autres bâtiments supposés hors d’atteinte des frappes. Mais croire que pulvériser un territoire surpeuplé grand comme un sixième du canton de Genève peut être la solution n’a juste aucun sens. L'histoire l'atteste: l’efficacité durable de la riposte militaire massive israélienne, dans un conflit aussi asymétrique et aussi ancien, n’a jamais été au rendez-vous.
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Il est donc temps, alors que les chars de l’État hébreu peuvent d’un moment à l’autre entrer dans la bande de Gaza, de réitérer cette évidence: sans alternative palestinienne crédible, le Hamas ne disparaîtra pas. Peut-être que ses combattants basés sur le territoire seront tous tués. Peut-être que leur chef militaire Mohammed Deif sera supprimé. Peut-être que leurs sanctuaires équipés de lance-roquettes seront réduits en cendres. Tout cela sera pour Israël une indispensable victoire, après la tragédie et l’horreur du déluge d’Al Aqsa lancé à l’aube, samedi 7 octobre.
Tous les Palestiniens ne sont pas des terroristes
Et après? Personne ne s’attend à une capitulation de ce mouvement armé que l’État hébreu n’est jusque-là jamais parvenu à décapiter pour de bon. La stratégie de la terreur poursuivie par le Hamas le prouve: l’horreur et l’effroi sont ses meilleures armes. Israël se retrouve terrorisé. Les dirigeants arabes n’ont pas d’autres choix que de se solidariser. Le monde musulman est tétanisé. L’Occident est pris dans l’engrenage. Les sociétés européennes, métissées, deviennent des foyers infectieux où la haine peut se propager. Vous voulez que je rallonge la liste?
Le droit d’Israël à la sécurité est total. La reconnaissance de l’État hébreu est une obligation. Le droit d’Israël à se défendre et à riposter, a fortiori lorsque des civils sont massacrés ne peut pas être contesté. Mais quelles que soient les atrocités commises par le Hamas, la cause palestinienne reste légitime.
Tous les Palestiniens, loin s’en faut, ne sont pas des terroristes. Rêver de leur imposer un régime d’apartheid, sur cette terre qui est aussi la leur, est une impasse ensanglantée. Oser penser qu’ils peuvent être éradiqués et supprimés, au nom d’une idéologie religieuse raciste, est un poison absolu pour la démocratie israélienne.
La corruption, la déliquescence et l’antisémitisme de certains dirigeants de l’Autorité palestinienne, nous explique-t-on, sont un obstacle insurmontable. Vraiment ? Que penser, alors, des fractures de la société israélienne et des responsabilités de certains de ses dirigeants. L’union nationale obtenue par Benyamin Netanyahu ces dernières heures peut-elle faire oublier les scandales de celui-ci, son affairisme, ses mensonges, son aveuglement coupable?
Désigner le Hamas comme terroriste, comme vient de le faire le Conseil fédéral, est une évidence presque trop simple. Tout doit maintenant être fait, y compris par des pays neutres comme la Suisse, pour faire rejaillir dans ce chaos la flamme d’une représentation palestinienne digne, comme cela fut le cas en 2003 avec l’initiative de Genève.
Le courage, en ces jours tragiques, est de redire que les fanatismes s’alimentent toujours. Et que la mort ne tue jamais l’espoir chez ceux qui survivent. Surtout s’ils n’ont pas d’autres perspectives que de lutter pour (espérer) exister.