Le porte-parole de l'armée israélienne Arye Sharuz Shalicar s'exprime
«La Suisse doit s'assurer qu'aucun franc supplémentaire ne tombe dans les poches des terroristes»

Après l'attaque en Isräel, des terroristes du Hamas ont capturé une centaine d'otages qui font désormais office de boucliers. Comment les forces de défense israéliennes vont-elles les sauver? Blick s'est entretenu avec le porte-parole de l'armée Arye Sharuz Shalicar.
Publié: 11.10.2023 à 13:00 heures
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Dernière mise à jour: 11.10.2023 à 13:16 heures
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L'armée israélienne a progressé vers la frontière de la bande de Gaza après l'attaque organisée par le Hamas.
Photo: Anadolu Agency via Getty Images
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Guido Felder

Après l'attaque du Hamas samedi en Israël, l'armée israélienne s'est remise du choc. Elle a fait appel à 300'000 réservistes et les a déployés autour de la bande de Gaza. Arye Sharuz Shalicar, qui a longtemps vécu en Allemagne, est aujourd'hui employé à Jérusalem comme collaborateur du gouvernement. Il fait partie des personnes convoquées. Depuis le début de la guerre, il est le porte-parole des Forces de défense (FDI).

Blick s'est entretenu avec lui par zoom sur les plans d'intervention de l'armée israélienne, le danger pour les otages et le rôle de la Suisse dans ce conflit.

Arye Sharuz Shalicar, l'armée israélienne a repris le contrôle de la clôture frontalière. Allez-vous maintenant pénétrer dans la bande de Gaza?
La clôture frontalière est relativement sous contrôle. Il reste quelques dizaines de terroristes qui se sont rassemblés près de la clôture. Pour des raisons évidentes, je ne peux pas révéler l'action future de l'armée israélienne.

Un assaut dans la bande de Gaza est-il une option?
Pour l'instant, toutes les options sont ouvertes. Cela comprend non seulement d'attaquer la bande de Gaza par les airs, mais aussi d'y pénétrer.

Comment allez-vous éviter que les otages capturés par le Hamas et la population civile palestinienne ne soient touchés lors de vos actions?
Cela fait partie du mode opératoire des organisations terroristes d'utiliser des civils ainsi que des jardins d'enfants, des écoles, des hôpitaux et des mosquées comme boucliers. Cette fois, les otages juifs israéliens en font également partie. Nous avons recueilli des informations pendant les périodes de creux et nous procédons maintenant de façon minutieuse pour atteindre les cibles de l'infrastructure terroriste.

Savez-vous où sont cachés les otages?
Les otages sont détenus comme boucliers humains loin dans la bande de Gaza, mais aussi dans les tunnels souterrains construits par le Hamas. Cela rend la situation beaucoup plus difficile pour nous, et nous en sommes conscients.

Israël a appelé les civils palestiniens à quitter la bande de Gaza en direction de l'Egypte. Combien de temps leur donnez-vous avant de frapper?
En Israël, des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes ont quitté les zones frontalières pour s'installer à l'intérieur des terres afin de permettre aux forces de sécurité sur le front de faire leur travail. Si la population installée dans la bande de Gaza suivait une stratégie rationnelle, elle aurait fait la même chose. Mais c'est le contraire qui se passe: les personnes âgées et les enfants sont détenus et utilisés comme chair à canon. C'est la raison pour laquelle nous appelons sans cesse les personnes qui n'ont rien à voir avec les opérations de guerre à se rendre dans des endroits sûrs, y compris à l'étranger.

Les civils palestiniens sont-ils autorisés à entrer en Israël?
C'est impensable pour le moment. Nous ne savons pas qui pourrait s'y glisser. Rappelez-vous que nous sommes en guerre contre deux organisations terroristes.

La destruction du Hamas fait-elle partie des objectifs?
Le Hamas et le Hezbollah ne vont pas se volatiliser du jour au lendemain. Ce sont de grosses armées terroristes avec des dizaines de milliers de combattants islamistes radicaux armés jusqu'aux dents, qui ne craignent pas non plus d'entrer dans l'histoire en tant que martyrs. Mais nous savons qu'en fin de compte, il n'y aura pas d'autre solution que de montrer la voie à ces organisations terroristes. Nous devrons les mettre à genoux. Chaque membre est dans le viseur de l'armée israélienne et leur infrastructure est désormais en cours d'élimination par les airs.

Peut-on comparer le Hamas à l'organisation terroriste islamiste de l'État islamique (EI)?
Avant samedi, je n'aimais pas faire cette comparaison. Mais après avoir vu la façon dont ils traversent les villes israéliennes en pick-up, masqués et lourdement armés, comme ils enlèvent et assassinent des enfants en bas âge et des femmes âgées et présentent leurs otages en criant solennellement Allahou Akbar, la comparaison avec l'EI se fait hélas très, très facilement.

L'attaque de samedi a été une surprise. Les services secrets israéliens ont-ils échoué à la voir venir?
Si une invasion a pu être aussi réussie du point de vue du Hamas, il est légitime de se poser la question. Mais ce n'est pas le moment de mener des enquêtes bureaucratiques. Pour l'instant, nous sommes en pleine guerre. Nous pensons avant tout aux nombreux cadavres, blessés et otages, qui rendent la question d'échec ou de non-échec de certains services inappropriée en ce moment.

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«Les terroristes développent leurs propres roquettes et drones dans la bande de Gaza. C'est tout ce qu'ils font de leur journée. Ils ne savent rien faire d'autre»
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Comment les roquettes sont-elles arrivées dans la bande de Gaza?
Il y a dix ans, le Hamas dépendait encore d'ingénieurs venus d'Iran et d'ailleurs. Aujourd'hui, les terroristes peuvent développer leurs propres roquettes et drones dans la bande de Gaza. C'est tout ce qu'ils font de leur journée. Ils ne savent rien faire d'autre.

Et qui finance cela?
Le Qatar et l'Iran apportent beaucoup d'argent au Hamas et au Djihad islamique. Une partie des contributions à l'aide aux Palestiniens en provenance d'Europe va également dans les poches des terroristes et dans l'infrastructure terroriste.

Qu'attendez-vous de l'Iran? Le pays va-t-il s'en tenir aux livraisons d'armes au Hamas, ou va-t-il intervenir lui-même dans la guerre?
J'espère que le régime des mollahs et le Hezbollah prendront en compte les avertissements d'Israël. J'ose espérer qu'ils ne se joindront pas à la terreur du Hamas et qu'ils déposeront les armes. C'est dans leur propre intérêt.

L'armée israélienne est-elle soutenue par des soldats de l'étranger?
Des légionnaires étrangers n'ont jamais combattu aux côtés de l'armée israélienne. Et cela n'arrivera pas: Israël veut résoudre ces conflits seul.

Quelles attaques sont encore à attendre en Israël?
La propagande du Hamas tente d'inciter les Arabes musulmans vivant en Israël à faire régner la terreur. Il est fort possible qu'il y ait encore des incidents ici et là. Nous gardons les yeux ouverts et nous sommes prêts à réagir.

Que peut ou doit faire la Suisse dans ce contexte?
La première chose importante est la solidarité. C'est rassurant de savoir que les Etats occidentaux démocratiques, leur politique et leur population sont à nos côtés. L'autre chose est de s'assurer qu'aucun franc supplémentaire ne tombe dans les poches des assaillants. Comment une organisation terroriste aurait-elle pu autrement creuser un si grand réseau de tunnels sur un territoire relativement restreint, et construire des roquettes destinées à détruire Tel Aviv et Jérusalem?

Quand la situation se calmera-t-elle, selon vous?
Cela peut prendre encore des semaines, voire des mois. Nous n'avons pas une période facile qui nous attend.

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