Certains clichés ne sortent pas de nulle part. C’est un fait: nos cousins alémaniques sont plutôt précis et rationnels, alors que nous, les Welsches, sommes parfois brumeux et souvent guidés par nos émotions. C’est en grande partie ce qui explique ce beau Röstigraben sur l’initiative «Maximum 10% du revenu pour les primes d’assurance-maladie».
À lire aussi
Outre-Sarine, à l’exception de sept cantons de Suisse centrale, on aurait également profité d’un allégement des primes, mais, par principe, on n’aime pas trop valider des destinations sans connaître le chemin à emprunter et les conséquences qu’il implique. Cette prudence s’illustre dans des concepts qui «rassurent», comme le frein à l’endettement (qui freine malheureusement à peu près tout), et elle se retrouve dans les urnes, comme en 1992 avec l’EEE. Il y a bien sûr quelques «accidents de parcours» — on mentionnera l’acceptation de la 13ᵉ rente AVS, mais ceux-ci sont assez rares.
C’est rageant de se dire que les primes vont continuer à augmenter à la même vitesse que notre machine de santé vorace, rongeant inexorablement notre pouvoir d’achat. Mais il faut reconnaître que l’acceptation de l’initiative aurait été un oreiller de paresse, repoussant un débat que n’abordait pas l’initiative du PS et qu’il nous faudra bien livrer: celui sur la future organisation de notre système de santé, ainsi que son financement. Peut-être la mère de toutes les batailles pour la Suisse.
De la poche droite à la gauche, une politique stérile
Il faut désormais retrousser nos manches, plutôt que de se contenter de faire passer l’argent d’une poche à l’autre du pantalon. Cette dernière méthode ne sert que des desseins politiques — ici ceux de la gauche, mais elle ne règle généralement pas le problème de fond. La gauche va devoir prendre acte du fait que l’argent ne pousse pas sur les arbres, mais la droite, prompte à défendre toutes celles et ceux qui s’enrichissent tels des ogres sur le dos de notre système de santé, va également devoir faire de gros efforts pour sortir du clientélisme.
Soins intégrés, médecine préventive, prix des médicaments, valeur que nous accordons à la vie humaine: le champ de réflexion est vaste, la tâche herculéenne, mais on ne peut pas continuer à poser des sparadraps sur notre système de santé. Celui-ci mérite une vaste opération. Ça serait quand même un peu dommage que nous mourrions tous en pleine santé, mais pauvres comme des cons.