Commentaire d'Antoine Hürlimann
Le Conseil d'État doit soutenir sa soldate Valérie Dittli

Embourbée dans des polémiques, la conseillère d'État Valérie Dittli a été lâchement oubliée par ses collègues de l'Alliance vaudoise, estime notre journaliste. La droite doit maintenant se mouiller et défendre celle qui lui a redonné la majorité à l'Exécutif cantonal.
Publié: 09.03.2023 à 20:12 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2023 à 12:08 heures
La Centriste Valérie Dittli, plus jeune membre du Conseil d'État vaudois, est empêtrée dans ce qu'il convient désormais d'appeler «l'affaire Dittli». Et jusqu'ici, ses alliés du PLR au gouvernement n'ont pas levé le petit doigt pour elle.
Photo: KEYSTONE
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Le Conseil d’État vaudois nous propose, depuis plusieurs jours, une démonstration inégalable de couardise. Alors que sa plus jeune ministre, Valérie Dittli, a la tête sous l’eau à cause de polémiques sur sa situation fiscale et sur sa thèse universitaire, aucun de ses alliés de droite au gouvernement — à qui elle a redonné la majorité l’année dernière — ne bouge le petit doigt pour la sauver de la noyade.

Résumons brièvement les faits. Valérie Dittli, élue en 2022 à l'Exécutif cantonal, vit à Lausanne depuis 2016, y a travaillé et s'y est engagée en politique. Mais selon une enquête de la RTS, l'élue du Centre a conservé son domicile principal à Zoug et n'a donc jamais été taxée en terres vaudoises.

Une seconde polémique enfle

La controverse s'arrête là? Non! La conseillère d’État a à peine eu le temps de nier toute forme de fraude et d’assurer que, comme beaucoup d’étudiantes et d’étudiants, elle aurait simplement conservé son domicile fiscal dans son canton d’origine le temps de stabiliser sa situation professionnelle, que le ciel lui est à nouveau tombé sur la tête. Dans les colonnes de «24 heures», cette fois.

Tandis qu’elle se présente comme docteure en droit, y compris sur sa page officielle de l’État de Vaud, le grand quotidien vaudois révèle qu’elle n’a pas déposé sa thèse, même si elle l’a soutenue avec succès durant l’été 2021. Conséquence: elle ne serait pas autorisée à porter le titre qu’elle arbore fièrement.

Sans surprise, au sein de l’opposition, les appels à la démission se multiplient. Mais pas seulement. Des voix — moins loufoques — se sont élevées mardi à la gauche du Grand Conseil pour réclamer une expertise fiscale indépendante afin de faire toute la lumière sur le premier volet qui concerne la ministre des Finances. Une demande entendue par le gouvernement, qui annonce ce jeudi 9 mars dans un communiqué qu’un expert genevois procédera à un examen du domicile fiscal de l'intéressée avant son entrée en fonction.

Christelle Luisier doit prendre ses responsabilités

Ne péchons pas par naïveté. Que le Parti socialiste, à qui Valérie Dittli a piqué un siège, saisisse l’occasion pour mettre un bon coup de latte dans la fourmilière, c’est le jeu (politique), ma pauvre Lucette. Mais le fait que ses trois alliés du Parti libéral-radical (PLR) à la barre du Canton — Christelle Luisier, Isabelle Moret et Frédéric Borloz — se murent dans un silence de poltrons et la laissent se dépatouiller toute seule donne la nausée.

Bien sûr, on comprend la stratégie du gouvernement de Christelle Luisier. En se refusant à tout commentaire pour l’instant, le collège ne veut pas faire de ce qu’il faut désormais appeler «l’affaire Dittli» une affaire d’État. Mais cette nouvelle majorité de droite ne peut pas oublier ce qu’elle doit à la Zougoise d’origine.

La présidente du Conseil d’État doit maintenant prendre ses responsabilités. Et pas seulement par altruisme: si la fragilisée Valérie Dittli tombe, c’est toute l’Alliance vaudoise — et donc la droite — qui s’écroulera avec. Pas à cause de scandales avérés ou supposés, non. Mais à cause du manque flagrant de courage des ministres du PLR, visiblement capables d’abandonner les leurs dans la tempête sans se retourner.

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