Il y a, depuis le week-end dernier, une affaire Valérie Dittli. La ministre vaudoise des finances aurait conservé son domicile fiscal à Zoug, plus avantageux, alors même qu’elle était déjà lausannoise. La gauche s’indigne et demande sa démission.
Or, que reproche-t-on à Madame Dittli? D’avoir accordé sa vie avec ses principes? D’incarner son idéologie? D’être conséquente avec sa détestation de la collectivité en général et de l’impôt en particulier? Après tout, n’illustre-t-elle pas – avec un certain brio, avec une certaine sémillance – la doctrine de l’Alliance vaudoise? N’est-ce pas, justement, ces demi-magouilles, ces petits arrangements, qu’ont plébiscité les électrices et les électeurs qui l’ont portée au pouvoir?
En accord avec la destruction des anciennes solidarités
Madame Dittli a été présentée à la presse comme une marchandise nouvelle dans le circuit de la consommation: innovante, performante, parfaitement usinée pour l’administration du capital, tout à fait en accord avec l’époque – c’est-à-dire avec la prédation néo-libérale généralisée, avec la destruction méthodique de l’État Providence et des anciennes solidarités. Pourquoi voudrait-on s’en débarrasser dès lors qu’elle tient ses promesses? Dès lors qu’elle se révèle être ce qu’elle a toujours annoncé qu’elle était?
Le PS fautif d'avoir mené une campagne fantôme
Les Jeunes Socialistes demandent sa démission. Mais ils n’auraient pas besoin de se donner tant de peine si leurs aîné-e-s — qu’ils ont soutenu, au lieu de favoriser d’autres formations de gauche — avaient mené une vraie campagne politique, au lieu d’une campagne fantôme, dont l’acmé fut sans doute d’avaler des malakoffs à Sainte-Croix ou de pomper du rosé dans les Alpes vaudoises.
Madame Dittli n’est que la conséquence directe de la tiédeur et de la frivolité socialistes, qui ne flirtent avec la radicalité qu’une fois tous les quatre ans, à l’approche des élections fédérales. Pour passer les quatre années suivantes, béats, à becter les petits-fours.
Madame Dittli peut même remettre son lieu de résidence à Zoug ou encourager les contribuables vaudois à pratiquer l’optimisation fiscale; et pourquoi pas au Panama, où il y a quand même plus de jours de soleil qu’en Suisse centrale. Il est même préférable que Madame Dittli reste, à la vue des Vaudoises, des Vaudois — comme le stigmate obscène de son idéologie. Madame Dittli n’est pas une criminelle, ni une exception; c’est seulement tout le capitalisme ordinaire qui commence à puer.