Alors que la polémique autour d'un prétendu «tourisme fiscal» continue de faire jaser, Valérie Dittli doit faire face à une nouvelle vague de révélations. En cause: son titre de docteure en droit, qu'elle affiche notamment sur les réseaux sociaux, mais qu'elle n'aurait pas le droit de porter.
La charge vient de «24 heures» de ce côté-ci de la Sarine, ainsi que du «Tages-Anzeiger»: la conseillère d'État a certes achevé sa thèse, qu'elle aurait même défendue avec succès à l'été 2021. Mais elle ne l'aurait pas encore publiée, ni mis des exemplaires à disposition de la Bibliothèque cantonale universitaire (BCU) de Lausanne.
Sans publication, pas de thèse
Or, c'est une condition sine qua non pour porter le titre de docteur. Le règlement de l'Université de Lausanne est clair: il faut impérativement publier sa thèse pour recevoir le titre. L'institution ne délivre le diplôme de doctorat que lorsque toutes les formalités sont remplies, ce qui n'est clairement pas le cas ici.
Le hic, c'est que lorsque Valérie Dittli a fait acte de candidature au Conseil d'État, en 2022, elle s'est présentée comme titulaire d'un doctorat en droit — bien que les bulletins ne comportaient que la mention de «juriste». Sur le site internet de son département, elle se désigne comme docteure en droit.
Incohérences autour du Fonds national
Le directeur de thèse de Valérie Dittli, le professeur de droit Denis Piotet, n'explique pas le fait que le travail de la Zougoise d'origine ne se trouve pas à la BCU, après bientôt deux ans. «Contacter les maisons d'édition, demander des offres et solliciter le cas échéant une subvention pour les frais, cela prend du temps», note-t-il toutefois, sans vouloir prendre position sur ce retard.
Les épisodes précédents
Ce nouveau volet vient s'ajouter à l'affaire fiscale, loin d'être terminée. Car Valérie Dittli semble s'embourber chaque jour un peu plus, après les révélations de «Forum», l'émission de la RTS, vendredi soir. Ainsi, comme le souligne le «Tages-Anzeiger», la grande argentière vaudoise a affirmé avoir été doctorante à l'UNIL à 50% entre 2016 et 2020, mais avoir travaillé chez elle à Oberägeri (ZG). Elle aurait complété son pensum par un autre 50% en parallèle, pour un projet du Fonds national suisse (FNS), la traduction du français à l'allemand d'un commentaire juridique sur la protection des adultes.
Elle se mure dans le silence
Seulement voilà: elle n'a jamais reçu d'argent du Fonds national, de l'aveu même du professeur de droit Philippe Meier, responsable du projet: «Elle était employée à 100% par l'Université. Elle a pu consacrer la moitié de son temps de travail à sa thèse, rédigée sous la direction de Denis Piotet.»
Le média alémanique a contacté Valérie Dittli dès lundi pour la confronter, tout comme son chef de la communication, à ces nouveaux éléments. Malgré l'insistance du «Tages-Anzeiger», le Département des finances a fait savoir mardi soir qu'une prise de position n'était pas possible pour le moment.