Valérie Dittli a-t-elle mal agi avec des allers-retours de son domicile fiscal entre le canton de Zoug et le canton de Vaud? Les révélations de l'émission «Forum», vendredi, ne laissent personne indifférent: toute la Suisse politique y va de son analyse.
La principale concernée, elle, riposte: après s'être un peu maladroitement défendue dans un premier temps sur le plateau de la RTS radio, la ministre vaudoise des Finances a annoncé à Blick qu'elle allait faire analyser toute sa situation par un expert. «Confiante», Valérie Dittli assure avoir tout fait dans les règles, surtout dans un domaine, le droit fiscal, lui tenant à cœur puisqu'il s'agit de son environnement professionnel.
La stratégie de défense de la Zougoise d'origine ne séduit pas la gauche, puisque les Jeunes socialistes vaudois vont jusqu'à demander sa démission. «Fuir fiscalement le canton dans lequel on décide de s’engager politiquement n’est pas digne d’une conseillère d’État», estiment les jeunes pousses du PS dans un communiqué. Le président du PSV, Romain Pilloud, parle pour sa part d'un «tourisme fiscal».
Un «acharnement politique»?
Toute la gauche n'est pourtant pas unie contre Valérie Dittli. La conseillère d'État vaudoise peut compter sur le soutien d'une élue au Grand Conseil valaisan: Magali Di Marco. Sur Twitter, l'écologiste se dit «dégoûtée» par ce qu'elle qualifie d'«acharnement politique» contre l'ex-présidente du Centre Vaud.
«Toutes les personnes qui ont étudié dans un autre canton font ça, argumente l'ancienne triathlète. Avant d’avoir une vraie situation professionnelle stable on garde son domicile fiscal dans son canton de domicile.» La Valaisanne craint que la polémique visant Valérie Dittli ne dégoûte «bon nombre de candidats atypiques» de s'engager en politique, comme les jeunes et les femmes.
Peut-on, comme l'a plaidé la ministre vaudoise des Finances à la radio, choisir à la carte son domicile fiscal là où l'on estime soi-même que se trouve son «centre de vie»? L'argumentaire de Valérie Dittli a été sévèrement taclé par Fabien Liégeois, sur les mêmes ondes. «Le centre des intérêts vitaux figure dans la jurisprudence et il est purement objectif», a expliqué l'avocat et expert fiscal.
Des économies, vraiment?
Il ne s'agit pas là de gros sous. Tandis que la RTS a évoqué un montant de 20'000 francs que Valérie Dittli aurait économisé grâce à son domicile fiscal à Oberägeri, d'autres calculs montrent qu'en raison de son petit salaire de doctorante puis d'avocate-stagiaire, la jeune femme de 30 ans aurait payé davantage d'impôts en conservant ses papiers dans son canton d'origine plutôt qu'en les déposant dans le canton de Vaud, là où elle était active politiquement.
Ce qui passe moins bien, c'est le fait que Valérie Dittli ait fait la démarche active de déposer à nouveau ses papiers à Zoug, après avoir échoué à se faire élire lors des élections municipales, en 2021. La Zougoise s'est une nouvelle fois défendue sur les ondes de la RTS, ce lundi. «Si j’avais su à l'époque que quelques mois plus tard j’allais pouvoir me porter candidate au Conseil d’État puis être élue, je n'aurais peut-être pas remis mon domicile à Zoug», a déclaré la ministre vaudoise des Finances au micro de Simon Matthey-Doret.
Mais les internautes sont taquins — sur Twitter, plusieurs interviews données par Valérie Dittli ont refait surface et viennent affaiblir la nouvelle ligne de défense de la Centriste. Ainsi, en 2021, la jeune femme expliquait à «La Télé»: «Je suis venue à Lausanne il y a dix ans et je ne suis jamais repartie, car j'adore cette ville.»
Plus tard, une fois élue au Conseil d'État, elle assurait à «L'illustré» «se sentir Vaudoise» grâce à son ami Kevin et sa belle-famille qui l'a adoptée. Son retour fiscal à Zoug alors qu'elle vivait à Lausanne et qu'elle y a su brillamment se faire élire n'a donc pas fini de faire jaser.