Je me dois d’être très précis. Le 7 octobre 2023, des djihadistes du Hamas ont attaqué des villages et des casernes au sud d’Israël. Ils ont commis des crimes atroces que rien n’excuse, tué 1300 personnes, enlevé des otages. Israël a réagi le soir même, déclarant la guerre au Hamas. Parallèlement, Israël a déclenché une guerre d’anéantissement contre la population civile du ghetto de Gaza, contre des femmes et des enfants sans liens avec le Hamas. Ces massacres israéliens sont un véritable génocide qui dure depuis six mois. Le bilan est effroyable: 43'000 personnes tuées par l’armée israélienne, 280'000 blessés graves et encore 10'000 personnes restées sous les décombres (70% de femmes et d’enfants).
Ce génocide délibéré se nourrit de racisme. Eli Cohen, alors ministre israélien des Affaires étrangères, déclarait le 23 octobre dernier devant les Nations unies: «Nous luttons contre des animaux.» Prendre des enfants de Gaza pour des animaux, les affamer avec le blocus, les priver d’eau et de médicaments, détruire massivement des hôpitaux, des écoles, des quartiers d’habitation est innommable. Selon les médecins du CICR toujours sur place, les amputations et opérations se font sans anesthésie! La souffrance est incommensurable. Les Nations unies sont pourtant incapables de contraindre le gouvernement israélien en place, raciste et colonial, de cesser le massacre et de proclamer un armistice immédiat.
La complicité suisse est honteuse
La totale impuissance de l’ONU s’accompagne pour moi de la honte que m’inspire la politique du Conseil fédéral. La Suisse mène une collaboration militaire intense avec les racistes israéliens. La Suisse développe, via Ruag et le fabricant d’armes Elbit Systems, multinationale israélienne basée à Haïfa, un drone de combat baptisé Hermès 900, doté de technologie suisse, financé par de l’argent suisse, qui assassine les enfants de Gaza. Nos impôts tuent des enfants!
La Suisse est dépositaire des Conventions de Genève, qui garantissent en principe le droit humanitaire international. La Convention n° 4 stipule expressément l’obligation pour l’Etat dépositaire de la convention, en cas de violation massive du droit humanitaire – ce qui est le cas –, non seulement de dénoncer cette violation, mais de convoquer une conférence internationale avec toutes les parties signataires pour rechercher des moyens de mettre un terme à ces violations.
Or le conseiller fédéral Ignazio Cassis refuse d’agir. En cela, il viole le droit international et accepte silencieusement, à cause de cette collaboration militaire avec Israël, le génocide en cours à Gaza. Pour notre pays, c’est une honte totale. L’inaction de ce conseiller fédéral me révolte. Elbit Systems possède un bureau à Berne depuis 2019. Des millions de francs lui ont été versés pour développer le système de communication de l’armée suisse, ce qui selon moi explique la paralysie totale du Conseil fédéral.
«C’est Israël qui gouverne à Berne»
J’ajoute que dans ce pays libre qu’est la Suisse, toutes les interventions aux Chambres fédérales, toutes les manifestations et protestations possibles ont été bloquées, refusées par ce Conseil fédéral. Le conseiller aux Etats genevois Carlo Sommaruga (PS) le dit sans détour: «C’est Israël qui gouverne à Berne. Comment pourrais-je me taire?»