Après 6 mois de bombardements
Pourquoi la guerre à Gaza pourrait durer encore longtemps?

Six mois après l'attaque du Hamas, Israël prépare une offensive à Rafah, tout en retirant une partie de ses troupes. La situation à Gaza est catastrophique avec plus de 33'000 victimes. La moitié des immeubles est détruit et près de 1,7 million de personnes déplacées.
Publié: 10.04.2024 à 06:08 heures
Une partie de l'armée israélienne présente dans la bande de Gaza s'est retirée de la zone. Toutefois, Tsahal prévoit une offensive sur la ville de Rafah dans ces prochains jours.
Photo: DUKAS
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Myrte Müller

Les dernières nouvelles font naître l'espoir d'une fin prochaine des combats. Israël retire une grande partie de son armée de Gaza. Mais les conséquences de ce retrait ne sont toutefois pas tout à fait claires.

À côté de cela, les protestations sont grandissantes en Israël contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Et l'Egypte laisse entrevoir des négociations fructueuses pour un cessez-le-feu, alors que le Nicaragua a déposé ce mardi une requête devant la Cour internationale de justice pour demander de stopper la vente d'armes allemandes à l'Etat hébreu. Mais la fin du conflit est-elle vraiment imminente? Blick explique en cinq points pourquoi les signes pourraient aussi être trompeurs.

Quelle est la situation à Gaza après six mois de bombardements?

Plus de 56% des bâtiments de la bande de Gaza ont été détruits, environ 1,7 million de personnes ont été déplacées. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 33'000 personnes ont été tuées par l'armée israélienne et 76'000 blessées. Selon Israël, 13'000 combattants du Hamas ont été tués, dont 113 de ses dirigeants.

La famine règne à Gaza, le système de santé a été complètement anéanti et l'approvisionnement en aide humanitaire reste catastrophique. Le Hamas continue de tirer des roquettes de manière sporadique sur Israël. Benjamin Netanyahu a décidé de retirer une partie de ses troupes déployées sur place, mais prévoit toujours une offensive à Rafah. Une unité serait encore sur place pour maintenir un corridor entre le nord et le sud.

Combien d'otages sont encore à Gaza?

On ne connaît pas le nombre exact. Le 7 octobre, les combattants du Hamas ont enlevé 253 personnes. Jusqu'à présent, 109 d'entre elles ont été libérées. Parmi les otages restants, 34 sont probablement morts, selon les informations d'Israël.

Pour le gouvernement israélien, un cessez-le-feu n'est envisageable qu'après la libération de tous les otages. Cette question est actuellement négociée avec l'aide de l'Egypte, du Qatar et des Etats-Unis. Le week-end dernier, les médias égyptiens ont annoncé un potentiel accord sur un cessez-le-feu.

Mais parallèlement, l'espoir s'amenuise au sein de la population israélienne. Des manifestations de masse ont lieu régulièrement. Rien que dimanche, 100'000 personnes sont descendues dans la rue pour demander la libération des otages et s'opposer au gouvernement de Benjamin Netanyahu.

La fin de la guerre à Gaza est-elle prévue?

Israël n'a pas encore atteint ses objectifs de guerre, c'est-à-dire anéantir le Hamas selon ses propres termes. L'armée a certes retiré une partie de ses troupes, mais elle prépare une nouvelle offensive terrestre dans la ville de Rafah. «Nous ne sommes plus qu'à un pas de la victoire», a déclaré Benjamin Netanyahu lors d'une allocution ce dimanche. 

Des initiés critiquent Benjamin Netanyahu, notamment parce que cette guerre serait menée pour des raisons personnelles, afin de rester en place et de faire traîner les procédures de corruption à son encontre. Mais le chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, souligne que «la guerre se poursuit à Gaza» pour éliminer «les terroristes».

Au Caire, les pays médiateurs – Qatar, Egypte, Etats-Unis – ont mis sur la table une nouvelle proposition en trois étapes dont la première prévoit une trêve de six semaines, a indiqué lundi soir une source du Hamas. Disant «souhaiter» un accord, le mouvement palestinien a indiqué dans un communiqué ce mardi qu'Israël «n'avait répondu à aucune» de ses demandes. «Malgré cela, la direction du mouvement étudie la proposition (...) et informera les médiateurs de sa réponse», a ajouté le Hamas, à la veille de l'Aïd al-Fitr, la fête marquant la fin du mois du ramadan sacré pour les musulmans.

Outre un cessez-le-feu de six semaines, la proposition prévoit dans un premier temps la libération de 42 otages en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël. Mais aussi l'entrée de 400 à 500 camions d'aide alimentaire par jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza, selon la source au sein du Hamas. Le groupe armé souhaite un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de l'ensemble du territoire palestinien. Le mouvement palestinien demande finalement une augmentation importante des aides, dont l'acheminement par voie terrestre est strictement contrôlé par Israël qui assiège la bande de Gaza depuis le 9 octobre, territoire sous blocus depuis plus de 16 ans.

Quel est l'avenir à Gaza?

Peu de certitude quant à l'avenir de la population. Même si un cessez-le-feu devait être conclu, le futur sera dramatique pour Gaza. Le gouvernement israélien n'envisage pas la solution à deux Etats proposée par les Etats-Unis et d'autres pays. Gaza serait probablement occupée militairement, même repeuplée par des Israéliens, comme le réclame l'ultra-droite de la coalition. Les Palestiniens pourraient être expulsés par milliers de ce territoire.

Que va-t-il se passer en Israël?

Aucune paix n'est en vue. Car en Israël, la guerre se poursuit sur un autre front. L'une des raisons du retrait de l'armée de Gaza pourrait être une mobilisation contre le Hezbollah au Liban. L'Etat hébreu a d'ailleurs déployé pour la première fois son nouveau «Dôme de fer» des mers ce mardi.

Israël est en état d'alerte maximum après que l'Iran a annoncé des représailles à l'attentat contre le site de l'ambassade iranienne à Damas, en Syrie. Lundi dernier, sept gardes révolutionnaires de haut rang avaient été tués dans une attaque à la roquette. En Israël, les protestations contre le gouvernement sont toujours plus importantes. Les personnes réclamant de nouvelles élections rapides, une solution à deux Etats et un revirement de la politique de colonisation se font davantage entendre.

(Avec l'AFP)

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