Imperméable aux pressions
Netanyahu compte bien attaquer Rafah... et personne ne pourra l'arrêter

Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche sa détermination à mener une attaque terrestre à Rafah. Le Premier ministre israélien se montre ainsi imperméable aux inquiétudes émanant de l'international. Pendant ce temps, la guerre fait toujours rage dans la bande de Gaza.
Publié: 17.03.2024 à 16:15 heures
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Dernière mise à jour: 17.03.2024 à 16:24 heures
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, malgré les inquiétudes de la communauté internationale pour les quelque 1,5 million de personnes entassées dans cette ville du sud de la bande de Gaza assiégée.
Photo: keystone-sda.ch

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, malgré les inquiétudes de la communauté internationale pour les quelque 1,5 million de personnes entassées dans cette ville du sud de la bande de Gaza assiégée. Ces dernières 24 heures, plus de 90 Palestiniens dont douze d'une même famille ont été tués dans les raids aériens israéliens incessants qui ont touché plusieurs secteurs de la bande de Gaza dont Rafah, a indiqué le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Plus de cinq mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque sanglante de ce mouvement, le bilan humain ne cesse de s'alourdir dans le territoire palestinien avec 31'645 morts depuis le 7 octobre d'après le Hamas et la menace d'une famine généralisée selon l'ONU. Benjamin Netanyahu a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste au même titre que les Etats-Unis et l'Union européenne. 

Netanyahu persiste et signe: «Nous agirons à Rafah»

Avant une réunion de son cabinet de sécurité en fin de journée axée sur les négociations sur une trêve humanitaire, Benjamin Netanyahu a rejeté les pressions de la communauté internationale. «Aucune pression internationale ne nous empêchera d'atteindre tous les objectifs de notre guerre (...) Nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines mais cela aura lieu», a-t-il lancé selon ses services. Vendredi, il a approuvé d'après son bureau «les plans d'action» de cette offensive, impliquant une «évacuation de la population». «Au nom de l'humanité, nous appelons Israël à ne pas aller de l'avant» dans son opération contre Rafah, a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Du côté des Etats-Unis, le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Shumer, a appelé à de nouvelles élections en Israël, qualifiant notammant Benjamin Netnyahu «d'obstacle pour la paix.» Une prise de position saluée vendredi par le président des Etats-Unis Joe Biden. En guise de réponse, Benjamin Netanyahu a dénoncé samedi l'appel du senateur américain, le qualifiant de «complètement déplacé», dans une interview à la chaîne CNN. «Nous ne sommes pas une république bananière», a-t-il ainsi déclaré.

Douze membres d'une même famille tuées à Deir al-Balah, selon le Hamas

La plupart des 1,7 million de déplacés de la guerre selon l'ONU ont trouvé refuge à Rafah, ville palestinienne collée à la frontière fermée de l'Egypte et quotidiennement bombardée par l'armée de l'air israélienne. Avant l'aube, les raids ont été intenses à Deir al-Balah dans le centre, à Gaza-Ville dans le nord et à Khan Younès et Rafah dans le sud, d'après des témoins. Des combats ont opposé soldats israéliens et combattants palestiniens dans plusieurs secteurs. Au moins 92 Palestiniens ont été tués en majorité des civils, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas.

Parmi eux, selon lui, 12 membres de la famille Thabet dont l'habitation a été détruite à l'aube par les bombes à Deir al-Balah. Leen Thabet raconte en pleurant que sa cousine a été tuée dans la frappe. «Elle est morte. Il ne reste que sa robe», dit la fillette en montrant une robe blanche sortie des décombres. «Que veulent-ils de nous? Il n'y a plus d'enfants à Gaza!» L'armée israélienne a elle affirmé avoir tué depuis samedi «18 terroristes» dans le centre de Gaza.

Le navire d'Open Arms a déchargé sa cargaison à Gaza

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, durant laquelle au moins 1.160 personnes ont été tuées la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de sources officielles. D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours retenues à Gaza, dont 32 seraient mortes. En représailles, Israël a lancé une campagne aérienne massive contre Gaza, suivie 20 jours plus tard d'une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d'avancer du nord au sud de ce territoire d'environ 40 km de long et 10 de large.

Face à la guerre dévastatrice, les médiateurs – Etats-Unis, Qatar, Egypte – tentent de parvenir à une nouvelle trêve après celle de fin novembre. En vain. Le cabinet de sécurité devrait déterminer dimanche le «mandat» de la délégation israélienne qui doit se rendre à Doha pour de nouvelles discussions. Le Hamas s'est dit prêt, dans une nouvelle proposition, à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages – femmes, enfants, personnes âgées et malades – pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens contre chaque otage relâché. Il réclame aussi «le retrait de l'armée des villes et zones peuplées», le «retour des déplacés» et l'entrée de 500 camions d'aide par jour à Gaza, selon un de ses cadres.

Israël contrôle l'entrée des aides terrestres à Gaza, qui restent très insuffisantes au regard des besoins immenses des 2,4 millions d'habitants dont la grande majorité sont menacés de famine selon l'ONU. Parti de Chypre, un bateau de l'ONG espagnole Open Arms transportant 200 tonnes de vivres de l'organisation World Central Kitchen a déchargé sa cargaison à Gaza qui doit être encore distribuée. Un deuxième bateau d'aide est prêt à partir, selon Chypre. En outre, plusieurs pays arabes et occidentaux poursuivent le parachutage de la nourriture sur Gaza.

(AFP)

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