La Russie massacre l’Ukraine. Cette phrase simple, directe, devrait être employée dans chaque article sur les horreurs de la guerre déclenchée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine. Car c’est bien d’un massacre qu’il s’agit, comme vient de le prouver la frappe de missiles russes sur la ville de Poltava, à mi-chemin entre Kiev et le front du Donbass.
La stratégie du Kremlin est en effet limpide: casser par tous les moyens les infrastructures du pays, alors que l’armée russe progresse dans la région de Pokrovsk et autour d’Avdiivka, deux villes clés de l’oblast de Donetsk encore sous contrôle ukrainien. Et casser, partout dans l’arrière-pays, les infrastructures (énergie, télécommunications…) qui permettent encore au pays de tenir dans ce conflit inégal.
Pourquoi employer le mot massacre? Parce qu’il correspond à la réalité, sur le champ de bataille comme ailleurs, partout où les missiles et les bombes planantes russes peuvent semer la désolation et la mort. 51 personnes, à l’heure d’écrire ces lignes, ont été tuées ce mardi 3 septembre à Poltava.
Un centre d’instruction militaire était visé, mais un hôpital a été touché. Et demain? Une tragédie de ce type se reproduira à coup sûr. Casser l’Ukraine par tous les moyens, pour mettre à genoux le pays et sa société, est un objectif dont le Kremlin ne se cache même pas. D’autant que, pour le moment, les Ukrainiens contrôlent toujours, dans la région frontalière russe de Koursk, une poche d’environ 1200 kilomètres carrés.
Missiles occidentaux
Continuer, dans ces conditions, d’interdire l’utilisation de missiles occidentaux à longue portée contre des cibles militaires russes en Russie n’a pas de sens. Pis: mettre en garde le président Zelensky et son État-Major contre le risque d’un engrenage revient à insulter le peuple que l'on affirme vouloir sauver.
La panoplie de renseignements technologiques occidentaux permet en effet de savoir d’où sont tirés les missiles russes qui détruisent les centrales électriques et les sites civils.
Ne rien faire revient donc à attendre, les bras croisés, les images d’autres scènes d’horreurs pendant que Vladimir Poutine, qui s’apprête à recevoir des dirigeants asiatiques et africains participer au sommet de Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe, laisse son entourage parler de possibles pourparlers de paix.
L’évidence impose donc aux soutiens occidentaux de Kiev de changer de discours et de tactique. Museler l’Ukraine et lui interdire de frapper à son tour, au-delà de quelques dizaines de kilomètres sur le territoire russe, n’aboutit à rien d’autre qu’à permettre au Kremlin de tirer le plus d’avantages possibles de la supériorité numérique de son armée et de ses arsenaux.
Trop peu et trop tard
La condition d’une initiative diplomatique, indispensable et souhaitable, ne peut pas consister à jeter en pâture un peuple agressé, sans lui permettre de réagir. Laisser Vladimir Poutine poursuivre ses massacres à l’intérieur de l’Ukraine ne fait que conforter sa conviction de dictateur impitoyable pour qui les pertes en vies humaines ne comptent pas. Et pour qui les démocraties perdront toujours parce qu’elles réagissent trop peu. Et surtout trop tard.